Côte d''Ivoire
Des électeurs «fatigués»
Au lendemain des élections législatives, Abidjan a retrouvé son rythme. Selon les premières estimations, un quart seulement des électeurs se serait rendus aux urnes. Pourquoi ?
De notre envoyée spéciale en Côte d'Ivoire
La rue du Commerce, quartier du Plateau, est embouteillée comme d'habitude. Après ce morne dimanche électoral, où le calme a régné sur la capitale économique malgré les craintes, les Abidjanais ont repris leur vie de tous les jours. Vers midi, les rues de ce quartier des affaires, surnommé dans les guides touristiques le « Manhattan de l'Afrique », en raison des gratte-ciel, sont très animées. Attablés à un « maquis », trois jeunes étudiants évoquent la difficulté de décrocher un stage, dans une entreprise de commerce. « Nous, ce qu'on veut, c'est du travail, assez de discours politiques », déclare Thomas. Paulin, lui, préfère tenter sa chance aux courses et joue au PMU. « On ne sait jamais ». Un enfant, âgé d'une dizaine d'années, propose à la dérobée un bijou. Une chaînette emballée dans un chiffon. Il assure que c'est de l'or 100 pour 100 pour cent et qu'il en offre un « bon prix ».
La débrouille est quotidienne dans ce climat d'économie en crise. Le vendeur de journaux affirme qu'il n'a pas fait plus de recettes que d'habitude au lendemain du scrutin. « Les gens sont fatigués de la politique, dit-il. Ca ne marche plus les discours. Et puis tout le monde sait que ça va se jouer entre le FPI et le PDCI ».
Un chauffeur de taxi, originaire de Touba, sur la route d'Odienné vers le nord, proche de la Guinée, explique qu'il n'a pas voté. « A quoi ça sert ? » interroge-t-il, fidèle au mot d'ordre de boycott lancé par le RDR. Pourtant, un candidat du Rassemblement des Républicains a bravé l'appel au boycott de son parti et s'est présenté malgré tout.
La RTI, la radio télévision nationale ivoirienne, égrène lentement les résultats. L'émission est retransmise et diffusée dans une échoppe de tissus. Un homme tend l'oreille et semble satisfait. Il a voté FPI, dit-il. «Ouattara n'est pas Ivoirien, il n'a pas à se présenter. Dites-le en France », clame-t-il.
Outre la crise économique et l'appel au boycott du RDR, la peur est aussi est un facteur qui a tenu les Abidjanais loin du chemin des urnes. Les sanglants « événements », au lendemain des présidentielles, et plus récemment, les affrontements meurtriers des 4 et 5 décembre dernier, lors de la manifestation des militants du RDR venus protester contre l'invalidation par la Cour suprême, de la candidature de Alassane Ouattara aux élections législatives, ont traumatisé une partie de la population. Comme cette mère de famille. Malgré l'annonce par le gouvernement d'un déploiement de sécurité exceptionnel dimanche aux abords des bureaux de vote, elle n'a pas voté. « J'avais même demandé aux enfants de ne pas sortir ».
La rue du Commerce, quartier du Plateau, est embouteillée comme d'habitude. Après ce morne dimanche électoral, où le calme a régné sur la capitale économique malgré les craintes, les Abidjanais ont repris leur vie de tous les jours. Vers midi, les rues de ce quartier des affaires, surnommé dans les guides touristiques le « Manhattan de l'Afrique », en raison des gratte-ciel, sont très animées. Attablés à un « maquis », trois jeunes étudiants évoquent la difficulté de décrocher un stage, dans une entreprise de commerce. « Nous, ce qu'on veut, c'est du travail, assez de discours politiques », déclare Thomas. Paulin, lui, préfère tenter sa chance aux courses et joue au PMU. « On ne sait jamais ». Un enfant, âgé d'une dizaine d'années, propose à la dérobée un bijou. Une chaînette emballée dans un chiffon. Il assure que c'est de l'or 100 pour 100 pour cent et qu'il en offre un « bon prix ».
La débrouille est quotidienne dans ce climat d'économie en crise. Le vendeur de journaux affirme qu'il n'a pas fait plus de recettes que d'habitude au lendemain du scrutin. « Les gens sont fatigués de la politique, dit-il. Ca ne marche plus les discours. Et puis tout le monde sait que ça va se jouer entre le FPI et le PDCI ».
Un chauffeur de taxi, originaire de Touba, sur la route d'Odienné vers le nord, proche de la Guinée, explique qu'il n'a pas voté. « A quoi ça sert ? » interroge-t-il, fidèle au mot d'ordre de boycott lancé par le RDR. Pourtant, un candidat du Rassemblement des Républicains a bravé l'appel au boycott de son parti et s'est présenté malgré tout.
La RTI, la radio télévision nationale ivoirienne, égrène lentement les résultats. L'émission est retransmise et diffusée dans une échoppe de tissus. Un homme tend l'oreille et semble satisfait. Il a voté FPI, dit-il. «Ouattara n'est pas Ivoirien, il n'a pas à se présenter. Dites-le en France », clame-t-il.
Outre la crise économique et l'appel au boycott du RDR, la peur est aussi est un facteur qui a tenu les Abidjanais loin du chemin des urnes. Les sanglants « événements », au lendemain des présidentielles, et plus récemment, les affrontements meurtriers des 4 et 5 décembre dernier, lors de la manifestation des militants du RDR venus protester contre l'invalidation par la Cour suprême, de la candidature de Alassane Ouattara aux élections législatives, ont traumatisé une partie de la population. Comme cette mère de famille. Malgré l'annonce par le gouvernement d'un déploiement de sécurité exceptionnel dimanche aux abords des bureaux de vote, elle n'a pas voté. « J'avais même demandé aux enfants de ne pas sortir ».
par Sylvie Berruet
Article publié le 11/12/2000