Côte d''Ivoire
La manifestation pro-Ouattara interdite
Le ministère ivoirien de l'Intérieur a interdit la manifestation qui devait avoir lieu lundi pour protester contre l'invalidation de la candidature du leader du Rassemblement des Républicains. Emile Boga Doudou, ministre de l'Intérieur, a justifié cette interdiction par le non respect de sa déclaration légale mais précisé qu'elle pourrait se dérouler à une autre date.
Le Rassemblement des républicains (RDR) a annoncé le boycottage des élections législatives du 10 décembre prochain, après l'invalidation de la candidature de son leader par la chambre constitutionnelle de la cour suprême. Cette décision relance la polémique à la veille d'un scrutin essentiel pour la stabilité future de la Côte d'Ivoire.
Tôt vendredi matin la radio nationale ivoirienne a annoncé le rejet de la candidature du leader du Rassemblement des républicains (RDR). La chambre constitutionnelle de la cour suprême, qui statuait sur les recours déposés par des électeurs contestant son éligibilité, s'est partiellement appuyée sur les arguments qui lui avaient permis, le 6 octobre dernier, d'exclure Alassane Ouattara de l'élection présidentielle. Alors qu'elle avait, lors de sa première décision, évoqué un doute sur son ascendance et avait estimé qu'il s'était prévalu d'une autre nationalité, la cour conteste cette fois le certificat qui lui aurait été délivré «au mépris des précautions juridiques obligatoires» et ne saurait «valablement» lui conférer la nationalité ivoirienne.
La cour suprême, composée des juges nommés par le chef de l'ancienne junte ivoirienne, revient donc sur la décision de la Commission nationale électorale (CNE) qui avait validé, la semaine dernière, la candidature d'Alassane Ouattara et celle de la plupart des poids lourds politiques, y compris Emile-Constant Bombet et Lamine Fadika du PDCI, également écartés de la présidentielle. Contrairement aux conditions très restrictives requises par la constitution pour accéder à la magistrature suprême, le code électoral ivoirien est en effet moins exigeant pour les candidats aux législatives. Les candidats doivent, entre autre, être ivoirien de naissance et ne doivent pas faire la preuve de leur «bonne moralité». Les juges de la Cour suprême n'en ont visiblement pas tenu compte
Déception et colère au RDR
Alassane Ouattara, qui avait annoncé le 14 novembre dernier qu'il se présentait dans la circonscription de Kong (Nord), voit donc s'évanouir ses espoirs d'entrer au parlement ivoirien. La déception et la colère sont grandes dans son parti. Dors et déjà, le RDR a annoncé qu'il boycottera les élections du 10 décembre et appellé à une marche de protestation lundi, manifestation interdite dimanche par le ministère ivoirien de l'intérieur. Mais des manifestations sporadiques ont déjà été signalées vendredi à Abidjan.
Sur RFI, la secrétaire générale, Henriette Diabaté a dénoncé une décision «illégale et arbitraire». «Alassane Dramane Ouattara a présenté des documents qui ont été acceptés par la Commission nationale électorale (CNE), dont tout le monde salue l'intégrité et l'indépendance, souligne-t-elle. Et puis sur on ne sait quelle base (à), on veut invalider sa candidature. Cette démarche compromet très sérieusement l'impératif de réconciliation nationale.»
Depuis plusieurs jours, le Comité de médiation pour la réconciliation nationale, créé par le gouvernement, se mobilise pour tenter de comprendre pourquoi le pays a basculé dans la violence au lendemain de l'élection du 22 octobre. Près de 200 morts, principalement originaires du Nord du pays, avaient trouvé la mort lors d'affrontements entre militants du RDR, d'une part, et partisans du FPI (parti du président Gbagbo) et gendarmes, d'autre part.
Il reste à savoir quelle sera la réaction de la communauté internationale. Vendredi en fin de matinée, Paris a déploré l'invalidation de la candidature de l'ancien premier ministre ivoirien qui "entâche le processus de préparation" du scrutin, sans pour l'instant évoquer d'éventuelles conséquences sur la reprise annoncée de l'aide française à la Côte d'Ivoire.
Le 14 novembre dernier, le ministre français délégué à la Coopération avait conditionné la reprise de l'aide à la tenue d'élections législatives «démocratiques» où «toutes les sensibilités» seraient représentées.
Le verdict de la Cour suprême relance en tous cas une polémique que beaucoup d'observateurs avait cru temporairement enterrée avec la décision de la Commission nationale électorale.
Tôt vendredi matin la radio nationale ivoirienne a annoncé le rejet de la candidature du leader du Rassemblement des républicains (RDR). La chambre constitutionnelle de la cour suprême, qui statuait sur les recours déposés par des électeurs contestant son éligibilité, s'est partiellement appuyée sur les arguments qui lui avaient permis, le 6 octobre dernier, d'exclure Alassane Ouattara de l'élection présidentielle. Alors qu'elle avait, lors de sa première décision, évoqué un doute sur son ascendance et avait estimé qu'il s'était prévalu d'une autre nationalité, la cour conteste cette fois le certificat qui lui aurait été délivré «au mépris des précautions juridiques obligatoires» et ne saurait «valablement» lui conférer la nationalité ivoirienne.
La cour suprême, composée des juges nommés par le chef de l'ancienne junte ivoirienne, revient donc sur la décision de la Commission nationale électorale (CNE) qui avait validé, la semaine dernière, la candidature d'Alassane Ouattara et celle de la plupart des poids lourds politiques, y compris Emile-Constant Bombet et Lamine Fadika du PDCI, également écartés de la présidentielle. Contrairement aux conditions très restrictives requises par la constitution pour accéder à la magistrature suprême, le code électoral ivoirien est en effet moins exigeant pour les candidats aux législatives. Les candidats doivent, entre autre, être ivoirien de naissance et ne doivent pas faire la preuve de leur «bonne moralité». Les juges de la Cour suprême n'en ont visiblement pas tenu compte
Déception et colère au RDR
Alassane Ouattara, qui avait annoncé le 14 novembre dernier qu'il se présentait dans la circonscription de Kong (Nord), voit donc s'évanouir ses espoirs d'entrer au parlement ivoirien. La déception et la colère sont grandes dans son parti. Dors et déjà, le RDR a annoncé qu'il boycottera les élections du 10 décembre et appellé à une marche de protestation lundi, manifestation interdite dimanche par le ministère ivoirien de l'intérieur. Mais des manifestations sporadiques ont déjà été signalées vendredi à Abidjan.
Sur RFI, la secrétaire générale, Henriette Diabaté a dénoncé une décision «illégale et arbitraire». «Alassane Dramane Ouattara a présenté des documents qui ont été acceptés par la Commission nationale électorale (CNE), dont tout le monde salue l'intégrité et l'indépendance, souligne-t-elle. Et puis sur on ne sait quelle base (à), on veut invalider sa candidature. Cette démarche compromet très sérieusement l'impératif de réconciliation nationale.»
Depuis plusieurs jours, le Comité de médiation pour la réconciliation nationale, créé par le gouvernement, se mobilise pour tenter de comprendre pourquoi le pays a basculé dans la violence au lendemain de l'élection du 22 octobre. Près de 200 morts, principalement originaires du Nord du pays, avaient trouvé la mort lors d'affrontements entre militants du RDR, d'une part, et partisans du FPI (parti du président Gbagbo) et gendarmes, d'autre part.
Il reste à savoir quelle sera la réaction de la communauté internationale. Vendredi en fin de matinée, Paris a déploré l'invalidation de la candidature de l'ancien premier ministre ivoirien qui "entâche le processus de préparation" du scrutin, sans pour l'instant évoquer d'éventuelles conséquences sur la reprise annoncée de l'aide française à la Côte d'Ivoire.
Le 14 novembre dernier, le ministre français délégué à la Coopération avait conditionné la reprise de l'aide à la tenue d'élections législatives «démocratiques» où «toutes les sensibilités» seraient représentées.
Le verdict de la Cour suprême relance en tous cas une polémique que beaucoup d'observateurs avait cru temporairement enterrée avec la décision de la Commission nationale électorale.
par Christophe Champin
Article publié le 03/12/2000