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Angolagate

Jean-Christophe Mitterrand reste en prison

La chambre d'accusation de la cour d'appel de Paris a ordonné le maintien en détention de Jean-Christophe Mitterrand, le fils aîné de l'ex-président, suivant ainsi les réquisitions du parquet général. Les juges lui reprochent d'avoir touché de la part du marchand d'armes Pierre Falcone une somme de 1,8 millions de dollars. Une nouvelle demande de remise en liberté sera examinée le 2 janvier 2001. Les réactions de la classe politique française sur cette affaire sont, pour le moment, timides et discrètes.
La classe politique française, visiblement très embarrassée par l'affaire des ventes d'armes en Angola, impliquant notamment Jean-Christophe Mitterrand, ex-Monsieur Afrique à l'Elysée de 1986 à 1992, a réagi discrètement. Peu pressée de commenter la mise en examen et l'incarcération du fils aîné de l'ancien Président François Mitterrand, les chefs de partis de droite comme de gauche sont restés silencieux.

A gauche, parmi les rares responsables à s'être exprimés, figure le patron de la Fédération socialiste de Paris, Patrick Bloche : «au regard de ce qu'a été l'action de François Mitterrand durant quinze ans, je trouve tout à fait regrettable que ce nom soit entaché dans les procédures judiciaires en cours. Il est désolant que le nom de Mitterrand se trouve mêlé à une affaire judiciaire». L'opacité des relations franco-africaines a été en revanche violemment dénoncée au sein des Verts, qui ont pris soin de renvoyer dos à dos, la gauche et la droite. Le député de Gironde Noël Mamère a affirmé : «des réseaux subsistent encore aujourd'hui vers l'Afrique et pas seulement de gauche, car il y a aussi de vieux réseaux de droite. Ils sont jumeaux, ils travaillent ensemble».

A droite, elle-même dans l'£il du cyclone judiciaire avec l'affaire du financement illicite du RPR, personne n'a cherché à tirer profit de l'embarras des socialistes. Seul, Claude Goasguen, porte-parole de Démocratie Libérale (DL) a jugé bon de rappeler une évidence : «M. Mitterrand, parce qu'il s'appelle M. Mitterrand a autant droit à la défense que n'importe qui». Thierry Jean-Pierre, l'ancien juge d'instruction, désormais député européen et trésorier de DL, a été plus incisif en déclarant à l'hebdomadaire Le Point : «l'un des derniers tabous de la société française, de la société judiciaire, est entrain de se lever : les ventes d'armes».

Les éventuels impliqués nient tout en bloc

Cette affaire pourrait cependant impliquer d'autres personnes. En effet, le 1er décembre dernier, une perquisition a été menée non seulement au domicile de Jean-Christophe Mitterrand, mais aussi chez Jacques Attali, chez Jean-Charles Marchiani au siège du Rassemblement pour la France (RPF), le parti de Charles Pasqua et au Conseil général des Hauts-de-Seine, présidé également par Charles Pasqua. Ce dernier, par l'intermédiaire de son avocat, Maître Edgard Vincensini a démenti «toute implication personnelle, en tant qu'ancien ministre de l'Intérieur et au nom de son mouvement» dans cette affaire de ventes d'armes en Afrique. «Des informations tendant à me mettre en cause ou à jeter le discrédit sur le mouvement que je préside ont été publiées dans certains organes de presse. Ces informations dénuées de tout fondement revêtent un caractère diffamatoire» a-t-il rajouté.

De son côté, Jean-Charles Marchiani, ancien préfet du Var et actuellement député européen, entendu comme témoin dans le cadre de cette affaire mettant en cause la société Brenco International et la Sofremi (Société française d'exportation du ministère de l'Intérieur), a affirmé, dans un communiqué «contrairement à certaines allégations, je n'ai jamais été rémunéré, ni par la Sofremi, ni par la société Brenco».

Quant à Paul Barril, l'ex-patron du GIGN (Groupement d'élite de la gendarmerie national française), il a qualifié, il y a quelques jours, dans les colonnes du quotidien Le Parisien, cette affaire comme étant «une affaire d'Etat». Avant d'ajouter : «nous sommes qu'au début des révélations (à) Le fils de l'ancien Président de la République écroué, sous des chefs d'accusation particulièrement graves, c'est une bombe en Afrique».



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 27/12/2000