Pétrole
Le bon coup de Saddam Hussein
Un dollar de plus par baril de pétrole. Voilà ce qu'a, selon certains analystes, coûté le remue-ménage de ces derniers jours dans le Golfe arabo-persique autour de l'Irak. Viennent s'ajouter à cela les informations selon lesquelles Bagdad s'apprêterait la semaine prochaine à annoncer la suspension de ses exportations de pétrole, environ trois millions de barils jours. La menace irakienne s'explique par le refus de Bagdad de rembourser les compagnies des pétrole koweïtiennes, au titre des dommages de guerre, d'une somme jugée exorbitante, 21 milliards de dollars.
Bien sûr, la suspension des exportations irakiennes ajouterait une louche d'huile bouillante sur un marché du pétrole qui a plutôt besoin d'une douche glacée. Mais si le marché prend au sérieux la menace de Saddam Hussein, ce dollar de plus sur le prix du baril le prouve, c'est parce que l'Irak n'en n'est pas à son premier coup de force pétrolier.
A deux occasions, déjà, depuis qu'elle a été autorisée à reprendre ses exportations de brut, en 1996, l'Irak a fermé les robinets. A chaque fois, c'était pour obtenir des concessions des Nations Unies lors des négociations de l'accord « pétrole contre nourriture ». Première interruption des livraisons, en octobre 1997. En décembre, elles reprennent, et en janvier 98 le Conseil de Sécurité des Nations Unies autorise Bagdad à doubler ses ventes. Puis l'an dernier, nouveau coup de tonnerre. Au mois de novembre et pendant trois semaines, le pétrole irakien disparaît du marché. A l'époque, l'ambiance sur les marchés pétroliers mondiaux a déjà changé. Depuis plusieurs mois, les pays de l'OPEP ont réduit leur production et les prix commencent à s'envoler. Ils tournent alors autour des 26 dollars. La décision irakienne propulse le brut, c'était il y a dix mois, aux alentours des 27 dollars.
Bagdad a donc aujourd'hui d'autant plus de poids sur le marché du pétrole que le baril est rare et cher et que les conséquences économiques s'en font déjà lourdement sentir en Europe et aux Etats-Unis.
Mais deux facteurs devraient freiner l'ardeur de Saddam Hussein face à ce bon coup. D'abord faire monter les prix sans vendre, c'est faire un cadeau aux autres producteurs, saoudiens en tête. Ensuite, plus le pétrole est cher, plus on investit aujourd'hui dans l'exploration et demain dans l'exploitation. Plus le pétrole est cher et rare aujourd'hui, plus il sera abondant et bon marché demain. Ce n'est peut-être pas l'intérêt des Irakiens.
A deux occasions, déjà, depuis qu'elle a été autorisée à reprendre ses exportations de brut, en 1996, l'Irak a fermé les robinets. A chaque fois, c'était pour obtenir des concessions des Nations Unies lors des négociations de l'accord « pétrole contre nourriture ». Première interruption des livraisons, en octobre 1997. En décembre, elles reprennent, et en janvier 98 le Conseil de Sécurité des Nations Unies autorise Bagdad à doubler ses ventes. Puis l'an dernier, nouveau coup de tonnerre. Au mois de novembre et pendant trois semaines, le pétrole irakien disparaît du marché. A l'époque, l'ambiance sur les marchés pétroliers mondiaux a déjà changé. Depuis plusieurs mois, les pays de l'OPEP ont réduit leur production et les prix commencent à s'envoler. Ils tournent alors autour des 26 dollars. La décision irakienne propulse le brut, c'était il y a dix mois, aux alentours des 27 dollars.
Bagdad a donc aujourd'hui d'autant plus de poids sur le marché du pétrole que le baril est rare et cher et que les conséquences économiques s'en font déjà lourdement sentir en Europe et aux Etats-Unis.
Mais deux facteurs devraient freiner l'ardeur de Saddam Hussein face à ce bon coup. D'abord faire monter les prix sans vendre, c'est faire un cadeau aux autres producteurs, saoudiens en tête. Ensuite, plus le pétrole est cher, plus on investit aujourd'hui dans l'exploration et demain dans l'exploitation. Plus le pétrole est cher et rare aujourd'hui, plus il sera abondant et bon marché demain. Ce n'est peut-être pas l'intérêt des Irakiens.
par Jean-Pierre Boris
Article publié le 20/09/2000