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Argent sale

Monaco dément, d'autres pays agissent

Le prince Rainier de Monaco dément vivement les critiques de la France qui reproche aux autorités de la principauté leur lutte «très insuffisante» contre le blanchiment des capitaux. Il n'empêche, les pressions contre les pays accusés de favoriser le recyclage de l'argent sale s'accentuent. Onze banques, et non des moindres, viennent d'adopter un code de bonne conduite et, depuis la publication de la liste noire du Groupe d'action financière sur le blanchiment des capitaux (Gafi), en juin dernier, certains pays mis en cause ont entrepris de réformer leur législation.
Les «insuffisances», les «écarts entre le droit et le fait» relevés le 10 octobre par le gouvernement français dans la lutte contre le blanchiment des capitaux à Monaco sont, pour le Prince Rainier, offensantes, fausses et de nature à nuire à l'image de la principauté. Dans une interview au Figaro, le 31 octobre, le prince les rejette en bloc, de même qu'il repousse les conclusions du rapport de la mission parlementaire française, en juin dernier, qui, de manière encore plus directe, allaient dans le même sens. Le souverain monégasque ne peut nier, en revanche, que Monaco a certes échappé à la liste noire publiée en juin par le Gafi pour stigmatiser les pays et territoires non coopératifs dans la lutte contre l'argent sale, mais figure parmi les pays dans le collimateur de cet organisme international. De plus, Monaco est bien au nombre des 35 paradis fiscaux recensés par l'OCDE.

Les ministres européens de la Justice et de l'Intérieur, réunis le 17 octobre à Luxembourg, ont décidé de renforcer l'efficacité de leur lutte contre le blanchiment en levant une partie du secret bancaire et fiscal, en étendant les missions d'Europol, afin de favoriser la coopération judiciaire entre les Quinze. Ils ont également décidé de faire preuve de plus de vigilance à l'égard des pays mis à l'index par le Gafi. Ultérieurement, des mesures de restrictions des transactions financières avec ces pays sont envisagées.

Le début de la sagesse

Si la peur est bien le début de la sagesse, le Gafi peut se féliciter des résultats de la publication de sa liste noire des pays non coopératifs en matière de lutte contre le blanchiment. Depuis le mois de juin, en effet, sept de ces quinze pays ou territoires ont adopté des lois pour remédier aux critiques émises par le Gafi : les Bahamas, les Iles Caïmans, les Iles Cook, Israël, le Liechtenstein, Panama, Saint-Vincent et Grenadines. Plusieurs autres ont pris l'engagement d'aller dans le même sens. Mais avant de modifier sa liste, le Gafi attend d'évaluer le bon fonctionnement et l'efficacité de ces dispositifs de lutte anti-blanchiment et rappelle que ceux qui n'auraient pris aucune réforme pourraient faire l'objet de contre-mesures.

Alors que les banques londoniennes sont encore émues par les révélations du Financial Times selon lequel quatre milliards de dollars détournés par l'ancien dictateur nigérian Sani Abacha y auraient été retrouvés, onze grandes banques internationales ont adopté un code de bonne conduite pour empêcher les transactions douteuses. Ce front anti-corruption est composé notamment de banques suisses (UBS, à l'origine du projet et Crédit Suisse), britanniques (Barclays Bank, Citibank), américaines (Chase Manhattan), espagnoles ( Banco Santander), allemandes (Deutsche Bank) et françaises (Société Générale). Les «principes de Wolsberg» qui constituent les onze points de ce code ont été élaborés avec Transparency international, organisation spécialisée dans la lutte contre la corruption. Les banques signataires, prêtes à accueillir d'autres établissements, s'engagent à vérifier l'identité des titulaires de comptes et l'origine des gros virements.



par Francine  Quentin

Article publié le 31/10/2000