Côte d''Ivoire
Mobilisation à Washington, prudence à Paris
Les Etats-Unis suivent de près la situation en Côte d'Ivoire. Après plusieurs déclarations condamnant l'attitude de la junte militaire, Washington a dépêché un émissaire à Abidjan à la veille d'un week-end crucial. A Paris en revanche, la prudence est le maître mot après les réactions hostiles aux déclarations du secrétaire d'Etat à la coopération fin en juillet.
Les Etats-Unis s'impliquent de plus en plus dans la crise politique qui secoue la Côte d'Ivoire. Washington vient d'envoyer un émissaire dans la capitale économique ivoirienne, à la veille de l'annonce par la chambre constitutionnelle de la cour suprême de la liste des candidats à la prochaine présidentielle. Nancy Powell, l'une des collaboratrices de la secrétaire d'Etat américaine adjointe pour les Affaires africaines Susan Rice, devait rencontrer des membres de la junte et des personnalités de l'opposition. Selon un porte-parole du département d'Etat, l'envoyée américaine devait «souligner la préoccupation des Etats-Unis au sujet des développements dans ce pays ainsi que les dangers qu'ils représentent pour la paix et la stabilité dans la région». L'envoyée américaine devait par ailleurs réaffirmer l'appel de Washington «à la tenue d'élections libres, justes et transparentes».
La visite de Nancy Powell intervient alors que les Etats-Unis se sont exprimés à plusieurs reprises ces derniers jours pour fustiger l'attitude de la junte militaire à l'égard de l'opposition. Le 4 octobre, Washington avait dénoncé les «efforts du gouvernement ivoirien visant à intimider l'opposition» et avait condamné ce qui a été présenté par le Rassemblement des républicains (RDR) comme une tentative d'enlèvement contre Dominique Ouattara, l'épouse du leader de ce mouvement. Et début juillet, l'ambassadeur américain sur place, George Mu avait clairement exprimé l'hostilité des Etats-Unis à une candidature du général Gueï. Autant d'interventions qui confirment la position ferme adopté depuis plusieurs mois par les Etats-Unis vis-à-vis du pouvoir militaire ivoirien. Autant d'intervention qui confirment la volonté américaine de jouer un rôle plus direct dans une crise suivie de près dans la région.
Paris fait le dos rond
La situation à Abidjan suscite, en revanche, moins de réactions officielles à Paris. Le ministère des Affaires étrangères s'est contenté de mettre en garde ses vingt mille ressortissants sur place, invités à la prudence et à la neutralité face aux événements actuels, et a déconseillé aux Français de se rendre à Abidjan. Depuis la «sortie» de Charles Josselin, fin juillet, qui avait estimé à propos de la candidature du général Gueï, «qu'uniforme et politique ne faisait pas bon ménage», Paris fait le dos rond. Les nombreuses protestations et les manifestations qui avaient suivi l'intervention du secrétaire d'Etat à la coopération ont échaudé une diplomatie française soucieuse de ne pas être accusée d'ingérence dans les affaires de son ancienne colonie.
Le gouvernement français opte donc pour un service minimum, appelant au calme et à un retour rapide à légalité, quitte à soutenir officiellement l'initiative de l'OUA qui a dépêché sept chefs d'Etat à Abidjan, mi-septembre, pour tenter de trouver une issue à l'imbroglio ivoirien. La France a tout de même renforcé son dispositif militaire sur place. Outre l'augmentation des effectifs du 43ème bataillon d'infanterie de marine basé à Abidjan, passé de 510 à 680 hommes avec l'arrivée de légionnaires, un navire de transport de troupes est présent au large de la Côte d'Ivoire. Mais à Paris, on précise qu'il s'agit d'une mesure de «routine» due à la présence de plus de 20 000 ressortissants dans le pays.
La visite de Nancy Powell intervient alors que les Etats-Unis se sont exprimés à plusieurs reprises ces derniers jours pour fustiger l'attitude de la junte militaire à l'égard de l'opposition. Le 4 octobre, Washington avait dénoncé les «efforts du gouvernement ivoirien visant à intimider l'opposition» et avait condamné ce qui a été présenté par le Rassemblement des républicains (RDR) comme une tentative d'enlèvement contre Dominique Ouattara, l'épouse du leader de ce mouvement. Et début juillet, l'ambassadeur américain sur place, George Mu avait clairement exprimé l'hostilité des Etats-Unis à une candidature du général Gueï. Autant d'interventions qui confirment la position ferme adopté depuis plusieurs mois par les Etats-Unis vis-à-vis du pouvoir militaire ivoirien. Autant d'intervention qui confirment la volonté américaine de jouer un rôle plus direct dans une crise suivie de près dans la région.
Paris fait le dos rond
La situation à Abidjan suscite, en revanche, moins de réactions officielles à Paris. Le ministère des Affaires étrangères s'est contenté de mettre en garde ses vingt mille ressortissants sur place, invités à la prudence et à la neutralité face aux événements actuels, et a déconseillé aux Français de se rendre à Abidjan. Depuis la «sortie» de Charles Josselin, fin juillet, qui avait estimé à propos de la candidature du général Gueï, «qu'uniforme et politique ne faisait pas bon ménage», Paris fait le dos rond. Les nombreuses protestations et les manifestations qui avaient suivi l'intervention du secrétaire d'Etat à la coopération ont échaudé une diplomatie française soucieuse de ne pas être accusée d'ingérence dans les affaires de son ancienne colonie.
Le gouvernement français opte donc pour un service minimum, appelant au calme et à un retour rapide à légalité, quitte à soutenir officiellement l'initiative de l'OUA qui a dépêché sept chefs d'Etat à Abidjan, mi-septembre, pour tenter de trouver une issue à l'imbroglio ivoirien. La France a tout de même renforcé son dispositif militaire sur place. Outre l'augmentation des effectifs du 43ème bataillon d'infanterie de marine basé à Abidjan, passé de 510 à 680 hommes avec l'arrivée de légionnaires, un navire de transport de troupes est présent au large de la Côte d'Ivoire. Mais à Paris, on précise qu'il s'agit d'une mesure de «routine» due à la présence de plus de 20 000 ressortissants dans le pays.
par Christophe Champin
Article publié le 06/10/2000