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Côte d''Ivoire

FPI et PDCI presque à égalité, en attendant le RDR

La première assemblée nationale de la deuxième République de Côte d'Ivoire sera dominée par les députés du FPI de Gbagbo et du PDCI de Fologo, les deux partis qui se sont disputés dimanche les voix des Ivoiriens, en attendant ceux du RDR d'Alassane Ouattara, qui a prôné le boycott mais qui pourrait remporter près d'une trentaine de sièges lors de scrutins partiels, dans les jours qui viennent.
Selon les premiers résultats, portant sur 171 des 225 sièges de l'assemblée nationale, le parti du président Laurent Gbagbo, le FPI, et l'ancien parti unique, le PDCI de Laurent Dona Fologo feraient jeu presque égal, avec respectivement 83 et 68 sièges déjà remportés, au lendemain des législatives du 10 décembre. De son côté, la troisième force politique du pays, le RDR d'Alassane Ouattara, a apparemment gagné son pari : le mot d'ordre de boycottage du scrutin, suite à l'invalidation par la Cour suprême de la candidature de son président, a été massivement suivi dans 29 des 32 circonscriptions du nord du pays (sur un total de 174). Dans l'Assemblée élue en 1995, le PDCI comptait 150 députés, contre 13 pour le RDR et 12 pour le FPI.

Le vote s'est déroulé dans le calme, mais le pays est toujours sous état d'urgence et couvre-feu, jusqu'à ce mardi 12 décembre, depuis les affrontements meurtriers des 4 et 5 décembre entre partisans d'Ouattara et forces de sécurité, qui ont fait entre 20 et 30 morts, notamment dans des quartiers populaires de la capitale économique du pays. Dans celui d'Abobo, c'est Simone Gbagbo, épouse du président de la Côte d'Ivoire, qui l'a emporté pour le FPI. Il semble d'ailleurs que le parti de Gbagbo l'emporte largement à Abidjan, ainsi que dans l'ouest du pays, et notamment dans son fief traditionnel d'Ouragahio. Ce qui ne peut que conforter ceux qui ont conseillé à Laurent Gbagbo de « passer en force » et de maintenir coûte que coûte la date du 10 décembre pour le scrutin législatif, dans le but évident de légitimer le pouvoir acquis lors de la présidentielle.

De son côté le président par intérim du PDCI, Laurent Dona Fologo, originaire du Nord du pays, a été élu pour sa part dans une des trois circonscriptions où le scrutin a pu avoir lieu dimanche. Un autre candidat du PDCI a remporté le siège de Korhogo, la µcapitale' du Nord. En revanche, le candidat officiel du PDCI aux élections présidentielles, Emile Constant Bombet, ancien ministre de l'Intérieur, a été battu à Bangolo, par un candidat du FPI. Apparemment le parti de feu Houphouët-Boigny est sur le point de remporter son pari de reconquérir peu à peu le pouvoir perdu lors du putsch du 24 décembre 1999, même s'il ne peut raisonnablement retrouver la place prépondérante occupée près de quarante années durant. Il est à noter également qu'un candidat du RDR a été élu, en dépit du boycott du parti, à Téhini, dans le nord-est.

Le taux de participation au scrutin semble une fois de plus plutôt bas : de 30 à 35%, comme lors de la présidentielle de novembre. Ce qui ne semble pas inquiéter la presse ivoirienne. Notre Voie , l'organe du FPI s'en prend une fois de plus à Ouattara : « à trop vouloir bâtir sur ce que dit l'Occident et la presse étrangères, il a fini par se couper des populations et de la Côte d'Ivoire, écrit-il. Puissent M. Ouattara et son parti revenir à la raison et comprendre que sur la terre d'Eburnie, plus rien ne sera comme avant ». A l'opposé, Le Patriote, proche du RDR, écrit : « Gbagbo a encore trompé tout le monde », et notamment le Comité de médiation, qui avait préconisé le report du scrutin. Le National, proche de l'ancien président Bédié, estime pour sa part que « Gbagbo résiste au chantage du RDR ».

Enfin Soir Info (indépendant) écrit : « le nouveau pouvoir a donné force et raison à la loi, au grand plaisir des Ivoiriens qui ont participé au vote en saluant la fermeté des autoritésà La surenchère et l'escalade de la violence des µmanifestants du RDR aux mains nues' qui égorgent des citoyens, tuent des agents des forces de l'ordre avec des fusils et chassent leurs concitoyens de certaines localités du Nord font redouter un clash inévitable et menacent l'unité nationale à cause des implications ethno-religieuses. Mais la communauté internationale, qui voit à travers le prisme de son parti-pris, surestime la menace qu'elle est abusée par une campagne de désinformation et l'activisme des partisans d'Alassane Ouattara ».

Interrogé sur les risque de sécession du Nord, où le scrutin devrait se tenir dans quelques jours, sous haute surveillance, Laurent Gbagbo a dit : « c'est du bluff. Les idées séparatistes, je vous le dis tout de suite, jamais ça ne se fera ».



Article publié le 12/12/2000