Côte d''Ivoire
Ahpha Blondy, une voix qui porte
Depuis vingt ans, il fait danser toute l'Afrique. Chacune des prestations de l'Ivoirien Alpha Blondy est un événement. Avant l'élection présidentielle dans son pays, le concert à Paris du leader d'opinion était très attendu. Il n'a jamais caché son opposition à la junte au pouvoir et à Bercy mercredi soir, le régime du général Gueï en a pris pour son grade.
Alpha Blondy est une grande gueule et il sait s'en servir. S'il est devenu un porte-voix, c'est que sa voix porte. Sans crier, sans hausser le ton. De plus, le musicien jouit d'une très bonne diction. Alors lorsqu'à Bercy, au bout d'une heure de concert, entamé par le titre « Jerusalem » (d'une actualité criante), il lâche « On ne veut pas de guerre civile chez nous », pendant une seconde le Palais omnisports de Bercy tressaille, retient son souffle et un tonnerre d'applaudissements éclate. Ils sont Ivoiriens bien sûr mais aussi Sénégalais, Maliens, Burkinabés et Français. Le POPB, la plus grande salle parisienne n'est pas plein et c'est tant mieux pour danser.
«Nous disons non à cette fusillocratie, la voix des urnes contre la voix des armes, la démocratie du peuple contre la démocratie du fusil », assène Alpha Blondy qui arpente la scène entre cuivres et percussions. Le rasta de Cocody s'est réveillé, se dit-on. Depuis le début il enchaînait les titres, tous repris en ch£ur, sans faire la moindre allusion à la situation politique de son pays. Le bonhomme aura donc tenu une heure et puis, il enchaîne : « on veut faire de nous de la pâte à canon ! Qu'ils aillent se rhabiller ! ».
Bercy est en forme. Oubliés la pluie qui tombe à verse et les embouteillages parisiens qui ont paralysé les abords de la salle de concert. On est dans le vif du sujet. La diaspora jubile sur «Fanta Diallo», « Masada », «Rasta Poue» et autres « Black samouraï». Et puis sur l'air d'une célèbre chanson de Gilbert Bécaud, Alpha Blondy poursuit « Et maintenant qu'allons-nous faire ? Les militaires ont mis le pays par terre. J'ai intérêt à me taire sinon ils vont me mettre six pieds sous terre ». Tralala.
Leader d'opinion
L'artiste a fait venir ses copains pour faire la fête. Meiway, Pierpoljak dans un joyeux désordre. Une reprise des Touré Kounda. Le répertoire habituel d'Alpha Blondy, si l'on ose dire avec sa dénonciation de la corruption et «le diable par la queue». Instant poignant : la salle entière qui entonne à capella «au clair de la lune mon ami Zongo», l'hommage posthume au journaliste burkinabé assassiné.
Sur scène, ils sont nombreux, les copains défilent, l'un d'eux prend le micro. « N'oubliez pas le Burundi, le Rwanda, l'Algérie, l'Angola (à) on ne veut pas de guerre civile chez nous, vive la Côte d'Ivoire, vive Alpha Blondy ! ».
Et pourquoi pas Alpha président tant qu'on y est ? Si les textes d'Alpha Blondy ont toujours été aiguisés, la personnalité de l'artiste s'est imposée au fil des ans. Agé de quarante-sept ans, de son vrai nom Seydou Koné, Alpha Blondy est aujourd'hui un leader d'opinion.
Et il dérange. En témoigne en septembre dernier la perquisition à son domicile par les militaires ivoiriens. Tout récemment encore il appelait à voter pour Laurent Gbagbo (FPI), dimanche, pour donner une leçon à Robert Gueï .
Deux heures plus tard, Bercy est en nage, Jack Lang, le ministre de l'Education nationale, dans les gradins, l'est aussi. Dans un dernier rappel avec les jeunes rappeurs de La brigade, on se quitte sur un «Brigadier Sabari» et son refrain. Alpha Blondy remercie toute le monde, ses musiciens, Paris, la Côte d'Ivoire, ses copainsà sans oublier Marie-Jeanne, dont les volutes planent encore au-dessus de la scène.
«Nous disons non à cette fusillocratie, la voix des urnes contre la voix des armes, la démocratie du peuple contre la démocratie du fusil », assène Alpha Blondy qui arpente la scène entre cuivres et percussions. Le rasta de Cocody s'est réveillé, se dit-on. Depuis le début il enchaînait les titres, tous repris en ch£ur, sans faire la moindre allusion à la situation politique de son pays. Le bonhomme aura donc tenu une heure et puis, il enchaîne : « on veut faire de nous de la pâte à canon ! Qu'ils aillent se rhabiller ! ».
Bercy est en forme. Oubliés la pluie qui tombe à verse et les embouteillages parisiens qui ont paralysé les abords de la salle de concert. On est dans le vif du sujet. La diaspora jubile sur «Fanta Diallo», « Masada », «Rasta Poue» et autres « Black samouraï». Et puis sur l'air d'une célèbre chanson de Gilbert Bécaud, Alpha Blondy poursuit « Et maintenant qu'allons-nous faire ? Les militaires ont mis le pays par terre. J'ai intérêt à me taire sinon ils vont me mettre six pieds sous terre ». Tralala.
Leader d'opinion
L'artiste a fait venir ses copains pour faire la fête. Meiway, Pierpoljak dans un joyeux désordre. Une reprise des Touré Kounda. Le répertoire habituel d'Alpha Blondy, si l'on ose dire avec sa dénonciation de la corruption et «le diable par la queue». Instant poignant : la salle entière qui entonne à capella «au clair de la lune mon ami Zongo», l'hommage posthume au journaliste burkinabé assassiné.
Sur scène, ils sont nombreux, les copains défilent, l'un d'eux prend le micro. « N'oubliez pas le Burundi, le Rwanda, l'Algérie, l'Angola (à) on ne veut pas de guerre civile chez nous, vive la Côte d'Ivoire, vive Alpha Blondy ! ».
Et pourquoi pas Alpha président tant qu'on y est ? Si les textes d'Alpha Blondy ont toujours été aiguisés, la personnalité de l'artiste s'est imposée au fil des ans. Agé de quarante-sept ans, de son vrai nom Seydou Koné, Alpha Blondy est aujourd'hui un leader d'opinion.
Et il dérange. En témoigne en septembre dernier la perquisition à son domicile par les militaires ivoiriens. Tout récemment encore il appelait à voter pour Laurent Gbagbo (FPI), dimanche, pour donner une leçon à Robert Gueï .
Deux heures plus tard, Bercy est en nage, Jack Lang, le ministre de l'Education nationale, dans les gradins, l'est aussi. Dans un dernier rappel avec les jeunes rappeurs de La brigade, on se quitte sur un «Brigadier Sabari» et son refrain. Alpha Blondy remercie toute le monde, ses musiciens, Paris, la Côte d'Ivoire, ses copainsà sans oublier Marie-Jeanne, dont les volutes planent encore au-dessus de la scène.
par Sylvie Berruet
Article publié le 19/10/2000