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Côte d''Ivoire

Gueï et Gbagbo seuls en piste

La Cour suprême ivoirienne n'a finalement retenu que cinq candidatures pour la présidentielle du 22 octobre. Deux candidats de poids seulement restent en lice: le général Gueï et le leader du Front populaire ivoirien Laurent Gbagbo. Alassane Ouattara, leader du RDR, et les six personnalités se réclamant du PDCI sont écartés de la course.
Le suspense est enfin levé en Côte d'Ivoire sur le dossier crucial des candidatures à la prochaine présidentielle. La chambre constitutionnelle de la cour suprême a rendu un verdict sans appel: en dehors du général Gueï et de Laurent Gabgbo, tous les autres candidats de poids ont été éliminés de la course.

Dans son intervention retransmise vendredi soir à la télévision et à la radio ivoiriennes, le président de la Cour suprême ne s'est pas contenté de dévoiler la liste tant attendue, souligne le correspondant de RFI sur place. Pendant une heure et quarante minutes, le juge Tia Koné, un proche du général Gueï, dont plusieurs candidats avaient réclamé la destitution ces derniers mois, a pris soin de lire en détail les attendus du verdict.

Comme la plupart des observateurs le prévoyaient, Alassane Ouattara, leader du RDR, ne pourra participer à la course à la magistrature suprême. Les juges se sont longuement attardés sur son cas mettant notamment en doute les documents attestant de sa nationalité ivoirienne et contestant sa «bonne moralité».

La surprise est venue de l'élimination des six personnalités se réclamant de l'ancien parti unique, le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI). Le candidat officiel, Emile-Constant Bombet, ancien ministre de l'Intérieur du président déchu Henri Konan Bédié, a été invalidé de même que l'ex-chef de l'Etat, exilé en France depuis le coup d'Etat du 24 décembre 1999. Ce qui n'étonne qu'à moitié, puisqu'ils sont tous deux sous le coup de poursuites judiciaires. Plus inattendue a été l'élimination des quatre autres représentants du PDCI, dont certains comme Lamine Fadika auraient pu constituer des «remplaçants» de choix. Pour la première fois depuis l'indépendance, le mouvement dont le général Gueï avait tenté sans succès d'obtenir le soutien, sera donc absent d'une échéance présidentielle.

Le PDCI et le RDR réagissent

Les réactions politiques ne se sont pas faites attendre. Interrogé sur RFI, le secrétaire général du PDCI, Laurent Dona Fologo s'est dit surpris et déçu que «le parti majoritaire de Côte d'Ivoire, n'ait aucun de ses membres retenus pour cette élection». Il a par ailleurs rappelé «qu'il avait été dit de façon publique qu'il remplissait les conditions, tout au moins sur le plan juridique». L'ancien premier ministre Alassane Ouattara considère ce verdict conforme «ni à la justice ni au droit», comme une «mascarade». «Cette décision empêche une grande partie du corps électoral d'exprimer son choix», a-t-il déclaré sur RFI, faisant notamment référence au poids du PDCI et de son propre parti en Côte d'Ivoire.«Ceci enlève toute légitimité à la prochaine présidentielle», a-t-il ajouté avant d'appeler ses partisans au calme.

L'annonce de la liste des candidats, qui faisait craindre des débordements, n'a pas provoqué de manifestations vendredi soir, et la nuit a été calme dans la capitale économique ivoirienne. Il faut dire que les autorités avaient pris leurs précautions. L'Etat d'urgence et un couvre-feu nocturne ont été instaurés hier et d'importantes forces de sécurité ont été déployées dans tous les points sensibles de la ville.

Il reste que l'élection présidentielle, censée ramener la Côte d'Ivoire à un régime démocratique, va se résumer à un tête-à-tête entre le général Gueï et à un Laurent Gbagbo, dont le mouvement participe au gouvernement provisoire. Face à eux, les trois autres candidats ne pèsent guère. Francis Wodié, leader du Parti ivoirien du travail (PIT), fut le seul candidat à se présenter contre Henri Konan Bédié en 1995 avant de devenir son ministre. Le deuxième, Nicolas Dioulo est un illustre inconnu. Le troisième, Théodore Mel Eg, également sans grande envergure, est un dissident du PDCI.



par Christophe  Champin

Article publié le 07/10/2000