Côte d''Ivoire
Un verdict contesté
L'Union européenne a suspendu son aide au processus électoral en Côte d'Ivoire, en réponse au verdict de la Cour suprême ivoirienne sur les candidatures à la prochaine présidentielle. En France, après la réaction prudente du gouvernement français, les partis politiques s'expriment en ordre dispersé. Pendant ce temps en Côte d'Ivoire, les «exclus» tentent d'organiser leur riposte.
La décision de la Cour suprême ivoirienne, qui n'a retenu que cinq candidatures à l'élection présidentielle du 22 octobre prochain, n'en fini pas de susciter des réactions à l'étranger. Après les Etats-Unis, qui avaient annoncé dès le week-end l'arrêt de toute aide à l'organisation des élections, c'était ce mardi au tour de l'Union européenne de suspendre son assistance financière à la préparation du scrutin présidentiel. Une décision dont l'impact sera limité, puisque près de la moitié des 6 milliards de FCFA promis par l'UE ont déjà été débloqués. En retour, la junte a annoncé que les Ivoiriens prendraient eux-mêmes en charge l'organisation des élections. Le président de la Commission électorale nationale, Honoré Guié, a même donné sa caution à une initiative privée lancée à la télévision nationale pour collecter des fonds.
La classe politique française divisée
En France, où le ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine avait réagi prudemment le 9 octobre au verdict de la Cour suprême, la classe politique perçoit diversement la situation politique en Côte d'Ivoire. A droite, le RPR défend la non-ingérence. «Les gaullistes ne peuvent en aucun cas se prononcer sur les décisions de justice d'un pays étranger», a estimé sur RFI l'ancien ministre de la Coopération Jacques Godfrain. Toujours à droite, Thierry Jean-Pierre, député européen de Démocratie libérale (DL), condamne en revanche sans ménagement la décision des juges ivoiriens : «C'est une élection sans enjeu du moment où l'on élimine de façon plus ou moins légitime les autres prétendants. J'étais très content de voir monsieur Bédié partir. Mais je ne peux pas aujourd'hui lui dénier le droit d'être candidat.» Au Parti socialiste (PS), le responsable Afrique fait un parallèle avec la première élection présidentielle pluraliste qui avait opposé, il y a dix ans, feu le président Houphouët-Boigny et, déjà, Laurent Gbagbo. «On a le sentiment qu'il y aura un candidat de conservatisme dégradé, le général Gueï, qui sera à la place d'Houphouët-Boigny. Et il y aura toujours Laurent Gbagbo qui indiscutablement s'est toujours battu pour la démocratie», analyse Guy Labertit.
Pendant ce temps en Côte d'Ivoire, les états-majors des partis dont les candidats ont été écartés de la course, élaborent leur stratégie. Au Rassemblement des républicains (RDR), on s'achemine vers un appel au boycott du scrutin du 22 octobre, alors que, selon l'envoyée spéciale de RFI à Abidjan, des cadres du mouvement prônent l'organisation de journées villes mortes pour protester contre l'exclusion d'Alassane Ouattara. Au PDCI, l'ancien parti unique qui n'en finit pas de se diviser depuis le coup d'Etat du 24 décembre 1999, l'annonce de la liste des candidatures à la magistrature suprême a semé la confusion. Comme Alassane Ouattara, l'ancien président Henri Konan Bédié a dénoncé sur RFI une «mascarade» et appelle à la constitution d'un «front commun» pour le «boycott» de l'élection. D'aucuns y voient le signe d'un possible rapprochement entre les ennemis jurés d'hier. Mais il faudra aussi compter avec les anciens barons du parti d'Houphouët-Boigny qui ont rejoint le camp du général Gueï et qui, bien que minoritaires, ne défendent à l'évidence pas la même position.
La classe politique française divisée
En France, où le ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine avait réagi prudemment le 9 octobre au verdict de la Cour suprême, la classe politique perçoit diversement la situation politique en Côte d'Ivoire. A droite, le RPR défend la non-ingérence. «Les gaullistes ne peuvent en aucun cas se prononcer sur les décisions de justice d'un pays étranger», a estimé sur RFI l'ancien ministre de la Coopération Jacques Godfrain. Toujours à droite, Thierry Jean-Pierre, député européen de Démocratie libérale (DL), condamne en revanche sans ménagement la décision des juges ivoiriens : «C'est une élection sans enjeu du moment où l'on élimine de façon plus ou moins légitime les autres prétendants. J'étais très content de voir monsieur Bédié partir. Mais je ne peux pas aujourd'hui lui dénier le droit d'être candidat.» Au Parti socialiste (PS), le responsable Afrique fait un parallèle avec la première élection présidentielle pluraliste qui avait opposé, il y a dix ans, feu le président Houphouët-Boigny et, déjà, Laurent Gbagbo. «On a le sentiment qu'il y aura un candidat de conservatisme dégradé, le général Gueï, qui sera à la place d'Houphouët-Boigny. Et il y aura toujours Laurent Gbagbo qui indiscutablement s'est toujours battu pour la démocratie», analyse Guy Labertit.
Pendant ce temps en Côte d'Ivoire, les états-majors des partis dont les candidats ont été écartés de la course, élaborent leur stratégie. Au Rassemblement des républicains (RDR), on s'achemine vers un appel au boycott du scrutin du 22 octobre, alors que, selon l'envoyée spéciale de RFI à Abidjan, des cadres du mouvement prônent l'organisation de journées villes mortes pour protester contre l'exclusion d'Alassane Ouattara. Au PDCI, l'ancien parti unique qui n'en finit pas de se diviser depuis le coup d'Etat du 24 décembre 1999, l'annonce de la liste des candidatures à la magistrature suprême a semé la confusion. Comme Alassane Ouattara, l'ancien président Henri Konan Bédié a dénoncé sur RFI une «mascarade» et appelle à la constitution d'un «front commun» pour le «boycott» de l'élection. D'aucuns y voient le signe d'un possible rapprochement entre les ennemis jurés d'hier. Mais il faudra aussi compter avec les anciens barons du parti d'Houphouët-Boigny qui ont rejoint le camp du général Gueï et qui, bien que minoritaires, ne défendent à l'évidence pas la même position.
par Christophe Champin
Article publié le 11/10/2000