Côte d''Ivoire
Le RDR entre la rue et les urnes
Trois personnes, dont un policier, ont trouvé la mort lundi 4 décembre à Abidjan, lors d'affrontements violents entre manifestants du RDR d'Alassane Ouattara et forces de l'ordre, dans différents quartiers populaires mais aussi dans le centre ville.
Tôt lundi matin, vers 3 heures, un accord était intervenu entre le pouvoir et le RDR, qui a finalement accepté de renoncer à manifester dans la rue et d'organiser un simple meeting de protestation contre l'invalidation de la candidature d'Ouattara aux prochaines législatives. Mais des milliers de ses partisans n'ont pas suivi le mot d'ordre officiel et n'ont pratiquement pas quitté la rue, où des voitures ont été brûlées et des barricades érigées sur les principaux axes de la capitale économique.
L'accord intervenu dans la nuit de dimanche à lundi entre le parti d'Alassane Ouattara et le gouvernement ivoirien avait permis de faire tomber quelque peu la tension qui régnait à Abidjan depuis vendredi dernier. A la suite de longs pourparlers nocturnes entre le président Laurent Gbagbo et une délégation du RDR conduite par Henriette Dagri Diabaté - en l'absence d'Alassane Ouattara, qui séjourne en France - le ministre de l'Intérieur a confirmé que la possibilité d'une « révision de la décision de la Cour suprême » invalidant la candidature d'Ouattara aux législatives du 10 décembre a été évoquée lors de ces entretiens.
De son côté le secrétaire général adjoint du RDR Amadou Gon Coulibaly est intervenu tôt ce lundi pour demander à ses partisans de renoncer à la manifestation de rue prévue depuis vendredi dernier, et de se rendre « pacifiquement » au stade Houphouët-Boigny. Mais, visiblement tous n'ont pas suivi les consignes officielles du RDR.
L'absence prolongée d'Ouattara intrigue
Armés de bâton et de pavés, portant des bandeaux blancs et noirs sur la tête, des centaines de jeunes du RDR ont érigé des barricades aux cris de « Allah Akbar » (Dieu est grand). « On va gâter. Nous allons casser jusqu'à ce qu'on cesse de se moquer de nous, rejeter les gens du Nord », a dit lµun d'eux à l'envoyée spéciale de l'AFP. « Ils veulent nous enfermer dans le stade pour nous faire taire mais nous voulons manifester comme prévu, nous voulons montrer à Gbagbo notre pouvoir ». Les partisans d'Alassane Ouattara ont accusé la police de les avoir empêché de se rendre à la manifestation : « on nous a réveillés avec des gaz lacrymogènes dans les quartiers, on nous a menacés » a déclaré un habitant du quartier d'Adjamé. « Nous allons faire sécession, si on refuse la nationalité de notre leader Ouattara. Nous allons hisser notre drapeau à Korhogo, avoir un hymne nationale et une capitaleà Si ADO n'est pas ivoirien, nous non plus ».
Un tout autre langage a été utilisé par les responsables du RDR engagés dans les pourparlers avec les autorités. « Nous sommes en train de chercher des solutions juridiques » au problème posé par la décision de la Cour suprême, et d'autres rencontres sont prévues ce lundi. « Des juristes sont en train de regarder de qu'il y lieu à faire. Si on discute, c'est bon », a souligné le porte-parole du RDR, Aly Coulibaly.
Ce langage plutôt conciliant n'a apparemment pas été entendu par quelque milliers de manifestants déterminés à en découdre avec les forces de l'ordre. Ceux-ci étaient d'autant plus frustrés que le meeting prévu à l'intérieur du stade n'a pu se tenir, les dirigeants du RDR n'ayant pu s'adresser à la foule, faute de sonorisation. En début d'après-midi les dirigeants ont brusquement quitté le stade en voiture et les manifestants se sont aussitôt dirigés en cortège vers le siège de la télévision ivoirienne, dans le quartier de Cocody. Les forces de l'ordre ont alors tiré en l'air et fait usage de grenades lacrymogènes, dans le but de disperser la foule en colère.
Le comportement des dirigeants du RDR s'explique, en partie, par les divisions qui traversent le parti d'Alassane Ouattara, depuis plusieurs semaines, en raison des craintes suscitées par ce que certains appellent «la marginalisation de facto» du leader nordiste. Tous ne semblent pas déterminés à boycotter le scrutin législatif de dimanche prochain, et quatre d'entre eux ont même fait état à la télévision de leur intention de maintenir leur candidature. La plupart demeure favorable à la direction actuelle, mais certains privilégient sans doute une « stratégie de prise de pouvoir par la rue » : c'est apparemment ce qu'ils ont tenté de faire ce lundi 4 décembre à Abidjan.
Quant à Alassane Ouattara, son absence prolongée de la Côte d'Ivoire commence à intriguer. Interrogé par Le Monde, il a déclaré qu'il souhaiterait être parmi ses militants. « J'ai quitté la Côte d'Ivoire avant l'invalidation de ma candidature, a-t-il ajouté, parce que j'était très fatigué et que je devais me reposer. Je vais rester encore quelques temps en France pour récupérer, puis reprendre le combat ». Sans préciser où et quand.
Enfin, l'invalidation de sa candidature aux législatives du 10 décembre a certes été critiquée par le gouvernement français ; mais on remarque aussi la prudence des Etats-Unis, qui n'ont pas cru opportun, cette fois-ci, de se ranger ouvertement derrière le leader du RDR.
L'accord intervenu dans la nuit de dimanche à lundi entre le parti d'Alassane Ouattara et le gouvernement ivoirien avait permis de faire tomber quelque peu la tension qui régnait à Abidjan depuis vendredi dernier. A la suite de longs pourparlers nocturnes entre le président Laurent Gbagbo et une délégation du RDR conduite par Henriette Dagri Diabaté - en l'absence d'Alassane Ouattara, qui séjourne en France - le ministre de l'Intérieur a confirmé que la possibilité d'une « révision de la décision de la Cour suprême » invalidant la candidature d'Ouattara aux législatives du 10 décembre a été évoquée lors de ces entretiens.
De son côté le secrétaire général adjoint du RDR Amadou Gon Coulibaly est intervenu tôt ce lundi pour demander à ses partisans de renoncer à la manifestation de rue prévue depuis vendredi dernier, et de se rendre « pacifiquement » au stade Houphouët-Boigny. Mais, visiblement tous n'ont pas suivi les consignes officielles du RDR.
L'absence prolongée d'Ouattara intrigue
Armés de bâton et de pavés, portant des bandeaux blancs et noirs sur la tête, des centaines de jeunes du RDR ont érigé des barricades aux cris de « Allah Akbar » (Dieu est grand). « On va gâter. Nous allons casser jusqu'à ce qu'on cesse de se moquer de nous, rejeter les gens du Nord », a dit lµun d'eux à l'envoyée spéciale de l'AFP. « Ils veulent nous enfermer dans le stade pour nous faire taire mais nous voulons manifester comme prévu, nous voulons montrer à Gbagbo notre pouvoir ». Les partisans d'Alassane Ouattara ont accusé la police de les avoir empêché de se rendre à la manifestation : « on nous a réveillés avec des gaz lacrymogènes dans les quartiers, on nous a menacés » a déclaré un habitant du quartier d'Adjamé. « Nous allons faire sécession, si on refuse la nationalité de notre leader Ouattara. Nous allons hisser notre drapeau à Korhogo, avoir un hymne nationale et une capitaleà Si ADO n'est pas ivoirien, nous non plus ».
Un tout autre langage a été utilisé par les responsables du RDR engagés dans les pourparlers avec les autorités. « Nous sommes en train de chercher des solutions juridiques » au problème posé par la décision de la Cour suprême, et d'autres rencontres sont prévues ce lundi. « Des juristes sont en train de regarder de qu'il y lieu à faire. Si on discute, c'est bon », a souligné le porte-parole du RDR, Aly Coulibaly.
Ce langage plutôt conciliant n'a apparemment pas été entendu par quelque milliers de manifestants déterminés à en découdre avec les forces de l'ordre. Ceux-ci étaient d'autant plus frustrés que le meeting prévu à l'intérieur du stade n'a pu se tenir, les dirigeants du RDR n'ayant pu s'adresser à la foule, faute de sonorisation. En début d'après-midi les dirigeants ont brusquement quitté le stade en voiture et les manifestants se sont aussitôt dirigés en cortège vers le siège de la télévision ivoirienne, dans le quartier de Cocody. Les forces de l'ordre ont alors tiré en l'air et fait usage de grenades lacrymogènes, dans le but de disperser la foule en colère.
Le comportement des dirigeants du RDR s'explique, en partie, par les divisions qui traversent le parti d'Alassane Ouattara, depuis plusieurs semaines, en raison des craintes suscitées par ce que certains appellent «la marginalisation de facto» du leader nordiste. Tous ne semblent pas déterminés à boycotter le scrutin législatif de dimanche prochain, et quatre d'entre eux ont même fait état à la télévision de leur intention de maintenir leur candidature. La plupart demeure favorable à la direction actuelle, mais certains privilégient sans doute une « stratégie de prise de pouvoir par la rue » : c'est apparemment ce qu'ils ont tenté de faire ce lundi 4 décembre à Abidjan.
Quant à Alassane Ouattara, son absence prolongée de la Côte d'Ivoire commence à intriguer. Interrogé par Le Monde, il a déclaré qu'il souhaiterait être parmi ses militants. « J'ai quitté la Côte d'Ivoire avant l'invalidation de ma candidature, a-t-il ajouté, parce que j'était très fatigué et que je devais me reposer. Je vais rester encore quelques temps en France pour récupérer, puis reprendre le combat ». Sans préciser où et quand.
Enfin, l'invalidation de sa candidature aux législatives du 10 décembre a certes été critiquée par le gouvernement français ; mais on remarque aussi la prudence des Etats-Unis, qui n'ont pas cru opportun, cette fois-ci, de se ranger ouvertement derrière le leader du RDR.
par Elio Comarin
Article publié le 04/12/2000