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Présidentielle 2000

Laurent Gbagbo l'emporte par la rue

En moins de vingt-quatre heures la Côte d'Ivoire a mis fin à dix mois de régime militaire, et porté au pouvoir le leader socialiste du FPI, qui était sorti vainqueur de la présidentielle de dimanche. Sans basculer dans la guerre civile.
Moins de vingt-quatre heures ont suffit aux partisans de Laurent Gbagbo pour reprendre le pouvoir qui leur avait été volé mardi par le général putschiste Robert Gueï et sa «brigade rouge». Avant l'aube, différents cortèges ont convergé sur des «cibles» programmées à l'avance : les sièges de la radio (au Plateau) et de la télévision (à Cocody), mais aussi le palais présidentiel de Gueï, où avait été escorté la veille le président de la Commission électorale, Honoré Guié, alors qu'il s'apprêtait à annoncer les résultats définitifs de la présidentielles de dimanche, et donc la victoire de Laurent Gbagbo.

Tout a basculé dès les premières manifestations de la veille, lorsqu'il est apparu que les policiers et les gendarmes n'offraient pas de véritable résistance aux manifestants. Alors que les membres de la « brigade rouge » paradaient devant le palais présidentiel et parfois tiraient sur la foule en colère. En criant : « on a gagné ! ». Quelques heures plus tard, après l'imposition du couvre-feu, le camp Akouédo de cette même brigade putschiste, qui assure la garde rapprochée de Robert Gueï, a subi l'assaut d'un bataillon de blindés, et ce deux heures durant. Au même moment différents cortèges de manifestants se formaient à la périphérie d'Abidjan, mais aussi dans d'autres villes, comme Bouaké et San Pédro

«Le général Gueï a été balayé»

Dans la capitale économique du pays ces cortèges étaient parfois précédés par des blindés qui avaient pris fait et cause pour Laurent Gbagbo. Peu après la gendarmerie - le corps le plus important et le mieux équipé de l'armée ivoirienne - a basculé à son tour dans le camp du vainqueur du scrutin de dimanche. Et même le porte-parole de Robert Gueï, le capitaine de frégate Henri Sama, a vite annoncé qu'il quittait la junte et confirmait la victoire de Gbagbo. Sama s'était illustré la veille par une déclaration plutôt sinistre, à l'encontre de Laurent Gbagbo : « rira bien qui rira le dernier ».

Le siège de la télévision est ensuite tombé aux mains des manifestants. Les gendarmes eux mêmes ont demandé aux militaires défendant les bâtiments de sortir les mains en l'air. Peu après la radio a connu le même sort, et un blindé de la gendarmerie s'est aussitôt placé devant l'immeuble, alors que fa foule criait : « le général Gueï a été balayé ».

Parallèlement le numéro deux de la junte, le général Mathias Doué, tentait une médiation de dernière minute entre le général Gueï, retranché dans le palais présidentiel, et le vainqueur de dimanche Laurent Gbagbo. Une médiation qui a apparemment vite échoué. Un peu plus tard le chef de la garde présidentielle a demandé à ses hommes de cesser les combats. Et de se rendre.



par Elio  Comarin

Article publié le 25/10/2000