Côte d''Ivoire
Les numéros deux et trois <br>de la junte recherchés
Accusés d'avoir fomenté la «tentative d'assassinat» contre le général Gueï, les numéros deux et trois, de la junte ivoirienne sont recherchés. Lassana Palenfo et Abdoulaye Coulibaly nient en bloc.
Un peu plus d'une semaine après l'attaque contre la résidence du chef de la junte, les événements s'accélèrent en Côte d'Ivoire. Les numéros deux et trois de la junte, limogés vendredi dernier, sont désormais accusés d'avoir commandité ce qui est présenté à Abidjan comme une «tentative d'assassinat» contre Robert Gueï. Les domiciles de Lassana Palenfo puis d'Abdoulaye Coulibaly ont été perquisitionnés ces derniers jours et les deux hommes sont recherchés.
Tous deux nient farouchement les accusations dont ils font l'objet et évoquent un coup monté. «Je suis indigné parce que j'ai toujours été aux côtés du général pendant ces moments difficiles», a réagit sur RFI le général Coulibaly. «C'est une mascarade, renchérit-il, même si nous avons des différends, Gueï je l'aime beaucoup et je ne vois pas pourquoi je voudrais attenter à sa vie.» Evoquant également un «montage grossier», le général Palenfo reconnaît avoir eu des divergences avec Robert Gueï sur la fin de la transition. «Moi je voulais finir avec une transition et partir, lui voulait continuer à la tête de l'Etat. Mais de là à m'accuser de vouloir attenter à sa vie, je dis que c'est trop gros», a-t-il déclaré à l'Agence France presse.
Pour la junte, en tous cas, leur responsabilité ne fait aucun doute. Dans un communiqué, lu mardi soir à la télévision, le CNSP a fait état d'«aveux» des assaillants selon lesquels ces deux proches collaborateurs du général Gueï sont bien les donneurs d'ordre de la vingtaine de membres de la garde présidentielle qui ont investi sa villa dans la nuit du 17 au 18 septembre dernier.
Ce nouvel épisode de la grave crise que traverse la transition ivoirienne intervient alors même que le pouvoir militaire rejetait les propositions du «groupe des dix» de l'Organisation de l'unité africaine en faveur de la formation d'une sorte de gouvernement d'unité nationale réunissant le général Gueï et les principaux leaders politiques du pays. La junte y a même vu une ingérence inacceptable et la preuve de pressions extérieures en faveur du leader du RDR Alassane Ouattara, dont la candidature à la prochaine présidentielle a de grandes chances d'être invalidée.
Quant aux sept chefs d'Etats africains qui avaient fait le déplacement d'Abidjan, ils sont repartis d'autant plus bredouilles que leur offre a également fraîchement reçue par les chefs de l'opposition. L'OUA, dont l'initiative a été saluée par la France, pourrait toutefois poursuivre ses efforts.
Sur RFI, le président malien Alpha Oumar Konaré, membre du «groupe de dix», a évoqué une autre réunion des chefs d'Etats chargés du dossier ivoirien dans les prochains jours, au moins pour prendre acte du refus de la junte. «Quand nous avons le sentiment d'un risque énorme, nous avons le devoir de ne pas nous taire», s'est-il par ailleurs défendu.
Sur cette notion de risque, le divorce semble complet entre le pouvoir militaire ivoirien et l'extérieur. Alors que la plupart des observateurs étrangers parlent de graves remous politiques, voire de guerre civile, si la candidature d'Alassane Ouattara est rejetée, la junte, d'ailleurs relayée par l'opposant Laurent Gagbo, n'évoque guère plus que la nécessité de renforcer les mesures de sécurité pendant la période électorale. Les accusations lancées contre les numéros deux et trois de la junte trahissent malgré tout l'inquiétude d'un pouvoir militaire plus divisé que jamais sur l'issue de la transition.
Tous deux nient farouchement les accusations dont ils font l'objet et évoquent un coup monté. «Je suis indigné parce que j'ai toujours été aux côtés du général pendant ces moments difficiles», a réagit sur RFI le général Coulibaly. «C'est une mascarade, renchérit-il, même si nous avons des différends, Gueï je l'aime beaucoup et je ne vois pas pourquoi je voudrais attenter à sa vie.» Evoquant également un «montage grossier», le général Palenfo reconnaît avoir eu des divergences avec Robert Gueï sur la fin de la transition. «Moi je voulais finir avec une transition et partir, lui voulait continuer à la tête de l'Etat. Mais de là à m'accuser de vouloir attenter à sa vie, je dis que c'est trop gros», a-t-il déclaré à l'Agence France presse.
Pour la junte, en tous cas, leur responsabilité ne fait aucun doute. Dans un communiqué, lu mardi soir à la télévision, le CNSP a fait état d'«aveux» des assaillants selon lesquels ces deux proches collaborateurs du général Gueï sont bien les donneurs d'ordre de la vingtaine de membres de la garde présidentielle qui ont investi sa villa dans la nuit du 17 au 18 septembre dernier.
Ce nouvel épisode de la grave crise que traverse la transition ivoirienne intervient alors même que le pouvoir militaire rejetait les propositions du «groupe des dix» de l'Organisation de l'unité africaine en faveur de la formation d'une sorte de gouvernement d'unité nationale réunissant le général Gueï et les principaux leaders politiques du pays. La junte y a même vu une ingérence inacceptable et la preuve de pressions extérieures en faveur du leader du RDR Alassane Ouattara, dont la candidature à la prochaine présidentielle a de grandes chances d'être invalidée.
Quant aux sept chefs d'Etats africains qui avaient fait le déplacement d'Abidjan, ils sont repartis d'autant plus bredouilles que leur offre a également fraîchement reçue par les chefs de l'opposition. L'OUA, dont l'initiative a été saluée par la France, pourrait toutefois poursuivre ses efforts.
Sur RFI, le président malien Alpha Oumar Konaré, membre du «groupe de dix», a évoqué une autre réunion des chefs d'Etats chargés du dossier ivoirien dans les prochains jours, au moins pour prendre acte du refus de la junte. «Quand nous avons le sentiment d'un risque énorme, nous avons le devoir de ne pas nous taire», s'est-il par ailleurs défendu.
Sur cette notion de risque, le divorce semble complet entre le pouvoir militaire ivoirien et l'extérieur. Alors que la plupart des observateurs étrangers parlent de graves remous politiques, voire de guerre civile, si la candidature d'Alassane Ouattara est rejetée, la junte, d'ailleurs relayée par l'opposant Laurent Gagbo, n'évoque guère plus que la nécessité de renforcer les mesures de sécurité pendant la période électorale. Les accusations lancées contre les numéros deux et trois de la junte trahissent malgré tout l'inquiétude d'un pouvoir militaire plus divisé que jamais sur l'issue de la transition.
par Christophe Champin
Article publié le 27/09/2000