Présidentielle 2000
Putsch électoral du général Gueï
Le ministère de l'Intérieur a annoncé mardi après-midi la «victoire» de Robert Gueï à la présidentielle de dimanche et la dissolution de la Commission nationale électorale. Alors que tout le monde s'attendait à ce que celle-ci confirme la victoire de Laurent Gbagbo. Celui-ci a aussitôt demandé «à tous les patriotes de descendre en ville dans tous les quartiers jusqu'à ce que Gueï recule». Pour sa part la France a mis en garde la junte du général Gueï «contre toute tentative de contrarier» la volonté exprimée par le peuple ivoirien.
Au moment même où on s'attendait à l'annonce officielle de la victoire du leader socialiste Laurent Gbagbo à l'élection présidentielle de dimanche 22 octobre 2000, le général Gueï, chef de la junte au pouvoir depuis décembre 1999 a été déclaré vainqueur par le ministre de l'Intérieur. En même temps la Commission électorale nationale (CNE) a été dissoute et son président Honoré Guié conduit sous escorte jusqu'au palais présidentiel.
La riposte du «vainqueur sorti des urnes», Laurent Gbagbo, ne s'est pas faite attendre. «Dès à présent, c'est moi le chef de l'Etat de Côte d'Ivoire, a-t-il dit. Je déclare dissous le gouvernement de transition. Je demande à tous les patriotes ivoiriens de descendre en ville dans tous les quartiers jusqu'à ce que Gueï recule».
Selon notre envoyé spécial, Christophe Champin, des manifestations ont aussitôt éclaté dans plusieurs quartiers d'Abidjan; des milliers de personnes ont envahi les rues du quartier de Yopougon, où un cortège s'est mis en marche sur la grande route à quatre voies qui mène vers le quartier administratif du Plateau, aux cris de «Gueï voleur», «Gueï quitte le pouvoir !». Apparamment différents cortèges de manifestants se dirigeaient mardi soir vers l'immeuble de la radio et le palais présidentiel, où de nombreux militaires faisaient le signe de la victoire en criant: «on a gagné !». Avant d'ouvrir le feu sur les manifestants.
Ce «putsch électoral» du général Gueï a provoqué une réaction immédiate de la part du gouvernement français. Le ministre délégué à la Coopération Charles Josselin a d'abord déclaré: «Nous étions en mesure (lundi soir) de penser que le général Gueï pourrait déclarer élu son rival. Nous avons appris que les choses ne se présentaient pas ainsi, que la Commission électorale nationale avait suspendu ses travaux et que le général Gueï en effet avait présenté un recours en annulation des résultats, laissant à la Cour suprême le soin de statuer en définitive ». M. Josselin a ensuite ajouté que «la France fera tout ce qu'il faut pour que la volonté du peuple ivoirien soit respectée».
Peu après Paris a lancé une véritable mise en garde à la junte putschiste du général Gueï. «La France demeure attachée à ce que la volonté exprimée par le peuple ivoirien soit pleinement respectée et met en garde contre toute tentative de la contrarier», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Concernant la dissolution de la CNE et la proclamation de la «victoire» de Gueï, Paris a ajouté: «ces méthodes sont inacceptables. Elles bafouent les exigences d'un retour à l'ordre consitutionnel».
«Les soldats de Gueï ont débranché les ordinateurs»
La veille, selon des résultats partiels mais significatifs rendus publics par le FPI (basés sur les procès-verbaux établis dans chaque bureau de vote) Laurent Gbagbo devançait nettement son principal rival, le général Robert Gueï, avec plus de 61% des suffrages contre 26. La publication des résultats avait été interrompue lundi après-midi, officiellement en raison de retards dans le dépouillement des bulletins de vote. Mais une certaine tension régnait déjà autour du siège de la CNE et certains milieux militaires étaient alors soupçonnés de vouloir monter une sorte de « hold up électoral » afin de permettre au général Gueï de « passer en force » dès le premier tour, à l'aide d'une fraude massive. Ceci a été indirectement confirmé par le quotidien ivoirien Le Jour qui a écrit mardi que « des jeunes gens (soldats) du général Gueï, mécontents des résultats partiels ont débranché les ordinateurs » de la CNE et même tenté d'enlever son président, Honoré Guié, au moment où les premiers résultats confirmaient l'avance de Gbagbo sur Gueï (51% contre 40). Ce qui visait à plonger le pays dans un « black out électoral » propice à toutes les man£uvres d'intimidation de la part des putschistes.
Mais une telle fraude massive n'était évidemment pas facile à mettre en £uvre, en raison du travail remarquable effectué par la CNE (qui comprend des représentants des cinq candidats en lice) et du mode de scrutin qui comporte un seul bulletin de vote et la présence de représentants de chaque candidat auxquels a été remis un procès-verbal détaillé à l'issue du dépouillement, dans chaque bureau de vote. Ce qui a permis à chaque camp de centraliser les résultats et d'en prendre connaissance, y compris à l'échelle nationale, avant même l'annonce officielle des premiers résultats. C'est sans doute pour cela que Gueï et ses «brigades rouges» ont finalement opté pour un deuxième putsch.
L'activité avait portant repris presque normalement à Abidjan, mardi matin, même si des établissements scolaires et des magasins étaient restés fermés ; aucun déploiement de militaire ou de policiers n'était alors visible. En revanche, dans la nuit de lundi à mardi, plusieurs manifestations de sympathisants du FPI voulant fêter par avance la victoire de leur leader avaient été vite dispersées par les forces de sécurité à coups de grenades lacrymogènes et de matraques, dans différents quartiers de la capitale économique.
La riposte du «vainqueur sorti des urnes», Laurent Gbagbo, ne s'est pas faite attendre. «Dès à présent, c'est moi le chef de l'Etat de Côte d'Ivoire, a-t-il dit. Je déclare dissous le gouvernement de transition. Je demande à tous les patriotes ivoiriens de descendre en ville dans tous les quartiers jusqu'à ce que Gueï recule».
Selon notre envoyé spécial, Christophe Champin, des manifestations ont aussitôt éclaté dans plusieurs quartiers d'Abidjan; des milliers de personnes ont envahi les rues du quartier de Yopougon, où un cortège s'est mis en marche sur la grande route à quatre voies qui mène vers le quartier administratif du Plateau, aux cris de «Gueï voleur», «Gueï quitte le pouvoir !». Apparamment différents cortèges de manifestants se dirigeaient mardi soir vers l'immeuble de la radio et le palais présidentiel, où de nombreux militaires faisaient le signe de la victoire en criant: «on a gagné !». Avant d'ouvrir le feu sur les manifestants.
Ce «putsch électoral» du général Gueï a provoqué une réaction immédiate de la part du gouvernement français. Le ministre délégué à la Coopération Charles Josselin a d'abord déclaré: «Nous étions en mesure (lundi soir) de penser que le général Gueï pourrait déclarer élu son rival. Nous avons appris que les choses ne se présentaient pas ainsi, que la Commission électorale nationale avait suspendu ses travaux et que le général Gueï en effet avait présenté un recours en annulation des résultats, laissant à la Cour suprême le soin de statuer en définitive ». M. Josselin a ensuite ajouté que «la France fera tout ce qu'il faut pour que la volonté du peuple ivoirien soit respectée».
Peu après Paris a lancé une véritable mise en garde à la junte putschiste du général Gueï. «La France demeure attachée à ce que la volonté exprimée par le peuple ivoirien soit pleinement respectée et met en garde contre toute tentative de la contrarier», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Concernant la dissolution de la CNE et la proclamation de la «victoire» de Gueï, Paris a ajouté: «ces méthodes sont inacceptables. Elles bafouent les exigences d'un retour à l'ordre consitutionnel».
«Les soldats de Gueï ont débranché les ordinateurs»
La veille, selon des résultats partiels mais significatifs rendus publics par le FPI (basés sur les procès-verbaux établis dans chaque bureau de vote) Laurent Gbagbo devançait nettement son principal rival, le général Robert Gueï, avec plus de 61% des suffrages contre 26. La publication des résultats avait été interrompue lundi après-midi, officiellement en raison de retards dans le dépouillement des bulletins de vote. Mais une certaine tension régnait déjà autour du siège de la CNE et certains milieux militaires étaient alors soupçonnés de vouloir monter une sorte de « hold up électoral » afin de permettre au général Gueï de « passer en force » dès le premier tour, à l'aide d'une fraude massive. Ceci a été indirectement confirmé par le quotidien ivoirien Le Jour qui a écrit mardi que « des jeunes gens (soldats) du général Gueï, mécontents des résultats partiels ont débranché les ordinateurs » de la CNE et même tenté d'enlever son président, Honoré Guié, au moment où les premiers résultats confirmaient l'avance de Gbagbo sur Gueï (51% contre 40). Ce qui visait à plonger le pays dans un « black out électoral » propice à toutes les man£uvres d'intimidation de la part des putschistes.
Mais une telle fraude massive n'était évidemment pas facile à mettre en £uvre, en raison du travail remarquable effectué par la CNE (qui comprend des représentants des cinq candidats en lice) et du mode de scrutin qui comporte un seul bulletin de vote et la présence de représentants de chaque candidat auxquels a été remis un procès-verbal détaillé à l'issue du dépouillement, dans chaque bureau de vote. Ce qui a permis à chaque camp de centraliser les résultats et d'en prendre connaissance, y compris à l'échelle nationale, avant même l'annonce officielle des premiers résultats. C'est sans doute pour cela que Gueï et ses «brigades rouges» ont finalement opté pour un deuxième putsch.
L'activité avait portant repris presque normalement à Abidjan, mardi matin, même si des établissements scolaires et des magasins étaient restés fermés ; aucun déploiement de militaire ou de policiers n'était alors visible. En revanche, dans la nuit de lundi à mardi, plusieurs manifestations de sympathisants du FPI voulant fêter par avance la victoire de leur leader avaient été vite dispersées par les forces de sécurité à coups de grenades lacrymogènes et de matraques, dans différents quartiers de la capitale économique.
par Elio Comarin
Article publié le 24/10/2000