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Présidentielle 2000

Laurent Gbagbo proclamé président

La Commission nationale électorale a annoncé jeudi après-midi que Laurent Gbagbo a remporté la présidentielle de dimanche avec 59,36% des suffrages, contre 32,72 à Robert Gueï. Le taux de participation a été d'environ 37%. Gbagbo devrait être investi président dès ce jeudi soir.
Selon notre envoyé spécial Christophe Champin, le domicile abidjanais d'Alassane Ouattara, qui a réclamé de nouvelles élections présidentielles, a été pris d'assaut par de nombreux militants du FPI, et des éléments de la gendarmerie ont échangé des coups de feu avec des gardes du corps de l'ancien premier ministre, qui a pu néanmoins se réfugier dans l'ambassade allemande située tout près de sa villa, où il a ensuite rencontré le général Mathias Doué, le numéro deux de l'ancienne junte, apparemment chargé d'une médiation. D'après un officier de la gendarmerie, ce sont les Dozos - chasseurs traditionnels originaires du nord du pays, souvent utilisés comme gardiens de sécurité - qui ont tiré sur un groupe de manifestants anti-Ouattara qui s'approchaient de la résidence du leader du RDR, dans le quartier de Blokosso, près de Cocody. La riposte des gendarmes ne s'est faite attendre : ils ont ouvert le feu sur les gardiens d'Ouattara depuis les étages supérieurs de bâtiments du quartier. Selon le RDR (le parti de Ouattara), tôt jeudi matin les gendarmes avaient tenté d'arrêter l'ancien premier ministre originaire du Nord, ce qui a provoqué la riposte violente de ses gardiens Dozos. Notre envoyé spécial a pu constater que quatre cadavres jonchaient les rues, non loin de la résidence de Ouattara, après le départ de trois blindés de l'armée ivoirienne qui avaient tenté de s'interposer entre les deux groupes de manifestants.

De son côté l'imam Idriss Koudouss, qui préside le Conseil national islamique (CNI, proche d'Ouattara) et avait fait campagne en faveur du boycott du scrutin de dimanche dernier, a déclaré qu'il avait téléphoné à l'ambassadeur de France pour lui « demander de dire à Laurent Gbagbo de dire à ses gens d'arrêter ».

Le général Gueï a probablement «regagné son village d'origine»

La veille au soir une véritable démonstration de force avait été lancée par les militants du RDR d'Ouattara, qui ont défilé dans certains quartiers d'Abidjan, peu après que les différents corps de l'armée se soient rangés du côté de Laurent Gbagbo, notamment dans le quartier « nordiste » d'Abobo. C'est dans ce quartier situé au nord de la capitale économique ivoirienne que, selon un premier bilan publié par le CNI, quatorze personnes ont été tuées ce jeudi matin, notamment lors de l'attaque d'une mosquée. Certaines par balle et d'autres après des bastonnades.

Quant au sort de Robert Gueï, le ministère français de la Défense a déclaré jeudi qu'il n'y avait aucune certitude sur le lieu où il se trouve actuellement, mais qu'il «pourrait se trouver dans son village d'origine», près de la fronitère guinéenne. Le porte-parole de la Défense, Jean-François Bureau, a ajouté qu'aucun hélicoptère français basé en Côte d'Ivoire «n'avait volé mercredi», démentant ainsi des rumeurs selon lesquelles l'armée française aurait joué un rôle dans l'évacuation du général et de sa famille (dont une partie a été vue à Cotonou, au Bénin).

M. Bureau a d'autre affirmé que les activités de Jannou Lacaze, ancien chef d'état-major de l'armée française actuellement à la retraite, «étaient d'ordre privé». «Cet officier général, dont la carrière est excellente, n'exerce plus aucune activité impliquant les armées françaises», a-t-il précisé. Des opposants et des médias ont dernièrement révélé le rôle de conseiller politique et militaire que joue depuis plusieurs mois le général Jannou Lacaze auprès du général putschiste Robert Gueï.



par Elio  Comarin

Article publié le 26/10/2000