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Serbie

Une épine dans le pied des démocrates

L'extrême - droite a créé la surprise en Serbie, en obtenant un score que les sondages n'avaient pas prévu. Le Parti radical serbe (SRS) de Vojislav Seselj, longtemps un allié fidèle de Slobodan Milosevic, obtient près de 8.5% des suffrages, et devrait disposer de 22 élus dans la nouvelle assemblée serbe.
Au début des années 1990, le SSJ avait déjà siégé au Parlement. Son leader était alors Zeljko Raznatovic, plus connu sous son nom de guerre de commandant Arkan, le chef milicien assassiné le 15 janvier dernier. Depuis l'assassinat d'Arkan, le SSJ est dirigé par Borislav Pelevic, un économiste de 44 ans, vice - président de la Fédération mondiale de kick - boxing, témoin d'Arkan lors de son mariage avec la star de la musique populaire Ceca, en janvier 1994.

Blessé lors d'une opération de «nettoyage ethnique» en Croatie, Borislav Pelevic se targue du titre de «général de la Garde serbe des volontaires», la milice d'Arkan, qui n'est toujours pas dissoute. Père de quatre enfants, Borislav Pelevic s'occupe des familles de 200 compagnons d'Arkan tués ou blessés pendant les guerres de la dernière décennie, lit-on dans un portrait élogieux du nouvel homme fort du SSJ publié récemment par l'hebdomadaire Svedok.

Le SSJ a aussi bénéficié du ralliement de plusieurs hommes d'affaires à la réputation douteuse, notamment du propriétaire de la télévision privée TV Palma. C'est sur cette chaîne que Slobodan Milosevic a accordé sa dernière interview en date, une semaine avant le scrutin du 23 décembre. Le SSJ a sûrement réussi à attirer nombre de voix d'anciens électeurs du Parti socialiste de Slobodan Milosevic, tout en réussissant à profiter des inquiétudes suscitées par la situation dans le sud de la Serbie où se développe une nouvelle guérilla séparatiste albanaise.

Evoquant également la situation au Kosovo, Borislav Pelevic a déclaré samedi soir qu'il espérait que le président fédéral Vojislav Kostunica «ferait tout pour libérer la Serbie et empêcher de nouveaux morcellements de son territoire», tout en estimant que, sur la question nationale, le programme de son parti est «identique» à celui du président fédéral.

Un réel soutien dans l'opinion

Zoran Djindjic, leader de la DOS, et futur premier ministre de Serbie, a aussitôt analysé que le succès de l'extrême - droite s'expliquait par la situation dans le sud du pays. En obtenant de 13 à 14% des suffrages, l'extrême - droite est pourtant loin des records enregistrés par Vojislav Seselj, qui avait failli devenir président de la République en octobre 1997, mais le parti radical était alors largement utilisé par les socialistes pour se prémunir sur leur droite. Désormais, l'extrême - droite doit jouer cavalier seul, et elle a prouvé, ce samedi, qu'elle disposait d'un soutien réel dans l'opinion.

A Belgrade, le journaliste Milos Vlajcic, vieille figure de la presse démocratique, essayait toutefois de se rassurer, samedi soir, en calculant qu'une extrême - droite à 15% des suffrages, c'est, en somme, un standard européen.



par A Belgrade, Jean-Arnault  Dérens

Article publié le 26/12/2000