Roumanie
Les mineurs : fer de lance de la contestation
A toutes les époques, les mineurs ont joué un rôle important dans la vie politique de la Roumanie. Et, très souvent, le pouvoir s'est servi d'eux : 1929, 1933, 1977, 1990, 1999à
Depuis des décennies, les mineurs roumains descendent régulièrement dans la rue. Dernière manifestation de masse des « gueules noires » : celle de décembre 1999. Près de 10 000 mineurs de la vallée du Jiu, située à 300 km de Bucarest, entament une marche sur la capitale roumaine, protestant contre la fermeture des puits et réclamant une hausse de leurs salaires. La vallée du Jiu a toujours été à la pointe de la contestation sociale. Elle assure 12% de la consommation nationale du charbon ; elle compte 16 000 chômeurs pour 170 000 habitants, soit un taux de chômage de 25%, alors que la moyenne nationale se situe autour de 11%.
L'exploitation du charbon dans cette région a commencé il y a cent cinquante ans. Jusqu'à la seconde Guerre mondiale, les mines étaient des propriétés privées. Puis elles furent nationalisées et transformées en sociétés soviéto-roumaines (Sovrom) : alliée de Berlin pendant la guerre, la Roumanie acquittait ainsi sa dette envers Moscou. Les Sovrom durèrent une dizaine d'années. Au temps de Ceaucescu û au pouvoir depuis 1965 û les mines furent exploitées intensivement pour pouvoir rembourser la dette extérieure. Désormais, la Roumanie, comme tous les pays producteurs, est confrontée à une crise de surproduction de charbon. A cela, deux raisons : une baisse importante de la demande intérieure et la perte de marchés extérieurs, essentiellement en Russie. De plus, les coûts d'exploitation deviennent trop élevés.
A toutes les époques, les révoltes des mineurs roumains ont défrayé la chronique. Pendant l'été 1929, les grèves font 32 morts parmi les ouvriers. En 1977, le mouvement est dirigé contre le régime de Ceaucescu. Les « gueules noires » ne veulent pas que l'on rallonge l'âge de leur départ en retraite. Sous la pression, Ceaucescu se rend sur place et accepte toutes les revendications des mineurs. Mais, dès la fin du mouvement, il ordonne des représailles. Et le régime apprend à mater les mineurs. Quatre mille d'entre eux sont transférés dans des mines éloignées. Et ceux qui sont embauchés pour les remplacer, travaillent comme informateurs pour la Sécuritate.
En 1990, nouvelle grève, cette fois très nettement politique. Les mineurs sont accueillis par le président Iliescu, saccagent les locaux de l'opposition démocratique, et font régner un véritable climat de terreur. En 1991, nouvelle manipulation du président Iliescu, toujours au pouvoir : cette fois, les mineurs s'attaquent au gouvernement de Petre Roman, qu'ils contraignent à la démission. Comme le raconte l'un des responsables syndicaux, « Nous étions infiltrés par de faux mineurs qui nous indiquaient les endroits à attaquer. Partis avec nos revendications, nous somme rentrés avec la chute du premier ministre, mais nos revendications n'ont pas pour autant été satisfaites ». En décembre 1999, les « gueules noires » de la vallée du Jiu, que l'on surnomme les mineurs de « la vallée du chagrin », tant leurs conditions de travail sont dignes de « Germinal », ne marchent finalement pas jusqu'à Bucarest. Un compromis permet d'éviter une épreuve de force. Mais les réformes libérales promises par le président Constantinescu au Fonds monétaire international en prennent un coup sévère.
L'exploitation du charbon dans cette région a commencé il y a cent cinquante ans. Jusqu'à la seconde Guerre mondiale, les mines étaient des propriétés privées. Puis elles furent nationalisées et transformées en sociétés soviéto-roumaines (Sovrom) : alliée de Berlin pendant la guerre, la Roumanie acquittait ainsi sa dette envers Moscou. Les Sovrom durèrent une dizaine d'années. Au temps de Ceaucescu û au pouvoir depuis 1965 û les mines furent exploitées intensivement pour pouvoir rembourser la dette extérieure. Désormais, la Roumanie, comme tous les pays producteurs, est confrontée à une crise de surproduction de charbon. A cela, deux raisons : une baisse importante de la demande intérieure et la perte de marchés extérieurs, essentiellement en Russie. De plus, les coûts d'exploitation deviennent trop élevés.
A toutes les époques, les révoltes des mineurs roumains ont défrayé la chronique. Pendant l'été 1929, les grèves font 32 morts parmi les ouvriers. En 1977, le mouvement est dirigé contre le régime de Ceaucescu. Les « gueules noires » ne veulent pas que l'on rallonge l'âge de leur départ en retraite. Sous la pression, Ceaucescu se rend sur place et accepte toutes les revendications des mineurs. Mais, dès la fin du mouvement, il ordonne des représailles. Et le régime apprend à mater les mineurs. Quatre mille d'entre eux sont transférés dans des mines éloignées. Et ceux qui sont embauchés pour les remplacer, travaillent comme informateurs pour la Sécuritate.
En 1990, nouvelle grève, cette fois très nettement politique. Les mineurs sont accueillis par le président Iliescu, saccagent les locaux de l'opposition démocratique, et font régner un véritable climat de terreur. En 1991, nouvelle manipulation du président Iliescu, toujours au pouvoir : cette fois, les mineurs s'attaquent au gouvernement de Petre Roman, qu'ils contraignent à la démission. Comme le raconte l'un des responsables syndicaux, « Nous étions infiltrés par de faux mineurs qui nous indiquaient les endroits à attaquer. Partis avec nos revendications, nous somme rentrés avec la chute du premier ministre, mais nos revendications n'ont pas pour autant été satisfaites ». En décembre 1999, les « gueules noires » de la vallée du Jiu, que l'on surnomme les mineurs de « la vallée du chagrin », tant leurs conditions de travail sont dignes de « Germinal », ne marchent finalement pas jusqu'à Bucarest. Un compromis permet d'éviter une épreuve de force. Mais les réformes libérales promises par le président Constantinescu au Fonds monétaire international en prennent un coup sévère.
par Pierre DELMAS
Article publié le 24/11/2000