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Roumanie

Iliescu retrouve la présidence

Les Roumains ont choisi dimanche leur président. Les résultats partiels donnaient gagnant Ion Iliescu, avec 70% des voix, contre 30% à son adversaire, le leader extrémiste Corneliu Vadim Tudor. Seul un électeur sur deux s'est déplacé pour voter. A 71 ans Ion Iliescu, reprend donc le chemin du palais de Cotroceni, la résidence présidentielle, car il a déjà été chef de l'Etat entre 1990 et 1996.
De notre correspondante

De candidat néo-communiste au début de la campagne Ion Illiescu s'est imposé au fil des semaines comme le candidat démocrate ultime rempart contre l'extrême-droite, champion de l'intégration européenne. Ce leader charismatique que ses affiches proclamaient «proche des gens» a réussi à convaincre deux roumains sur trois qu'il pourrait redresser l'économie nationale. L'ex-président du Parti de la Démocratie Sociale de Roumanie, (PDSR gauche), va former un gouvernement minoritaire avec le programme suivant: priorité à la lutte contre la pauvreté et la corruption et encouragement des petites et moyennes entreprises à créer de nouveaux emplois.
Pour ce fils de cheminot militant communiste de la première heure, la fermeture des grandes entreprises déficitaires n'est pas une solution: «Car cela va augmenter le nombre de chômeurs et entraîner des conflits sociaux», estime-t-il. Le Premier ministre pressenti, Adrian Nastase, numéro deux du parti qui incarne l'aile réformiste du PDSR annonce pourtant des facilités nouvelles pour les investisseurs étrangers , il veut d'autre part coopérer avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. Ce qui peut apparaître contradictoire avec les propos du President Illiescu.
Dans la nouvelle architecture parlementaire, le Parti de la démocratie sociale de Roumanie dispose d'environ 46% des sièges. Le PDSR appelle les formations politiques démocrates a un dialogue sur des thèmes sensibles en Roumanie, tels la loi de la propriété laissée en suspension par l'ancien gouvernement ou bien encore des solutions pour aider les habitants a passer l'hiver.

Une victoire contre l'extrémisme

«C'est une victoire de la maturité et de la responsabilité du peuple roumain, contre les tentations totalitaires», lance Iliescu quelques minutes après la proclamation des résultats. Son adversaire, le leader extrémiste Corneliu Vadim Tudor (30%) en rage dénonce la plus grande fraude électorale du XXe siècle et «la victoire de l'Antéchrist». Mais derrière les fanfaronnades il ne faut pas oublier que son parti Romania Mare (le parti de la grande Roumanie) reste quand même le deuxième parti politique en Roumanie, après les élections législatives du 26 novembre.
La percée de l'extrême-droite a engendré une situation sans précédent. Pour barrer la route à Tudor, toutes les forces politiques y compris les ennemis historiques du leader du PDSR comme la dissidente Doina Cornea ou l'ex-roi Michel ont soutenu Iliescu.
Les zones d'ombre de son passé, Iliescu préfère les mettre sur le compte de sa jeunesse communiste, car en 1971 il était chargé par Ceaucescu d'inoculer aux jeunes l'idéologie du PCR (Parti communiste roumain). Il réapparaît sur le devant de la scène de la politique lors des évènements de décembre 1989 et devient président de la Roumanie pour six ans. Les Roumains lient son nom a la chute du communisme. Homme politique incontournable doué d'une faculté de rebond étonnante, Ion Illiescu auquel ses adversaires reprochent d'être un démagogue, s'impose de fait aux yeux des roumains comme l'éternel président.



par Laura  Chiriac

Article publié le 11/12/2000