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Pétrole

«Colombes» et «faucons» de l'Opep s'affrontent

L'«arme du pétrole», que l'on croyait émoussée, fait à nouveau la preuve de son efficacité, lorsqu'elle est utilisée, comme c'est le cas ces jours-ci par l'Irak, dans un contexte particulièrement tendu du marché mondial du brut. La décision de l'Opep, le 10 septembre 2000, de rouvrir quelque peu le robinet n'a pas suffi à faire baisser les prix. La mise en cause du Koweït, accusé par l'Irak de lui " voler " du pétrole jette de l'huile sur le feu.
Déjà, il y a dix ans, l'Irak rendait le Koweït responsable de la baisse des cours du pétrole. On connaît la suite : la guerre du Golfe et l'embargo décrété en août 1990 par l'ONU sur l'Irak, après l'invasion du Koweït. Aujourd'hui, l'envolée du prix du baril sur le marché mondial, offre au président irakien Saddam Hussein une brèche politique à l'appui de son exigence de levée totale de l'embargo, même assoupli depuis 1996 par l'accord «pétrole contre nourriture».

Les menaces irakiennes de prendre des «mesures adéquates» pour protéger son pétrole frontalier contre des pompages du Koweït ont entraîné, lundi, une hausse des cours du baril jusqu'à plus de 37 dollars, montant jamais atteint depuis 1990. Il est vrai que l'Irak, avec une production de 3 millions de barils par jour (mb/j), des exportations de 2,4 mb/j et les deuxièmes réserves mondiales de brut a les moyens d'attiser la crise.

D'ailleurs, une partie de l'objectif de Saddam Hussein est d'ores et déjà atteinte: de plus en plus de voix s'élèvent contre le maintien de l'embargo sur l'Irak, parmi les pays arabes ou les organisations humanitaires internationales. La Russie et la France contestent que l'embargo décrété par l'ONU s'étende aux relations aériennes. Enfin, l'Union européenne, qui, à l'exception de la Grande Bretagne, a souvent sur l'Irak des positions différentes des Etats-Unis, est confrontée, dans les onze pays de la zone euro, à une dépréciation monétaire qui aggrave l'effet de la flambée des cours.

Toutefois, l'annonce par l'Arabie saoudite qu'elle était prête à augmenter immédiatement sa production a rapidement fait retomber le prix à un peu plus de 34 dollars. En effet, parmi les membres de l'Opep, la bataille fait plus que jamais rage entre les «colombes» et les «faucons». Le ministre saoudien du pétrole, Ali al-Nouaïmi, est certain que les prix vont baisser rapidement lorsque des quantités supplémentaires de pétrole seront mises sur le marché et son pays situe le juste prix à 25 dollars le baril. A l'inverse, l'Irak est contre l'augmentation de 800 000 b/j, décidée par les ministres de l'Opep le 10 septembre. Saddam Hussein a affirmé que les «grandes puissances vont chercher à renforcer leur emprise sur les pays pétroliers» et il est prêt à s'y opposer.

Le sommet de l'Opep, les 27 et 28 septembre prochains, constitue donc un véritable enjeu d'autant que le Venezuela qui préside l'organisation a annoncé le renforcement de la coopération politique de ses membres afin de peser davantage sur la scène internationale.



par Francine  Quentin

Article publié le 19/09/2000