Proche-Orient
Accord au forceps
On a évité l'avortement mais l'accouchement laborieux s'est fait au forceps et sans anesthésie. Mais le chétif nouveau-né survivra-t-il ? Du chirurgien chef Clinton aux infirmiers de l'ONU et de l'UE en passant par les parents, on a des doutes !
Le sommet de Charm el Cheikh, la station balnéaire égyptienne située à l'extrême sud de la péninsule du Sinaï sur la Mer Rouge était au niveau des expectatives très modestes formulées dès le départ : Une trêve en attendant des jours meilleurs. Une de ces acrobaties rhétoriques dont William Jefferson Clinton, plus connu comme «Bill» qui ne perd jamais la boule, a le secret.
Démonstration : D'abord l'accord n'est pas signé ! Mais les deux parties l'ont accepté publiquement puisque, comme dans les mariages, elles n'ont pas dit «non» à haute et intelligible voix à Monseigneur Clinton. Voici l'acte tel qu'énoncé par le président de la seule superpuissance terrestre : «Israéliens et Palestiniens vont publiquement appeler sans équivoque à la fin de la violence» et aussi «retourner immédiatement à la situation qui prévalait avant la crise actuelle». Facile pour les Israéliens pour qui il suffit d'ordonner aux soldats de cesser de triturer la gâchette à moins qu'ils ne soient sérieusement menacés, difficile pour les Palestiniens qui doivent contenir ces dizaines de milliers de lanceurs de pierres, frondeurs par définition. «Les deux parties vont prendre des actions immédiates dans des domaines comme le rétablissement de l'ordre public» (comprenez : les forces de l'ordre palestiniennes doivent réprimer les «fauteurs de trouble» qu'ils soient lapidaires ou membres du Hammas ou du Djihad islamique ), «le redéploiement des forces» (l'armée israélienne doit retirer ses tanks et ses troupes vers les positions qui étaient les siennes avant l'Intifada 2000 c'est à dire en dehors des zones palestiniennes). Notons à cet égard que les Palestiniens exigeaient le mot «retrait» mais que les Israéliens voulaient «redéploiement» qui, expliquait un officiel de l'Etat hébreu ne sous entend pas «occupation». «L'élimination des points de friction» et «la promotion de la coopération en matière de sécurité». Le contrat comprend aussi «la levée du blocus et la réouverture de l'aéroport de Gaza». Des mesures imposées par Israël et que le négociateur en chef palestinien Saëb Erekat avait violemment dénoncé au cours des pourparlers de Charm el Cheikh lundi 16 octobre. Selon lui il s'agissait d'une mesure visant à «affamer le peuple palestinien».
Une déclaration de bonnes intentions
Mais le règlement de la question la plus épineuse, celle qui avait fait échouer les négociations de Paris et qui menaçait de couler le sommet de Charm el Cheikh, est un pur chef-d'£uvre personnel du président Clinton. Le chef de l'administration américaine a en effet totalement écarté les responsables du département d'Etat quand il s'est agi de régler cette affaire ultra-sensible. Il a engagé un vrai marathon qui a duré presque toute la nuit de lundi à mardi pour convaincre le Premier ministre israélien Ehoud Barak et le chef de l'autorité palestinienne Yasser Arafat. Tête-à-tête avec Barak auquel succédait une conversation entre quatre yeux avec Arafat avant de revenir à Ehoud puis à Yasser. Une négociation à l'usure et sans doute ponctuée par quelque coup de poing sur la table. Le résultat est de la pure dentelle à travers laquelle chacun peut voir ce qu'il veut. Voici la formule trouvée : «les Etats-Unis vont créer avec les Israéliens et les Palestiniens, en consultation avec le secrétaire général des Nations Unies, une commission d'enquête sur les événements de ces dernières semaines, et destinée aussi à empêcher leur répétition». Les Palestiniens ont la couleur «internationale» qu'ils exigeaient sous la forme de l'ONU et les Israéliens ont le Grand frère américain au poste de commande. C'est en effet le président des Etats-Unis qui aura le dernier mot au terme de l'enquête puisque c'est à lui que le rapport doit être remis avant publication.
Le reste n'est qu'une déclaration de bonnes intentions où le président américain reconnaît quand même que «l'accord risque d'être décevant pour certains». Des responsables du Fatah, la principale organisation de Yasser Arafat l'ont déjà fait savoir en affirmant que «la révolte va se poursuivre» !
Démonstration : D'abord l'accord n'est pas signé ! Mais les deux parties l'ont accepté publiquement puisque, comme dans les mariages, elles n'ont pas dit «non» à haute et intelligible voix à Monseigneur Clinton. Voici l'acte tel qu'énoncé par le président de la seule superpuissance terrestre : «Israéliens et Palestiniens vont publiquement appeler sans équivoque à la fin de la violence» et aussi «retourner immédiatement à la situation qui prévalait avant la crise actuelle». Facile pour les Israéliens pour qui il suffit d'ordonner aux soldats de cesser de triturer la gâchette à moins qu'ils ne soient sérieusement menacés, difficile pour les Palestiniens qui doivent contenir ces dizaines de milliers de lanceurs de pierres, frondeurs par définition. «Les deux parties vont prendre des actions immédiates dans des domaines comme le rétablissement de l'ordre public» (comprenez : les forces de l'ordre palestiniennes doivent réprimer les «fauteurs de trouble» qu'ils soient lapidaires ou membres du Hammas ou du Djihad islamique ), «le redéploiement des forces» (l'armée israélienne doit retirer ses tanks et ses troupes vers les positions qui étaient les siennes avant l'Intifada 2000 c'est à dire en dehors des zones palestiniennes). Notons à cet égard que les Palestiniens exigeaient le mot «retrait» mais que les Israéliens voulaient «redéploiement» qui, expliquait un officiel de l'Etat hébreu ne sous entend pas «occupation». «L'élimination des points de friction» et «la promotion de la coopération en matière de sécurité». Le contrat comprend aussi «la levée du blocus et la réouverture de l'aéroport de Gaza». Des mesures imposées par Israël et que le négociateur en chef palestinien Saëb Erekat avait violemment dénoncé au cours des pourparlers de Charm el Cheikh lundi 16 octobre. Selon lui il s'agissait d'une mesure visant à «affamer le peuple palestinien».
Une déclaration de bonnes intentions
Mais le règlement de la question la plus épineuse, celle qui avait fait échouer les négociations de Paris et qui menaçait de couler le sommet de Charm el Cheikh, est un pur chef-d'£uvre personnel du président Clinton. Le chef de l'administration américaine a en effet totalement écarté les responsables du département d'Etat quand il s'est agi de régler cette affaire ultra-sensible. Il a engagé un vrai marathon qui a duré presque toute la nuit de lundi à mardi pour convaincre le Premier ministre israélien Ehoud Barak et le chef de l'autorité palestinienne Yasser Arafat. Tête-à-tête avec Barak auquel succédait une conversation entre quatre yeux avec Arafat avant de revenir à Ehoud puis à Yasser. Une négociation à l'usure et sans doute ponctuée par quelque coup de poing sur la table. Le résultat est de la pure dentelle à travers laquelle chacun peut voir ce qu'il veut. Voici la formule trouvée : «les Etats-Unis vont créer avec les Israéliens et les Palestiniens, en consultation avec le secrétaire général des Nations Unies, une commission d'enquête sur les événements de ces dernières semaines, et destinée aussi à empêcher leur répétition». Les Palestiniens ont la couleur «internationale» qu'ils exigeaient sous la forme de l'ONU et les Israéliens ont le Grand frère américain au poste de commande. C'est en effet le président des Etats-Unis qui aura le dernier mot au terme de l'enquête puisque c'est à lui que le rapport doit être remis avant publication.
Le reste n'est qu'une déclaration de bonnes intentions où le président américain reconnaît quand même que «l'accord risque d'être décevant pour certains». Des responsables du Fatah, la principale organisation de Yasser Arafat l'ont déjà fait savoir en affirmant que «la révolte va se poursuivre» !
par A Charm el Cheikh, Alexandre Buccianti
Article publié le 17/10/2000