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Côte d''Ivoire

Washington suspend son aide

Alors que l'OUA a «déploré» la décision de la Cour constitutionnelle ivoirienne et la France l'a qualifiée de «dommageable pour la démocratie», les Etats-Unis ont violemment critiqué la junte au pouvoir à Abidjan.
Quelques heures à peine après la décision de la Cour suprême ivoirienne d'écarter de l'élection présidentielle du 22 octobre les candidats de deux des principaux partis (le PDCI et RDR), les Etats-Unis ont décidé de suspendre leur aide à la préparation du scrutin, parce que «cette décision injuste prive le peuple ivoirien de tout choix décisif dans cette élection». «L'inéligibilité d'autant de candidats en fait une mascarade des principes fondamentaux de la démocratie» a précisé un communiqué officiel, qui va jusqu'à appeler «les autres pays donateurs à réexaminer leur assistance électorale». Washington a ensuite livré une véritable charge contre le régime militaire au pouvoir depuis Noël 1999. « Les abus d'autorité continuels du régime Gueï, ses manipulations non-voilées du processus électoral et sa répression des activités politiques pacifiques de l'opposition ne permettent pas aux Etats-Unis de poursuivre leur aide ». C'est la première fois que Washington - qui a constamment eu du mal à cacher son soutien à la candidature d'Alassane Ouattara - formule une critique aussi radicale d'un régime qui a tout de même reçu le soutien indirect de plus de 86% des Ivoiriens, lors de l'adoption par référendum en juillet dernier de la nouvelle Constitution.

De son côté le gouvernement français a qualifié la décision de la Cour constitutionnelle de «dommageable pour l'expression de la démocratie». Le ministère français des Affaires étrangères a aussi rappelé que la France «plaide depuis plusieurs mois pour retour rapide à l'ordre constitutionnel et pour que les Ivoiriens puissent se prononcer dans la transparence et l'équité, [et] avait souhaité que toutes les sensibilités politiques puissent être représentées dans ce scrutin». Le gouvernement français a également souhaité que «la régularité du scrutin soit assurée en dépit des restrictions».

Enfin, le général Gnassingbé Eyadéma, président togolais mais aussi président en exercice de l'OUA, a « déploré » la décision de la Cour ivoirienne et lancé « un appel à tous les acteurs politiques ivoiriens afin qu'ils prennent des mesures d'apaisement en vue d'éviter tout débordement susceptible de perturber l'ordre public, l'unité et la concorde nationale ».







par Elio  Comarin

Article publié le 08/10/2000