Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Proche-Orient

Accouchement difficile

Après une pause de quelques heures, le sommet Arafat-Barak-Clinton a repris mardi matin à Charm el Cheikh. Le président Clinton a retardé son départ pour les Etats-Unis. Jusqu'à présent, les progrès enregistrés sont modestes et l'atmosphère est tendue.
A l'hôpital de Charm el Cheikh, l'accouchement est laborieux malgré les efforts intensifs du grand chirurgien Bill Clinton. Au bout de seize heures de tentatives à la césarienne et au forceps l'équipe médicale a décidé qu'il fallait se reposer et reprendre l'opération mardi. L'important est que le f£tus soit toujours vivant.

Le sommet de Charm el Cheikh, la station balnéaire égyptienne située à l'extrême sud de la péninsule du Sinaï sur la Mer Rouge, a débuté avec un baromètre signalant l'orage malgré un soleil éclatant. Tous les participants étaient arrivés sans trop d'illusions. Le président américain Bill Clinton, le Premier ministre israélien Ehoud Barak, le chef de l'autorité palestinienne Yasser Arafat, le roi Abdallah II de Jordanie, le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan et le Haut responsable de l'Union européenne pour la politique étrangère Javier Solana. Même l'hôte, le président égyptien Hosni Moubarak arrivait un peu à reculons. La journée a commencé par des entretiens bilatéraux entre les divers participants à l'exception d'Arafat et Barak. Ils se sont croisés dans les couloirs, ils se sont même retrouvés dans la même pièce en présence de tierces parties, ils se sont même serré la main de manière formelle loin des objectifs des caméras. Toutefois, ils ne se sont jamais adressé la parole.

Le sommet à proprement parler a commencé peu après 13 heures (11 heures TU) par une séance plénière où les président Moubarak et Clinton ont pris la parole. Ce dernier a insisté sur la nécessité de parvenir à une cessation des violences car il en allait pour l'avenir de la région. Un objectif que partageait le raïs sauf qu'il faisait endosser la responsabilité des événements sanglants à «l'agression et la répression israélienne». Lui aussi a mis en garde contre une poursuite de la violence qui «amènerait les extrémistes à prendre la relève». La séance a été levée au bout d'une vingtaine de minutes pour laisser la place au ballet diplomatique. Des consultations où le président Clinton jouait un rôle central en recevant tour à tour le Premier ministre israélien et le chef de l'autorité palestinienne. Le président Moubarak, le roi Abdallah et les autres chefs de délégations ont eux aussi pris part à des délibérations en tête-à-tête. Parallèlement, les ministres des affaires étrangères américains, israéliens, égyptiens et négociateur chef palestinien se sont plongés dans la tentative de rédaction d'un document qui servirait d'accord. Au cours des deux sessions ministérielles qui ont duré plusieurs heures l'atmosphère était tendue et Palestiniens et Israéliens ont eu des accrochages verbaux qui ont nécessité un arbitrage de la secrétaire américaine Madeleine Albright qui a indiqué que «l'on n'était pas sur CNN». Israéliens et Palestiniens étaient d'accord sur une seule chose : les discussions étaient« compliquées et difficiles».

Une délivrance ou un avortement ?

Finalement quelques progrès ont pu être réalisés sur des points de détail comme la convocation d'un comité technique sur la sécurité composé des chefs des services de renseignements israélien et palestinien et supervisé par les Américains. Mais l'on buttait toujours sur des questions de terminologie comme «retrait» ou «redéploiement». Bref, les obstacles étaient les mêmes à 4 heures (2 heures TU) mardi. Côté palestinien on exigeait un retrait de l'armée israélienne aux positions qu'elle occupait avant le 28 septembre, avant que n'éclate «l'Intifada 2K», et la constitution d'une commission d'enquête internationale tandis que les Israéliens sommaient les Palestiniens de mettre fin à la violence, d'arrêter les membres du Hammas et du Djihad islamique libérés jeudi.

Les travaux ont repris mardi, mais le temps presse. Bill Clinton doit quitter à midi (10 heures TU) pour se rendre aux funérailles des marins du USS Cole. L'accouchement se terminera-t-il par une délivrance ou un avortement ? Pour éviter l'échec on prévoit déjà une «déclaration présidentielle» de Bill Clinton insistant sur la nécessité d'arrêter la violence et qui serait approuvée tacitement mais pas signée par Barak et Arafat.



par A Charm el Cheikh, Alexandre  Buccianti

Article publié le 17/10/2000