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Côte d''Ivoire

Le match FPI-PDCI continue, maisà

Les résultats définitifs, mais partiels, des législatives du 10 décembre confirment l'avance du FPI sur le PDCI (96 élus contre 77), mais une inconnue demeure : qui remportera les 29 partielles qui devraient se tenir le 7 janvier prochain?
Le parti du président Laurent Gbagbo, le Front populaire ivoirien (FPI) est arrivé en tête, avec 96 députés, mais n'a pas obtenu la majorité des sièges de la future assemblée nationale ivoirienne (qui en compte 225). Le PDCI (Parti démocratique de Côte d'Ivoire), l'ex-parti unique actuellement dirigé par Laurent Dona Fologo est arrivé en deuxième position, avec 77 élus, mais il pourrait bien être le principal bénéficiaire des partielles qui seront organisées dans les départements du nord où le scrutin n'a pu se tenir le 10 décembre dernier, et qui devront élire 29 autres députés. Le « parti du Vieux » Houphouët-Boigny pourrait alors (re)devenir la principale formation du pays, sans toutefois retrouver la majorité des sièges de l'assemblée. En principe, il pourrait même faire alliance avec les 16 députés « indépendants », qui sont pour la plupart des anciens caciques du PDCI ayant rallié le général Robert Gueï mais qui demeurent étrangers à toute « culture d'opposition ». Cette alliance permettrait au PDCI de s'assurer une majorité arithmétique à l'Assemblée. Mais le cherche-t-il vraiment ? Ou attend-il le retour de France son ancien président, Henri Konan Bédié, qui pourrait intervenir dès le début de l'année prochaine, avant de se déterminer ?

Le RDR à la recherche d'une stratégie cohérente

De son côté le FPI peut envisager une nouvelle alliance avec les quatre élus du PIT (Parti ivoirien des travailleurs, gauche) de Francis Wodié, mais on voit mal comment il pourrait remporter d'autres sièges lors des prochaines partielles : selon toute vraisemblance elles profiteront au RDR en cas de participation de ce parti, ou au PDCI en cas de poursuite du boycottage.

Or, il semble bien que le parti d'Alassane Ouattara penche pour cette dernière hypothèse. Interrogé par l'AFP, le numéro 3 du RDR, Amadou Gon Coulibaly a dit : « La cohérence politique voudrait (qu'on poursuive le boycottage) mais nous avons souhaité, avant de rendre officielle la décision de la direction, étudier le problème avec les candidats et les populations sur place ». Un autre membre du RDR a précisé pour sa part que la direction du parti souhaitait en réalité « gagner du temps » et « s'assurer que les partielles n'auront pas lieu et ne profiteront pas au PDCI ». Ce qui confirme que le parti de Ouattara continue d'être profondément divisé et est visiblement incapable de se doter d'une stratégie cohérente. Alors que les autorités préfectorales du nord du pays ont déjà commencé à contacter les candidats du RDR, pour convenir d'une date pour les partielles à venir. Mais « aucun de ces candidats ne veut participer » dit-on au RDR, parce que « les populations de ces zones sont très frustrées, très en colère, et elles ne veulent pas de vote ».

Si l'on en croît le quotidien indépendant Soir Info, « face à la recomposition du paysage politique, le RDR, s'il n'était pas resté un µclub de soutien' (à Ouattara) pour signer son arrêt de mort, avait les moyens de contester la suprématie du FPI » ; mais « face au mécontentement qui a gagné les jeunes loups du parti, Ouattara a repris le jeu dans lequel il excelle le mieux : les acrobaties verbales ». « Le pyromane devient pompier », conclut-il.

Beaucoup d'analystes regrettent que le RDR se soit « auto-exclu du débat politique », au moment même où le PDCI, en dépit du nombre de sièges remportés, demeure un parti profondément fragilisé par tout ce qui s'est passé depuis le putsch de Noël 1999 et le départ précipité du président Bédié. Aujourd'hui, il demeure tiraillé entre ceux qui voudraient faire de l'opposition et ceux qui ne rêvent que de collaborer avec le nouveau pouvoir. Autant dire que la marge de man£uvre du président de la République est d'ores et déjà considérable. A l'image du président Houphouët-Boigny, il pourrait largement profiter de la "politique du ventre" et de l'absence de "culture d'opposition".







par Elio  Comarin

Article publié le 14/12/2000