Présidentielle 2000
Laurent Gbagbo, ou la victoire d'un « champion du 100 mètres »
A Abidjan, on les appelait « les champions du 100 mètres », dans les années soixante-dix. C'étaient des étudiants ou des jeunes chômeurs qui avaient appris à courir presque aussi vite que Carl Lewis, lorsque la police d'Houphouët-Boigny commençait à charger les manifestants, à l'Université ou dans les rues de la capitale. Des charges très violentes et qui se terminaient souvent à la prison centrale.
Laurent Gbagbo en est aujourd'hui le principal représentant, car, avant de connaître les honneurs de la victoire, il a expérimenté à la fois la marginalisation, l'exil et la prison. Comme de nombreux autres opposants d'un régime à la fois patriarcal et paternaliste qui n'a pas hésité à envoyer la troupe mâter dans le sang la révolte de Gagnoa. Gagnoa ville-martyre, mais aussi ville natale d'un certain Gbagbo Laurent. Un épisode que l'on évoque rarement en Côte d'Ivoire, pour ne pas ternir l'image du « Vieux ». Mais que nul n'a oublié.
Laurent Gbagbo est né tout près de cette ville bété de l'ouest ivoirien, mais c'est à Abidjan qu'il a obtenu sa licence d'histoire, en 1969. Avant de se retrouver en prison pour ses activités de syndicaliste et d'opposant. C'est dans le camp militaire de Séguéla qu'il passe ainsi deux longues années : une « expérience » pas facile mais qui lui permet néanmoins de mieux connaître les milieux militaires, et des (futurs) généraux, dont un certain Robert Gueï.
Chercheur à l'Institut d'Histoire africaine d'Abidjan à partir de 1974, il en prend la direction en 1980 après avoir publié trois ouvrages consacrés à la Côte d'Ivoire avant l'indépendance, à la Conférence de Brazzaville et à l'épopée de Soundjata. Syndicaliste et opposant farouche, il crée, dans la clandestinité en compagnie de quelques collègues ce qui deviendra plus tard le FPI (Front populaire ivoirien). Mais le pouvoir ne le lâche pas. Considéré comme le principal instigateur du prétendu « complot des enseignants » en 1982, il est contraint à l'exil, en France, jusqu'en 1988.
C'est à Paris qu'il noue de précieux contacts avec les milieux africanistes, y compris à l'extrême-gauche, notamment autour de la revue « Libération Afrique ». Mais il n'oublie pas d'approcher aussi le PS de François Mitterrand, même si celui-ci n'apprécie guère cette « grande gueule » qui ne cesse de dénoncer « l'ami Houphouët ». Aussi, c'est seulement avec le badge de journaliste de « Libération Afrique » qu'il peut suivre le congrès du PS de Bourg en Bresse, en 1983. Finalement, de plus en plus déterminé à entrer en politique, il choisit de rentrer au pays, alors que le « Vieux » est toujours aux commandes, en 1988, grâce à la médiation d'un ami commun : l'homme d'affaires Abdoulaye Diallo. Houphouët-Boigny sait aussi passer l'éponge, car, dit-il, « l'arbre ne se fâche pas contre l'oiseau ». Si celui-ci décide de revenir à la maison.
Mais Gbagbo ne rentre pour autant pas dans les rangs. Le FPI est aussitôt lancé, « la rose au poing », même si l'hôte de l'Elysée ne décolère toujours pas. Finalement, en 1990, « le Vieux » comprend que le temps est venu d'installer le multipartisme. Et le FPI peut enfin entrer dans l'Internationale socialiste par la porte principale. Dans la foulée, Laurent Gbagbo ose même défier le « président de tous les Ivoiriens », en 1990, et obtient un score presque inattendu : 18%. Cinq ans plus tard, il opte pour le boycott, en compagnie d'Alassane Ouattara, lorsqu'il s'agit d'affronter Henri Konan Bédié. Et le regrettera, car « les absents ont toujours tort ». Cinq ans plus tard, il ne fera pas la même faute.
Laurent Gbagbo est né tout près de cette ville bété de l'ouest ivoirien, mais c'est à Abidjan qu'il a obtenu sa licence d'histoire, en 1969. Avant de se retrouver en prison pour ses activités de syndicaliste et d'opposant. C'est dans le camp militaire de Séguéla qu'il passe ainsi deux longues années : une « expérience » pas facile mais qui lui permet néanmoins de mieux connaître les milieux militaires, et des (futurs) généraux, dont un certain Robert Gueï.
Chercheur à l'Institut d'Histoire africaine d'Abidjan à partir de 1974, il en prend la direction en 1980 après avoir publié trois ouvrages consacrés à la Côte d'Ivoire avant l'indépendance, à la Conférence de Brazzaville et à l'épopée de Soundjata. Syndicaliste et opposant farouche, il crée, dans la clandestinité en compagnie de quelques collègues ce qui deviendra plus tard le FPI (Front populaire ivoirien). Mais le pouvoir ne le lâche pas. Considéré comme le principal instigateur du prétendu « complot des enseignants » en 1982, il est contraint à l'exil, en France, jusqu'en 1988.
C'est à Paris qu'il noue de précieux contacts avec les milieux africanistes, y compris à l'extrême-gauche, notamment autour de la revue « Libération Afrique ». Mais il n'oublie pas d'approcher aussi le PS de François Mitterrand, même si celui-ci n'apprécie guère cette « grande gueule » qui ne cesse de dénoncer « l'ami Houphouët ». Aussi, c'est seulement avec le badge de journaliste de « Libération Afrique » qu'il peut suivre le congrès du PS de Bourg en Bresse, en 1983. Finalement, de plus en plus déterminé à entrer en politique, il choisit de rentrer au pays, alors que le « Vieux » est toujours aux commandes, en 1988, grâce à la médiation d'un ami commun : l'homme d'affaires Abdoulaye Diallo. Houphouët-Boigny sait aussi passer l'éponge, car, dit-il, « l'arbre ne se fâche pas contre l'oiseau ». Si celui-ci décide de revenir à la maison.
Mais Gbagbo ne rentre pour autant pas dans les rangs. Le FPI est aussitôt lancé, « la rose au poing », même si l'hôte de l'Elysée ne décolère toujours pas. Finalement, en 1990, « le Vieux » comprend que le temps est venu d'installer le multipartisme. Et le FPI peut enfin entrer dans l'Internationale socialiste par la porte principale. Dans la foulée, Laurent Gbagbo ose même défier le « président de tous les Ivoiriens », en 1990, et obtient un score presque inattendu : 18%. Cinq ans plus tard, il opte pour le boycott, en compagnie d'Alassane Ouattara, lorsqu'il s'agit d'affronter Henri Konan Bédié. Et le regrettera, car « les absents ont toujours tort ». Cinq ans plus tard, il ne fera pas la même faute.
par Elio Comarin
Article publié le 25/10/2000