Serbie
Milosevic montre qu'il est chez lui au Monténégro
Pour la première fois depuis qu'il est président fédéral de la Yougoslavie, Slobodan Milosevic s'est rendu mercredi 20 septembre dans la république du Monténégro dont le président Djukanovic appelle au boycottage.
Finalement, il est venu. Le président fédéral yougoslave Slobodan Milosevic, candidat dimanche à sa propre succession, a pris la parole devant environ 10 000 de ses partisans réunis dans la petite ville de Berane, au nord du Monténégro. Slobodan Milosevic est pourtant persona non grata depuis 1997 dans la petite république, toujours théoriquement associée à la Serbie dans le cadre de la Fédération yougoslave mais qui rêve de démocratie et de plus d'autonomie.
Alors que circulait la rumeur d'une possible venue du président Milosevic au printemps dernier, les autorités réformatrices du Monténégro avaient mis en garde : si l'homme se présente sur le territoire monténégrin, la police de la république tentera de procéder à son arrestation, afin de le déférer devant le Tribunal pénal international de La Haye. Mercredi, les Monténégrins ont été pris de court. Sur les 150 kilomètres de route qui relient la capitale Podgorica à la ville de Berane, pas un seul policier monténégrin n'était visible. Tous les quelques kilomètres, patrouillaient des hommes de la police militaire yougoslave, appuyés par les volontaires du VIIème bataillon, la phalange anti-indépendantiste.
Aux abords de la ville de Berane, on voyait même de nombreux hommes en uniforme de la police de la République de Serbie. Mercredi soir, le président monténégrin Milo Djukanovic a dénoncé cette «mise en état de siège» du pays, et les dirigeants de son parti estimaient que «Milosevic est venu comme un colonisateur». Le maire de Berane, partisan de Milo Djukanovic, n'avait pas souhaité accueillir le président Milosevic, mais un de ses adjoints constate : «il a montré qu'il pouvait venir chez nous quand il le voulait, comme il le voulait, avec l'aide de ses forces d'occupation». La ville de Berane est en effet divisée. Les Slaves musulmans, qui représentent près de la moitié de la population soutiennent l'option «souverainiste» du président Djukanovic, voire même le choix de l'indépendance, tandis que les Monténégrins orthodoxes sont très majoritairement attachés à l'alliance traditionnelle avec la Serbie.
Si le contrôle des axes routiers menant à Berane avaient été abandonné à l'Armée yougoslave, les unités spéciales de la police monténégrine, fortement armées, avaient pris position dans le centre de la ville, pour prévenir tout incident. Arrivé en hélicoptère, le candidat Milosevic est reparti pour la Serbie, dès la fin du court meeting d'une demi-heure. Ses partisans scandaient encore son nom. «Ici, c'est le vrai Monténégro, exulte un militant. Dans le nord, seuls les Musulmans et les Albanais soutiennent Djukanovic. Les Monténégrins orthodoxes sont tous pour la Yougoslavie».
La démonstration de force a été réussie. Slobodan Milosevic a prouvé qu'il pouvait se rendre à son gré sur tout le territoire de la Fédération yougoslave, y compris le Monténégro. Sur les routes menant au meeting, des enfants agitent des drapeaux et saluent de trois doigts brandis les militaires yougoslaves. Les discours ont été brefs, mais les militants sont moins venus pour écouter que pour se compter. «Nous étions un million à Berane, s'exclame peu après un militant, bloqué dans la file de voitures qui redescendent vers Podgorica. Ceux qui diront le contraire sont des menteurs à la solde de l'OTAN».
Alors que circulait la rumeur d'une possible venue du président Milosevic au printemps dernier, les autorités réformatrices du Monténégro avaient mis en garde : si l'homme se présente sur le territoire monténégrin, la police de la république tentera de procéder à son arrestation, afin de le déférer devant le Tribunal pénal international de La Haye. Mercredi, les Monténégrins ont été pris de court. Sur les 150 kilomètres de route qui relient la capitale Podgorica à la ville de Berane, pas un seul policier monténégrin n'était visible. Tous les quelques kilomètres, patrouillaient des hommes de la police militaire yougoslave, appuyés par les volontaires du VIIème bataillon, la phalange anti-indépendantiste.
Aux abords de la ville de Berane, on voyait même de nombreux hommes en uniforme de la police de la République de Serbie. Mercredi soir, le président monténégrin Milo Djukanovic a dénoncé cette «mise en état de siège» du pays, et les dirigeants de son parti estimaient que «Milosevic est venu comme un colonisateur». Le maire de Berane, partisan de Milo Djukanovic, n'avait pas souhaité accueillir le président Milosevic, mais un de ses adjoints constate : «il a montré qu'il pouvait venir chez nous quand il le voulait, comme il le voulait, avec l'aide de ses forces d'occupation». La ville de Berane est en effet divisée. Les Slaves musulmans, qui représentent près de la moitié de la population soutiennent l'option «souverainiste» du président Djukanovic, voire même le choix de l'indépendance, tandis que les Monténégrins orthodoxes sont très majoritairement attachés à l'alliance traditionnelle avec la Serbie.
Si le contrôle des axes routiers menant à Berane avaient été abandonné à l'Armée yougoslave, les unités spéciales de la police monténégrine, fortement armées, avaient pris position dans le centre de la ville, pour prévenir tout incident. Arrivé en hélicoptère, le candidat Milosevic est reparti pour la Serbie, dès la fin du court meeting d'une demi-heure. Ses partisans scandaient encore son nom. «Ici, c'est le vrai Monténégro, exulte un militant. Dans le nord, seuls les Musulmans et les Albanais soutiennent Djukanovic. Les Monténégrins orthodoxes sont tous pour la Yougoslavie».
La démonstration de force a été réussie. Slobodan Milosevic a prouvé qu'il pouvait se rendre à son gré sur tout le territoire de la Fédération yougoslave, y compris le Monténégro. Sur les routes menant au meeting, des enfants agitent des drapeaux et saluent de trois doigts brandis les militaires yougoslaves. Les discours ont été brefs, mais les militants sont moins venus pour écouter que pour se compter. «Nous étions un million à Berane, s'exclame peu après un militant, bloqué dans la file de voitures qui redescendent vers Podgorica. Ceux qui diront le contraire sont des menteurs à la solde de l'OTAN».
par Jean-Philippe Delalandre
Article publié le 20/09/2000