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Pétrole

Le G7 demande la baisse du pétrole

Les grands pays industrialisés du Groupe des Sept (G7) ont demandé instamment aux pays de l'OPEP et aux autres producteurs pétroliers de faire ce qu'il faut pour arrêter et renverser la forte montée des prix du brut qui pourrait, selon eux, menacer les perspectives économiques et aggraver les difficultés des pays les plus pauvres, surtout en Afrique.
La volatilité des cours du pétrole a dominé les travaux des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G7 à Prague, à la veille des assises annuelles du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondiale. La «révolte des consommateurs» en France et dans d'autres pays européens, les problèmes du marché intérieur des Etats-Unis, et surtout la faiblesse de l'euro à l'égard du dollar û la devise utilisée dans les transactions du pétrole û ont mobilisé tous les esprits.

Alors que la croissance de l'économie mondiale s'est accélérée et que les perspectives sont les meilleures depuis 12 ans, les économistes du FMI ont reconnu que la montée du coût du brut à des niveaux inconnus depuis la Guerre du Golfe pourrait gâter les choses si la situation ne se normalise pas prochainement.

Les pays du G7 ont ainsi lancé un appel pressant à l'Organisation des Pays exportateurs de pétrole (OPEP) et aux autres producteurs pour qu'ils «contribuent à une réduction des prix et à une meilleure stabilité des marchés pétroliers.» Les ministres ont souligné l'importance d'un retour des cours mondiaux «à un niveau compatible avec une prospérité et une stabilité mondiale durables à la fois pour les pays producteurs du pétrole et pour les consommateurs, et en particulier pour les pays en développement les plus pauvres.»

Le ministre français Laurent Fabius a estimé que la détente des prix «dépend de la volonté politique des pays producteurs», et son collègue britannique Gordon Brown a considéré que cet appel très «fort» s'adressait surtout à l'OPEP, dont les 11 membres se réunissent au sommet à Caracas au Venezuela les 27 et 28 septembre à l'occasion du 40e anniversaire de l'organisation.

Si les pays du G7 veulent «maintenir la pression» sur l'OPEP, selon un délégué, le secrétaire au Trésor américain Larry Summers a écarté l'idée française d'un sommet réunissant l'Union européenne, les Etats-Unis et l'OPEP û dont certains pays membres comme l'Iran, la Libye et bien sûr l'Irak ne sont pas dans les bonnes grâces de Washington. La France, qui préside les conseils de l'UE, présentera à part les préoccupations de l'Union dans une lettre aux gouvernements de l'OPEP.

Au lendemain des travaux du G7, le Comité financier et monétaire international (CFMI), la plus haute instance politique du FMI qui regroupe des représentants de l'ensemble des 182 pays membres, a reconnu que la stabilité des marchés pétroliers «autour de cours raisonnables à long terme» est un objectif «souhaitable». Il a demandé aux producteurs d'aider à créer les conditions nécessaires à une «saine croissance» mondiale. Mais il a surtout recommandé «un dialogue amélioré» entre eux et les consommateurs pour y arriver. Pays riches et pauvres, exportateurs et importateurs, ont «trouvé un terrain d'entente» sur ce point, a souligné Gordon Brown, qui préside le CFMI.

Hamad Al-Sayari, parlant pour l'Arabie Saoudite, plus grand producteur mondial, a rappelé que l'OPEP a déjà augmenté sa production de 4 millions de barils/jour depuis avril dernier. Les pays importateurs, selon lui, gagnent plus par baril que son propre pays, les taxes variant en fonction du coût à l'importation.

Le G7 et le CFMI saluent la décision des Américains de puiser 30 millions de barils dans leurs réserves stratégiques. Mais les experts pétroliers estiment que cela n'a qu'une valeur symbolique puisque le monde consomme près de 80 millions de barils/jour. Pour Michael Rothman, vice président et analyste de la firme américaine Merril Lynch, les craintes d'un nouveau choc pétrolier sont «exagérées», même si le faible niveau des stocks dans les pays de l'OCDE et la «psychologie du marché» ont pu donner « une impression » de crise. Laurent Fabius a d'ailleurs indirectement reconnu devant le CFMI que le problème est lié en partie aux «anticipations» des agents économiques û c'est à dire l'interprétation qu'ils font des nouvelles au jour le jour.



par A Prague, Jan  KRISTIANSEN

Article publié le 25/09/2000