Proche-Orient
Les modérés s'imposent au Caire
Le sommet arabe a menacé dimanche au Caire de geler ses relations avec Israël et a décidé d'une aide financière d'un milliard de dollars aux Palestiniens, suite aux affrontements sanglants dans les territoires palestiniens qui ont fait près de 130 morts depuis le 28 septembre. L'Etat hébreu a salué «une victoire de la sagesse dans le monde
arabe».
arabe».
De notre correspondant en Egypte
Ce sont finalement les modérés qui ont imposé leurs vues. Exit jihad et autres guerres saintes réclamées par les Irakiens et les Soudanais. Mais cela ne veut pas dire, pour autant, qu'Israël n'a pas été voué aux gémonies. L'Etat hébreu est rendu responsable de toutes les provocations profanations, racisme et non-respect des engagements qui ont provoqué l'Intifada. La répression sanglante qui s'en est suivie a été durement condamnée. Les pays arabes, à l'instar d'Israël, ont implicitement décrété une pause dans le processus de paix jusqu'à ce qu'Israël applique les résolutions de l'ONU et les différends accord signés. Cela va du retrait de tous les territoires arabes occupés (Cisjordanie, colonies de peuplement comprises, Golan et la parcelle contestée de Chebaa au Sud Liban), à la libération de tous les prisonniers.
Trois types de mesures ont été adoptées par les participants au sommet arabe du Caire. Les premières font appel à la communauté internationale. La résolution demande au Conseil de sécurité et à l'ONU d'assurer la protection des Palestiniens par le biais d'une force internationale d'interposition. Le texte comprend aussi un appel pour la création d'une commission d'enquête et d'un tribunal pénal international pour déterminer et juger les « criminels » responsables des violences. Un tribunal qui serait calqué sur ceux créés pour juger les criminels de guerre du Rwanda et de l'ex-Yougoslavie. Une résolution qui va certainement se heurter à un veto américain. Le secrétaire général de la Ligue arabe, l'Egyptien Esmat Abdel Méguid a reconnu que « ce sera difficile mais c'est une position de principe ».
Arafat: «L'Intifada vaincra!»
Au niveau interne arabe, le communiqué demande aux pays arabes ayant des relations avec Israël de les suspendre. La mesure concerne la Mauritanie (qui a établi des relations diplomatiques avec Israël) et le Maroc, la Tunisie, Qatar et Oman qui ont établi des missions de représentations ou des bureaux commerciaux. Le Maroc et Oman l'ont fait il y a quelques jours et la Tunisie vient de le faire ce dimanche 22 octobre et le Qatar y pense. Toutefois, les pays ayant signé des traités de paix avec Israël ne sont pas concernés. Il s'agit de l'Egypte et de la Jordanie qui ont avancé qu'en cas de rupture de leurs relations diplomatiques avec l'Etat hébreu, ce geste pourrait être considéré comme une dénonciation du traité de paix qui les placerait en porte à faux vis à vis de la communauté internationale. Le non dit c'est qu'une telle rupture menacerait l'aide économique et militaire américaine qui s'élève annuellement à 2, 2 milliards de dollars pour l'Egypte et à 330 millions pour la Jordanie. Le communiqué appelle aussi à l'arrêt de « l'infiltration » israélienne dans les économies arabes. Un article dont l'application rigoureuse pourrait équivaloir à un boycott de tout ce qui est israélien ou soupçonné d'être lié à l'Etat hébreu. Par ailleurs, les pays arabes ont menacé de rompre leurs relations diplomatiques avec tout pays qui transférerait son ambassade à Jérusalem.
Mais les mesures qui auront sans doute le plus d'impact sur le terrain sont d'ordre économique : la création de deux fonds de soutien aux Palestiniens. Un fond pour l'Intifada pour subvenir aux besoins vitaux des familles des victimes. Un fonds baptisé «Al Aqsa» qui vise à empêcher la poursuite de la judaïsation de Jérusalem-Est et à réaffirmer le caractère arabe et islamique de cette partie de la ville sainte. Des mesures qui ressemblent fort aux préparatifs d'une guerre d'usure non déclarée (ou déclarée par les Israéliens selon les Arabes). De quoi permettre au chef de l'autorité palestinienne Yasser Arafat d'assurer à la télévision égyptienne que «l'Intifada se poursuivra et vaincra» ! Reste que ce réalisme risque fort de décevoir l'opinion publique arabe qui manifeste chaque jour contre Israël et les Etats-Unis. Verra-t-on les manifestants s'en prendre à leurs gouvernements ?
Ce sont finalement les modérés qui ont imposé leurs vues. Exit jihad et autres guerres saintes réclamées par les Irakiens et les Soudanais. Mais cela ne veut pas dire, pour autant, qu'Israël n'a pas été voué aux gémonies. L'Etat hébreu est rendu responsable de toutes les provocations profanations, racisme et non-respect des engagements qui ont provoqué l'Intifada. La répression sanglante qui s'en est suivie a été durement condamnée. Les pays arabes, à l'instar d'Israël, ont implicitement décrété une pause dans le processus de paix jusqu'à ce qu'Israël applique les résolutions de l'ONU et les différends accord signés. Cela va du retrait de tous les territoires arabes occupés (Cisjordanie, colonies de peuplement comprises, Golan et la parcelle contestée de Chebaa au Sud Liban), à la libération de tous les prisonniers.
Trois types de mesures ont été adoptées par les participants au sommet arabe du Caire. Les premières font appel à la communauté internationale. La résolution demande au Conseil de sécurité et à l'ONU d'assurer la protection des Palestiniens par le biais d'une force internationale d'interposition. Le texte comprend aussi un appel pour la création d'une commission d'enquête et d'un tribunal pénal international pour déterminer et juger les « criminels » responsables des violences. Un tribunal qui serait calqué sur ceux créés pour juger les criminels de guerre du Rwanda et de l'ex-Yougoslavie. Une résolution qui va certainement se heurter à un veto américain. Le secrétaire général de la Ligue arabe, l'Egyptien Esmat Abdel Méguid a reconnu que « ce sera difficile mais c'est une position de principe ».
Arafat: «L'Intifada vaincra!»
Au niveau interne arabe, le communiqué demande aux pays arabes ayant des relations avec Israël de les suspendre. La mesure concerne la Mauritanie (qui a établi des relations diplomatiques avec Israël) et le Maroc, la Tunisie, Qatar et Oman qui ont établi des missions de représentations ou des bureaux commerciaux. Le Maroc et Oman l'ont fait il y a quelques jours et la Tunisie vient de le faire ce dimanche 22 octobre et le Qatar y pense. Toutefois, les pays ayant signé des traités de paix avec Israël ne sont pas concernés. Il s'agit de l'Egypte et de la Jordanie qui ont avancé qu'en cas de rupture de leurs relations diplomatiques avec l'Etat hébreu, ce geste pourrait être considéré comme une dénonciation du traité de paix qui les placerait en porte à faux vis à vis de la communauté internationale. Le non dit c'est qu'une telle rupture menacerait l'aide économique et militaire américaine qui s'élève annuellement à 2, 2 milliards de dollars pour l'Egypte et à 330 millions pour la Jordanie. Le communiqué appelle aussi à l'arrêt de « l'infiltration » israélienne dans les économies arabes. Un article dont l'application rigoureuse pourrait équivaloir à un boycott de tout ce qui est israélien ou soupçonné d'être lié à l'Etat hébreu. Par ailleurs, les pays arabes ont menacé de rompre leurs relations diplomatiques avec tout pays qui transférerait son ambassade à Jérusalem.
Mais les mesures qui auront sans doute le plus d'impact sur le terrain sont d'ordre économique : la création de deux fonds de soutien aux Palestiniens. Un fond pour l'Intifada pour subvenir aux besoins vitaux des familles des victimes. Un fonds baptisé «Al Aqsa» qui vise à empêcher la poursuite de la judaïsation de Jérusalem-Est et à réaffirmer le caractère arabe et islamique de cette partie de la ville sainte. Des mesures qui ressemblent fort aux préparatifs d'une guerre d'usure non déclarée (ou déclarée par les Israéliens selon les Arabes). De quoi permettre au chef de l'autorité palestinienne Yasser Arafat d'assurer à la télévision égyptienne que «l'Intifada se poursuivra et vaincra» ! Reste que ce réalisme risque fort de décevoir l'opinion publique arabe qui manifeste chaque jour contre Israël et les Etats-Unis. Verra-t-on les manifestants s'en prendre à leurs gouvernements ?
par Alexandre Buccianti
Article publié le 22/10/2000