Etats-Unis
Gore et Bush cultivent <br>une image présidentielle
Alors que sur le front juridique la bataille fait rage sans issue immédiate, les deux candidats à la présidence américaine s'attachent à convaincre l'opinion publique qu'ils sont prêts à prendre le pouvoir. George W. Bush ouvre un bureau de transition destiné à prendre la relève de la Maison blanche. Al Gore consulte et multiplie les apparitions publiques pour amadouer un électorat las.
De notre correspondant à New York
C'est presque devenu un jeu : les médias américains comptent les bannières étoilées dont s'entourent les prétendants à la présidence, dans une tentative désespérée de passer pour détenteurs légitimes du pouvoir. Selon la chaîne ABC, c'est le Républicain Dick Cheney, colistier de George W. Bush, qui mène pour l'instant avec 16 drapeaux en quelques jours, suivi de près par Al Gore. Le vice-président a frappé fort lundi dernier en s'exprimant devant 8 drapeaux, pour convaincre ses compatriotes du bien-fondé des recours en justice destinés à annuler la victoire en Floride, et donc dans tout le pays, de son concurrent. Détail amusant, les deux candidats s'adressent souvent aux caméras dans des locaux ressemblant étrangement au Bureau ovale qu'ils briguent.
Sur un mode moins ludique, la bataille juridique s'enlise. Les 14 000 bulletins litigieux des comtés de Miami-Dade et Palm Beach, parmi près d'un million d'autres, doivent être acheminés sous escorte policière devant le juge de Floride N. Sanders Sauls qui auditionnera les deux partis samedi avant de décider ou non d'un décompte manuel. Al Gore demandait que ce décompte -contesté devant la Cour suprême des Etats-Unis par les Républicains- commence hier, pressé qu'il est par l'échéance du 12 décembre, date à laquelle doivent être désignés les grands électeurs de Floride. Le parlement de Floride, majoritairement républicain, menace de choisir lui-même les grands électeurs en cas de blocage.
En attendant que les tribunaux se prononcent, les deux candidats peaufinent leur stature présidentielle. Dans ce qui ressemble fort à une nouvelle stratégie, Al Gore multiplie les interviews et les apparitions télévisées, avec un credo : « Je crois que le temps est venu de compter tous les votes, et non de jouer la montre ». Le vice-président s'efforce de retourner une opinion qui dans sa majorité voudrait le voir concéder sa défaite. Il a invité à déjeuner dans sa résidence le secrétaire d'Etat au trésor Lawrence H. Summers, autorisant les caméras à tourner quelques plans. « Je ne pense pas qu'il serait juste de ma part d'offrir des postes », a déclaré Al Gore, en précisant qu'on ne pouvait « compromettre un transfert ordonné du pouvoir à la nouvelle administration ». Le message des images était plus clair : celui d'un homme qui se prépare à assurer la continuité du pouvoir sur les sujets importants.
Bush prêt à prendre la relève
George W. Bush n'est pas en reste. Sans que la question lui soit posée, sa directrice de campagne Karen Hugues, a fait savoir qu'il avait appelé pour le féliciter le président mexicain Vincente Fox, élu en juillet dernier et qui doit être investi aujourd'hui. Bien qu'il refuse encore de se faire appeler « Président », le gouverneur du Texas se comporte comme tel. Depuis son ranch, il a multiplié les consultations avec les membres éventuels de son cabinet potentiel. Dick Cheney a présenté en détail et fort solennellement les membres d'un comité de transition destiné à prendre la relève du pouvoir le 20 janvier prochain. Le colistier de George W. Bush a coquettement refusé de révéler si le populaire général Colin Powell, qui a mené la guerre du golfe en 1991, était pressenti pour un poste gouvernemental. Le bureau de transition sera ouvert dans les faubourgs de Washington et financé sur fonds privés.
Car pour l'heure, la Maison blanche a refusé d'ouvrir à qui que ce soit les portes des locaux officiellement prévus à cet effet, et de débloquer les fonds qui les accompagnent. Par contre, les deux candidats sont traités en futurs présidents possibles. Ils ont tous deux accès à des sources de renseignement touchant à la sécurité du pays, et leurs équipes de transition peuvent rencontrer les officiels de l'administration Clinton. Et pour prouver qu'ils seraient des vainqueurs magnanimes, les deux candidats ont déjà fait savoir qu'ils intégreraient des représentants du camp opposé au sein de leurs équipes dirigeantes.
C'est presque devenu un jeu : les médias américains comptent les bannières étoilées dont s'entourent les prétendants à la présidence, dans une tentative désespérée de passer pour détenteurs légitimes du pouvoir. Selon la chaîne ABC, c'est le Républicain Dick Cheney, colistier de George W. Bush, qui mène pour l'instant avec 16 drapeaux en quelques jours, suivi de près par Al Gore. Le vice-président a frappé fort lundi dernier en s'exprimant devant 8 drapeaux, pour convaincre ses compatriotes du bien-fondé des recours en justice destinés à annuler la victoire en Floride, et donc dans tout le pays, de son concurrent. Détail amusant, les deux candidats s'adressent souvent aux caméras dans des locaux ressemblant étrangement au Bureau ovale qu'ils briguent.
Sur un mode moins ludique, la bataille juridique s'enlise. Les 14 000 bulletins litigieux des comtés de Miami-Dade et Palm Beach, parmi près d'un million d'autres, doivent être acheminés sous escorte policière devant le juge de Floride N. Sanders Sauls qui auditionnera les deux partis samedi avant de décider ou non d'un décompte manuel. Al Gore demandait que ce décompte -contesté devant la Cour suprême des Etats-Unis par les Républicains- commence hier, pressé qu'il est par l'échéance du 12 décembre, date à laquelle doivent être désignés les grands électeurs de Floride. Le parlement de Floride, majoritairement républicain, menace de choisir lui-même les grands électeurs en cas de blocage.
En attendant que les tribunaux se prononcent, les deux candidats peaufinent leur stature présidentielle. Dans ce qui ressemble fort à une nouvelle stratégie, Al Gore multiplie les interviews et les apparitions télévisées, avec un credo : « Je crois que le temps est venu de compter tous les votes, et non de jouer la montre ». Le vice-président s'efforce de retourner une opinion qui dans sa majorité voudrait le voir concéder sa défaite. Il a invité à déjeuner dans sa résidence le secrétaire d'Etat au trésor Lawrence H. Summers, autorisant les caméras à tourner quelques plans. « Je ne pense pas qu'il serait juste de ma part d'offrir des postes », a déclaré Al Gore, en précisant qu'on ne pouvait « compromettre un transfert ordonné du pouvoir à la nouvelle administration ». Le message des images était plus clair : celui d'un homme qui se prépare à assurer la continuité du pouvoir sur les sujets importants.
Bush prêt à prendre la relève
George W. Bush n'est pas en reste. Sans que la question lui soit posée, sa directrice de campagne Karen Hugues, a fait savoir qu'il avait appelé pour le féliciter le président mexicain Vincente Fox, élu en juillet dernier et qui doit être investi aujourd'hui. Bien qu'il refuse encore de se faire appeler « Président », le gouverneur du Texas se comporte comme tel. Depuis son ranch, il a multiplié les consultations avec les membres éventuels de son cabinet potentiel. Dick Cheney a présenté en détail et fort solennellement les membres d'un comité de transition destiné à prendre la relève du pouvoir le 20 janvier prochain. Le colistier de George W. Bush a coquettement refusé de révéler si le populaire général Colin Powell, qui a mené la guerre du golfe en 1991, était pressenti pour un poste gouvernemental. Le bureau de transition sera ouvert dans les faubourgs de Washington et financé sur fonds privés.
Car pour l'heure, la Maison blanche a refusé d'ouvrir à qui que ce soit les portes des locaux officiellement prévus à cet effet, et de débloquer les fonds qui les accompagnent. Par contre, les deux candidats sont traités en futurs présidents possibles. Ils ont tous deux accès à des sources de renseignement touchant à la sécurité du pays, et leurs équipes de transition peuvent rencontrer les officiels de l'administration Clinton. Et pour prouver qu'ils seraient des vainqueurs magnanimes, les deux candidats ont déjà fait savoir qu'ils intégreraient des représentants du camp opposé au sein de leurs équipes dirigeantes.
par Philippe Bolopion
Article publié le 30/11/2000