Côte d''Ivoire
Chaud et froid sur Abidjan
De notre envoyée spéciale à Abidjan
A dix heures samedi matin au Plateau, c'est une caravane de jeunes en campagne qui défile joyeusement. En cortège de voitures, ils défendent les couleurs du PDCI. Slogans, chants, la campagne semble montrer le bout de son nez, alors qu'elle avait été absente jusque-là. En raison du couvre-feu et de l'état d'urgence, nombre de meetings ont dû écourtés, annulés même. Autant dire qu'ils se sont presque déroulés en catimini.
Une heure plus tard, la chaleur s'est déjà abattue sur le vaste marché de Treichville, au sud du Plateau. Concerts de klaxons, odeurs âcres de détritus mêlées aux parfums de brochettes de mérou émanant des «maquis», palabres, le marché bruisse d'une intense activité. Plus loin encore, la misère au bord de la lagune. Des bidonvilles où trône une mosquée. Une passerelle enjambant l'autoroute, où se joue la vie de tous les jours.
L'espoir d'un répit
On en oublierait presque que la Côte d'Ivoire est en proie à des troubles, et même à la quasi insurrection dans certaines localités du Nord. Et puis «Radio Treichville», comme on qualifie la rumeur, fait le tour de la ville comme une traînée de poudre. Les élections pourraient être reportées, d'âpres négociations, on le savait, s'étaient déroulées jusqu'à fort tard dans la nuit. Le médiateur tentait de trouver un compromis entre le gouvernement et le RDR.
Plusieurs fois annoncée, plusieurs fois reportée, la conférence de presse du RDR, a finalement lieu en milieu d'après-midi, au siège du parti, dans le luxuriant quartier de Cocody. Apparaissent Henriette Diabaté, secrétaire générale et Adama Coulibaly. Brièvement, tous deux exposent leurs propositions qui tiennent en trois points : le réexamen du cas Ouattara, victime d'une «erreur judiciaire», le «gel» de la ville de Kong (au nord, bastion du RDR) et enfin le report des législatives. «Radio Treichville» fait son £uvre et une grande partie de la population, mise à rude épreuve depuis près d'un an (coup d'Etat du général Gueï, élection présidentielle sanglante), espère.
Avant 17 heures heure locale, on apprend que se tient un conseil ministériel extraordinaire, chargé, sous l'égide du président Gbagbo, d'examiner la situation. Une décision doit être prise dans le courant de la soirée. La presse fait le pied de grue devant la résidence présidentielle, à Cocody. Lentement, les heures s'écoulent . La pleine lune monte sur la lagune. Les journalistes comptent les chauve-souris pour passer le temps. Et puis le ministre de l'Intérieur, Emile Boga Doudou sort pour faire une déclaration. Il n'y aura pas de report. Les élections se tiendront comme prévu, le médiateur poursuit le dialogue. Il faut rentrer vite, avant le couvre feu.
A dix heures samedi matin au Plateau, c'est une caravane de jeunes en campagne qui défile joyeusement. En cortège de voitures, ils défendent les couleurs du PDCI. Slogans, chants, la campagne semble montrer le bout de son nez, alors qu'elle avait été absente jusque-là. En raison du couvre-feu et de l'état d'urgence, nombre de meetings ont dû écourtés, annulés même. Autant dire qu'ils se sont presque déroulés en catimini.
Une heure plus tard, la chaleur s'est déjà abattue sur le vaste marché de Treichville, au sud du Plateau. Concerts de klaxons, odeurs âcres de détritus mêlées aux parfums de brochettes de mérou émanant des «maquis», palabres, le marché bruisse d'une intense activité. Plus loin encore, la misère au bord de la lagune. Des bidonvilles où trône une mosquée. Une passerelle enjambant l'autoroute, où se joue la vie de tous les jours.
L'espoir d'un répit
On en oublierait presque que la Côte d'Ivoire est en proie à des troubles, et même à la quasi insurrection dans certaines localités du Nord. Et puis «Radio Treichville», comme on qualifie la rumeur, fait le tour de la ville comme une traînée de poudre. Les élections pourraient être reportées, d'âpres négociations, on le savait, s'étaient déroulées jusqu'à fort tard dans la nuit. Le médiateur tentait de trouver un compromis entre le gouvernement et le RDR.
Plusieurs fois annoncée, plusieurs fois reportée, la conférence de presse du RDR, a finalement lieu en milieu d'après-midi, au siège du parti, dans le luxuriant quartier de Cocody. Apparaissent Henriette Diabaté, secrétaire générale et Adama Coulibaly. Brièvement, tous deux exposent leurs propositions qui tiennent en trois points : le réexamen du cas Ouattara, victime d'une «erreur judiciaire», le «gel» de la ville de Kong (au nord, bastion du RDR) et enfin le report des législatives. «Radio Treichville» fait son £uvre et une grande partie de la population, mise à rude épreuve depuis près d'un an (coup d'Etat du général Gueï, élection présidentielle sanglante), espère.
Avant 17 heures heure locale, on apprend que se tient un conseil ministériel extraordinaire, chargé, sous l'égide du président Gbagbo, d'examiner la situation. Une décision doit être prise dans le courant de la soirée. La presse fait le pied de grue devant la résidence présidentielle, à Cocody. Lentement, les heures s'écoulent . La pleine lune monte sur la lagune. Les journalistes comptent les chauve-souris pour passer le temps. Et puis le ministre de l'Intérieur, Emile Boga Doudou sort pour faire une déclaration. Il n'y aura pas de report. Les élections se tiendront comme prévu, le médiateur poursuit le dialogue. Il faut rentrer vite, avant le couvre feu.
par Sylvie Berruet
Article publié le 09/12/2000