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Côte d''Ivoire

La junte décrète l'état d'urgence<br>

Etat-d'urgence, couvre-feu: la junte ivoirienne multiplie les mesures préventives, alors que la Cour suprême doit annoncer, au plus tard samedi 7 octobre, la liste des candidatures pour la prochaine présidentielle. Le pouvoir militaire, comme la plupart des observateurs, craint des troubles en cas d'élimination de la course du leader du RDR Alassane Ouattara.
La junte ivoirienne a décrété l'état d'urgence et l'instauration d'un couvre-feu à partir de vendredi 6 octobre, à la veille de l'annonce par la chambre constitutionnelle de la Cour suprême de la liste de candidatures retenues pour la présidentielle du 22 octobre prochain. Cette décision intervient alors que beaucoup s'attendent à l'élimination de la course d'Alassane Ouattara, leader du Rassemblement des républicains (RDR), pour «nationalité douteuse». L'éventuelle exclusion de l'ancien premier ministre d'Houphouët-Boigny suscite des inquiétudes au sein du pouvoir militaire, comme parmi nombre d'observateurs, qui craignent une réaction violente des partisans de l'opposant. Un climat de tension renforcé par l'explosion, dont l'origine n'est pas clairement établie, qui a fait quatre mort dans la principale gare routière d'Abidjan.

Ces derniers jours, le régime à multiplié les mesures censées isoler Alassane Ouattara. La garde présidentielle a subi une grande purge de tous les éléments soupçonnés de rouler pour le leader du RDR, après l'attaque des 17 et 18 septembre dernier contre la résidence du général Gueï. Nettoyage qui, affirme Amnesty International, aurait entraîné la disparition de plusieurs suspects. Les anciens numéros deux et trois de la junte, les généraux Palenfo et Coulibaly, présenté comme «Alassanistes» et commanditaires de la «tentative d'assassinat» contre Robert Gueï, sont par ailleurs réfugiés à l'ambassade du Nigeria.

Durcissement contre le RDR

Ce durcissement touche également l'entourage proche du leader du RDR. Huit garde du corps de Dominique Ouattara, sa femme d'origine française, ont été arrêtés le 3 octobre, lors d'une opération musclée en pleine journée. Le porte-parole du RDR parle de tentative d'enlèvement de Mme Ouattara qui se trouvait à bord de son véhicule. La junte rétorque que les personnes interpellées, parmi lesquelles deux Français, préparaient des troubles.

Dans ce contexte, le président du Conseil national islamique (CNI) a dénoncé mercredi la «détérioration de la situation». Selon le correspondant de RFI à Abidjan, Bruno Minas, l'imam Idriss Koudouss Koné, a appelé la junte à observer une stricte neutralité dans le débat politique et demandé que tous les candidats désignés par des formations reconnues soient autorisés à se présenter à l'élection du 22 octobre.

Quelle que soit l'issue du suspense des candidatures, qui concerne également le candidat du PDCI (ancien parti unique) Emile-Constant Bombet, et ses conséquences, les Ivoiriens comme la communauté internationale prennent leur précaution. «Vendredi matin on va faire des provisions au marché et samedi on ne bouge pas de chez nous», confie une ménagère d'un quartier populaire contacté par téléphone. De leurs côtés, la France et la Grande-Bretagne déconseillent à leurs ressortissants de se rendre en Côte d'Ivoire. Le ministère français des Affaires étrangères conseille par ailleurs à ses vingt mille résidant dans le pays «d'être prudents et de se tenir à l'écart de toutes les manifestations».



par Christophe  Champin

Article publié le 05/10/2000