Pétrole
Lever l'embargo sur l'Irak<br> <br> <br>
Que le troisième choc pétrolier soit déjà là ou non, une chose est sûre : le prix du précieux carburant monte inexorablement. Et tout indique que la hausse n'est pas terminée. Il a suffi que l'Irak accuse le Koweït de lui voler du pétrole pour que ce regain de tension rappelant de bien mauvais souvenirs fasse immédiatement flamber les cours du brut. Ayant ainsi éprouvé son pouvoir sur le marché et donc sa capacité de nuisance, Saddam Hussein pourrait maintenant attiser la crise à sa guise. Il a pour cela une arme fatale : la menace de suspendre ses exportations.
L'Irak dispose en effet de la 2e réserve mondiale. Mais soumis à un embargo, il n'est autorisé à exporter qu'une quantité limitée de pétrole, suffisamment importante en tout cas pour peser sur les cours. Si Bagdad privait le marché de son brut, il en résulterait une hausse des prix qui pourrait carrément plonger l'économie mondiale dans la récession. Pour être efficace, la menace devrait être crédible. Mais de la part de Saddam Hussein, elle l'est. Un homme capable d'utiliser des armes chimiques contre son propre peuple peut très bien priver son pays de ressources s'il y voit un gain politique.
Dix ans après sa défaite dans la guerre du Golfe, le dictateur irakien apparaît donc en position de force face aux Occidentaux, ceux-là mêmes qui lui infligent des sanctions. Quel paradoxal retournement de situation ! Après avoir imposé un embargo à l'Irak, puis lui avoir fait l'aumône d'entrouvrir le robinet pour que le pays puisse acheter des produits de première nécessité et payer des dommages de guerre, on le supplierait maintenant de ne pas refermer lui-même ce robinet. Le problème, c'est que s'il est possible d'interdire à un pays d'exporter son brut, en revanche on ne peut pas le forcer à le faire. Voilà donc les Occidentaux dans l'impasse. Il y aurait bien une solution, mais elle réclamerait du courage politique : il suffirait tout simplement de lever les sanctions contre l'Irak. Une telle décision aurait à la fois l'avantage de détendre le marché et de mettre fin à une situation absurde. Depuis longtemps, les sanctions sont devenues inefficaces et même contre-productives. Elles ne font souffrir que le peuple irakien tout en renforçant son bourreau, Saddam Hussein. Pour une fois, une solution juste serait en même temps réaliste. Et pourtant, la seule décision à la fois morale et utile n'a aucune chance d'être prise en pleine campagne électorale aux Etats-Unis. Tout se passe en effet comme si par leur intransigeance excessive, les Américains avaient construit eux-mêmes le piège qui se referme sur eux... et sur nous.
Dix ans après sa défaite dans la guerre du Golfe, le dictateur irakien apparaît donc en position de force face aux Occidentaux, ceux-là mêmes qui lui infligent des sanctions. Quel paradoxal retournement de situation ! Après avoir imposé un embargo à l'Irak, puis lui avoir fait l'aumône d'entrouvrir le robinet pour que le pays puisse acheter des produits de première nécessité et payer des dommages de guerre, on le supplierait maintenant de ne pas refermer lui-même ce robinet. Le problème, c'est que s'il est possible d'interdire à un pays d'exporter son brut, en revanche on ne peut pas le forcer à le faire. Voilà donc les Occidentaux dans l'impasse. Il y aurait bien une solution, mais elle réclamerait du courage politique : il suffirait tout simplement de lever les sanctions contre l'Irak. Une telle décision aurait à la fois l'avantage de détendre le marché et de mettre fin à une situation absurde. Depuis longtemps, les sanctions sont devenues inefficaces et même contre-productives. Elles ne font souffrir que le peuple irakien tout en renforçant son bourreau, Saddam Hussein. Pour une fois, une solution juste serait en même temps réaliste. Et pourtant, la seule décision à la fois morale et utile n'a aucune chance d'être prise en pleine campagne électorale aux Etats-Unis. Tout se passe en effet comme si par leur intransigeance excessive, les Américains avaient construit eux-mêmes le piège qui se referme sur eux... et sur nous.
par Jacques Rozenblum
Article publié le 19/09/2000