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Pétrole

L'Opep prête au dialogue,¯<br>pas au sacrifice

L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), réunie en sommet au Venezuela, est disposée à ouvrir un dialogue avec les pays consommateurs pour parvenir à des prix «rémunérateurs, stables et compétitifs» de l'or noir. Dialogue, oui, mais sur un pied d'égalité entre les deux parties, signe que le cartel des producteurs entend bien redevenir l'interlocuteur valable des pays industrialisés, comme à l'époque des chocs pétroliers.
Une rencontre entre les pays producteurs et les pays consommateurs de pétrole devrait avoir lieu le 17 novembre à Ryad, en Arabie saoudite, afin d'ouvrir un dialogue de nature à définir un prix rémunérateur pour les producteurs, entre 22 et 28 dollars le baril, et limité dans ses fluctuations, comme le souhaitent les consommateurs. Et ces discussions ne pourront s'établir que sur un pied d'égalité, a précisé le président en exercice de l'Opep, le Vénézuélien Hugo Chavez. Car l'Opep veut désormais rétablir son rôle d'interlocuteur privilégié des pays industrialisés, place qu'elle n'occupait plus, ces dernières années, en raison de son incapacité à faire appliquer par ses membres les décisions prises en commun. Tout a changé en mars 1999, à La Haye, quand dix des onze membres de l'organisation, à l'exception de l'Irak sous embargo, ont décidé de réduire leur production pour faire remonter le prix du baril, descendu à 10 dollars. Et, pour la première fois depuis longtemps, la discipline a joué, les pays ont respecté leurs quotas, avec le succès que l'on sait sur les cours du brut.

Prêts à discuter avec les pays consommateurs, les producteurs de l'Opep n'entendent pas pour autant céder l'avantage si difficilement acquis depuis 18 mois, ni renoncer à la manne financière dont, très endettés pour la plupart, ils ont grand besoin, après des années de vaches maigres. L'Opep ne veut pas, non plus, porter seule la responsabilité de l'envolée des prix. Les taxes imposées par les Etats des pays consommateurs, les marges des compagnies pétrolières et les profits des spéculateurs y ont largement leur part. Pour illustrer ce propos, le président Chavez a comparé le prix d'un baril hors taxes, 30 dollars, mais 54 dollars toutes taxes comprises, à un « baril » de coca-cola, 78 dollars, ou d'eau minérale, 94 dollars.

C'est pourquoi, en attendant l'instauration de ce dialogue, l'Opep s'est bien gardée, à Caracas, d'aller, pour l'instant, au-delà de l'augmentation de 800 000 barils/jour décidée le 10 septembre. D'autant que l'unanimité sur une ouverture du robinet n'est pas acquise en son sein. En fonction de l'évolution des cours mondiaux d'ici là, les ministres du pétrole de l'Opep envisageront, le 12 novembre à Vienne, la position à adopter. L'Irak fait savoir, à toutes fins utiles, que le levée de l'embargo auquel il est soumis depuis 1990 serait bénéfique à la stabilité des prix.



par Francine  Quentin

Article publié le 28/09/2000