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Côte d''Ivoire

Le PDCI entre boycott et ralliement

L'ancien parti unique ivoirien a appelé ses partisans à bouder la prochaine élection présidentielle. Mais la position officielle du PDCI n'est pas, loin s'en faut, celle de tous ses responsables, dont une partie a déjà annoncé son ralliement à Robert Gueï.
Officiellement la décision est prise. Par la bouche de son secrétaire-général et président par intérim Laurent Dona Fologo, le Parti démocratique de Côte d'Ivoire a finalement lancé jeudi après-midi un appel au boycott de l'élection présidentielle du 22 octobre prochain. Officiellement donc, l'ancien parti unique a suivi les recommandations de l'ancien président ivoirien en exil, Henri Konan Bédié, qui reste toujours formellement à la tête du mouvement. Ce dernier avait appelé à un «front commun» pour protester contre une «mascarade électorale», laissant entendre qu'il pourrait conclure une alliance de circonstance avec son ennemi juré d'hier, Alassane Ouattara.

Divisions internes

En fait, l'exclusion des six candidats du PDCI à la présidentielle par Cour suprême, le 6 octobre dernier, a accentué les divisions au sein du mouvement. Le 11 octobre, un groupe de six députés, menés par l'ancien président du groupe PDCI de l'Assemblée nationale dissoute, Auguste Miremont, a ainsi annoncé le ralliement de soixante-quinze députés, sur les cent quarante cinq que comptait l'ex-parti unique, à la candidature du général Gueï. «Nous devons sauver notre parti qui n'a pas la culture de l'opposition», ont notamment argumenté les parlementaires, reprenant presque mot pour mot une phrase prononcée quelques mois plus tôt par Laurent Dona Fologo.

Dès le lendemain, certains des députés cités parmi les soixante-quinze ont démenti leur soutien au chef de la junte. Mais l'affaire est révélatrice des contradictions internes qui secouent ce mouvement autrefois tout puissant, depuis le coup d'Etat de Noël. Plusieurs de ses barons - dont l'ancien thuriféraire d'Houphouët-Boigny Balla Keïta, l'ex-ministre de la communication Danièle Boni-Claverie ou l'ancien ministre des Affaires présidentielles Paul Akoto Yao - figurent dans l'entourage proche du général Gueï. Et une partie des hauts responsables du PDCI voient en lui la seule personne capable de sauver le parti du naufrage et surtout de retrouver le pouvoir. Au mois d'août, le chef de la junte avait tenté en vain d'obtenir l'investiture du mouvement. Mais il avait trouvé sur sa route ceux qui refusaient de «donner leur mère», le PDCI, à «l'assassin de leur père», . Depuis, tous les représentants de l'ancien parti unique ont été éliminés de la course à la magistrature suprême et Robert Gueï espère à l'évidence obtenir sa revanche.



par Christophe  Champin

Article publié le 12/10/2000