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FMI-Banque mondiale

Quelques «allégements» ne suffisent pas

Demba Moussa Dembélé, coordinateur de la conférence internationale de Dakar pour l'annulation de la dette du tiers-monde ne se berce pas d'illusions: la lutte sera longue. Pourtant, il estime la revendication justifiée et, de plus, morale.
RFI : Quel bilan tirez-vous, à la fin de l'an 2000, des campagnes pour l'annulation de la dette du tiers-monde ?

Demba Moussa Dembélé :
«Un bilan mitigé. Il y a eu des satisfactions et des déceptions. Côté satisfactions, quelques annulations de dette ont été retenues et la cohésion de la société civile internationale s'est exprimée en formulant des idées novatrices. On ne se contente plus de dénoncer, on propose des alternatives. Côté déception, beaucoup de promesses non tenues par les dirigeants du G7, de la Banque mondiale et du FMI qui continuent à jouer avec la vie de centaines de millions de personnes. Déception aussi dans l'attitude de certains dirigeants des pays du sud qui ne veulent pas collaborer à cette campagne, alors que, lorsque la tension sur les budgets baisse, c'est tout à leur avantage. Ils voient les ONG comme des ennemis, pas comme des partenaires.»

RFI : Que va-t-il advenir de la campagne jubilé 2000 ?

D.M.D. :
«Il y a beaucoup de confusion autour de ce terme de jubilé 2 000. Les organisations du nord qui ont tenu le flambeau de jubilé 2 000 avaient un horizon limité. Ils pensaient qu'au cours de cette année, les pays du G7 annuleraient la dette des 41 pays les plus pauvres. Ce n'est pas le cas et certains d'entre eux ont décidé de continuer le combat. Les pays d'Afrique, d'Amérique latine, d'Asie, organisés dans Jubilé Sud depuis novembre 1999 ne se faisaient pas d'illusion. Ils se sont inscrits dans la longue durée et les faits leur ont donné raison.»

RFI : Les revendications ont-elles changé ?

D.M.D. :
«En effet, les revendications évoluent. Quelques allégements par-ci, quelques annulations par-là, ne suffisent pas. Nous demandons l'annulation pure et simple, sans les conditionalités imposées par la Banque mondiale et le FMI pour l'obtenir. Car ces conditionalités contribuent à aggraver la situation économique et sociale. Ensuite, notre revendication repose sur un fait incontestable. Entre 1988 et 1999 la dette de l'Afrique a augmenté de 65 milliards de dollars. Il n'y a eu que 22 milliards d'argent frais, le reste c'est des arriérés et des intérêts qui sont venus s'ajouter à la dette. Pendant cette période l'Afrique a remboursé 145 milliards. C'est un véritable transfert financier des pauvres vers les riches. C'est inadmissible et immoral que des enfants ne puissent pas aller à l'école parce que les gouvernements ne peuvent à la fois rembourser la dette et investir dans l'éducation. Ces pays ne peuvent pas payer. Une certaine morale internationale doit prévaloir, c'est sur cela que nous basons pour exiger l'annulation de la dette de la plupart des pays en développement.»




par Propos recueillis par Francine  Quentin

Article publié le 18/12/2000