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Roumanie

Treize candidats à la présidence

En tout, ce sont 13 candidats qui briguent les suffrages des électeurs roumains lors des élections générales du dimanche 26 novembre 2000. L'actuel président Constantinescu ne se représente pas. Portraits croisés des principaux candidats :
- Ion Iliescu. Ancien dauphin de Ceaucescu, Ion Iliescu, 70 ans, est le candidat du Parti de la démocratie sociale de la Roumanie (PDSR). Après avoir été responsable de la jeunesse communiste, puis secrétaire à la propagande au comité central du parti communiste dans les années soixante-dix, il tombe en disgrâce pour s'être opposé à la mini-révolution culturelle décrétée par le Conducator au retour d'un voyage en Chine. Mais son exil ne sera pas vraiment l'enfer : en 1979, on le retrouve au comité central du Parti communiste roumain, mais en 1984, pour s'être opposé au projet pharaonique du canal Danube-Bucarest, il est relégué au poste de directeur des Editions techniques. Il y restera jusqu'à la révolution de 1989. Jovial, chaleureux, bonhomme, il n'a pas son pareil pour taper dans le dos d'un paysan ou boire le coup avec un métallo. Il trouve sa consécration lorsqu'il est élu à la tête du pays en 1990. En 1996, il est battu par le représentant de la coalition de centre-droit Emil Constantinescu. On laisse entendre que Ion Iliescu et son parti postcommuniste auraient toutes les chances de l'emporter : il serait plébiscité selon les sondages par 51% de l'opinion publique. Son retour, que personne n'imaginait jusqu'alors, donne des frissons aussi bien à Bucarest que dans les chancelleries occidentales. Car, comment intégrer à l'Union européenne une Roumanie qui serait dirigée, dix ans après la chute de Ceaucescu, par un ancien apparatchik allergique aux réformes et constamment suspecté de néocommunisme ?

- Theodor Stolojan. Cet ancien Premier ministre, âgé de 57 ans, représente le Parti national libéral (PNL) et apparaît comme le principal adversaire du président du PDSR, Ion Iliescu. C'est en 1991 qu'il a dirigé le gouvernement, après le divorce entre le président Iliescu et le Premier ministre de l'époque Petre Roman, finalisé par la déchéance de ce dernier à l'issue de l'une des descentes des mineurs à Bucarest. Theodor Stolojan, qui n'avait pas de parti, avait dirigé un gouvernement dit « d'union nationale », qui avait préparé les élections de septembre 1992. Pendant longtemps, cet homme, qui avait occupé un poste de direction à la Banque mondiale, a refusé toutes les offres qui lui avaient été faites de s'inscrire dans un quelconque parti. Plusieurs sondages le désignent comme le meilleur Premier ministre qu'ait connu la Roumanie.

- Petre Roman. Le séducteur médiatique de la révolution roumaine refait surface. Débarqué en 1991 par les mineurs appelés à la rescousse par le président Iliescu, l'actuel chef de la diplomatie roumaine entend prendre sa revanche, conforté par le succès de son parti (Parti démocrate, d'orientation sociale-démocrate) à la mairie de Bucarest au printemps dernier. Bel homme de 54 ans, Petre Roman connaît bien la France : dans les années soixante-dix, il avait obtenu son doctorat en mécanique des fluides à l'université de Toulouse. Ce n'est que très tard qu'il a découvert ses origines juives : pas facile à digérer dans un pays où l'antisémitisme est toujours présent en toile de fond. « L'homme au pull-over », celui que les Occidentaux ont découvert un jour de décembre 1989, à la télévision, porte-parole improvisé d'une révolution chaotique, garde aujourd'hui, plus que jamais, l'enthousiasme de ses débuts en politique.

- Mugur Isarescu. Cet ancien gouverneur de la Banque nationale roumaine, 51 ans, est l'actuel Premier ministre. Cheveux grisonnants, toujours tiré à quatre épingles, cet homme sobre est diplômé en économie. En 1971, il est chercheur à l'institut d'économie mondiale de Bucarest. Après la chute du régime communiste, il embrasse brièvement une carrière diplomatique en tant que secrétaire de l'ambassade de Roumanie à Washington. Ensuite, il prend les rênes de la BNR et combat pour son indépendance, refusant de placer son institution sous le contrôle du pouvoir. Ce qui a failli lui coûter son poste. Infatigable, Mugur Isarescu a toujours mis sa rigueur au service d'une économie malade qu'est celle de la Roumanie. Pour lui, la priorité principale est de regagner la confiance de la communauté financière internationale. Un travail de longue haleine.



par Pierre  DELMAS

Article publié le 24/11/2000