Serbie
Djindjic : de la politique comme des échecs
L'éternel «jeune premier» de l'opposition serbe est désormais l'homme fort du pays. Zoran Djindjic, principal dirigeant de l'Opposition démocratique (DOS) va devenir Premier ministre de son pays, dès que le nouveau Parlement entrera en fonction, probablement aux alentours du 15 janvier.
De notre correspondant dans les Balkans
Cofondateur du Parti démocratique, ce brillant intellectuel, qui a achevé en Allemagne des études de philosophie, a été depuis dix ans de tous les combats de l'opposition serbe, de toutes ses tentatives d'union, mais aussi de tous ses déchirements.
Durant dix années, Zoran Djindjic a fait de la politique comme on joue aux échecs, multipliant les stratégies retorses, y compris au détriment de ses propres partenaires de l'opposition. L'homme entretient des relations difficiles avec l'opinion publique. Alors que la côte de popularité du nouveau président fédéral yougoslave Vojislav Kostunica dépasse tous les sommets, frôlant les 90% d'opinions favorables, Zoran Djindjic doit se contenter d'un modeste score de 40%. Celui que l'on croit toujours assoiffé d'ambition avait pourtant su se mettre au second plan, l'été dernier, en soutenant la candidature présidentielle de Vojislav Kostunica, dont le patriotisme incontesté et la réputation d'intégrité morale passaient mieux auprès de l'opinion.
Zoran Djindjic peut cependant à juste titre se targuer d'avoir été l'artisan de l'ombre de la «révolution» du 5 octobre. En contrepartie, la coalition des 18 partis qui constituent la DOS lui avait promis la direction du gouvernement de Serbie. Le choix n'est pas le plus mauvais, car les compétences du gouvernement de Serbie sont bien plus larges que celles du centre fédéral.
L'affrontement est, à terme, inévitable
«Le sort de Vojislav Kostunica est complètement lié au maintien d'un lien fédéral entre la Serbie et le Montenegro, tandis qu'en prenant le contrôle de la République de Serbie, Zoran Djindjic disposera d'un pouvoir bien plus réel», analyse Bojan Radic, un journaliste belgradois. Certes, Milan Milutinovic, le Président de la République de Serbie, reste un homme de Slobodan Milosevic, mais la victoire absolue de la DOS le prive de tout pouvoir. Avec plus des deux - tiers des mandats au Parlement de Serbie, Zoran Djindjic sera seul maître à bord, à condition toutefois que la coalition n'éclate pas.
Pour beaucoup d'observateurs, l'affrontement est, à terme, inévitable entre Vojislav Kostunica et Zoran Djindjic. En-dehors des purs conflits de pouvoir, la sensibilité politique des deux hommes est bien contrastée. Zoran Djindjic pourrait rapidement incarner une option de centre - gauche, tandis que l'aile conservatrice de la DOS se regrouperait autour de Vojislav Kostunica.
Toutefois, note l'analyste Miljenko Dereta, «Kostunica et Djindjic ont encore besoin l'un de l'autre. Ils feront tout pour maintenir encore un temps le cadre de la DOS». C'est en effet au futur Premier ministre que va revenir la tâche délicate de mettre en oeuvre les réformes attendues par la population. Pour Vuk Obradovic, président de Social - démocratie, l'une des composantes de la DOS, «le premier chantier sera de construire un véritable Etat de droit en Serbie, la restructuration de l'économie sera le second défi». Cet immense chantier pourrait se solder par des milliers de licenciements dans les grandes firmes d'Etat qui constituent toujours la colonne vertébrale de l'économie serbe. Le futur Premier ministre Djindjic sait bien qu'il doit rapidement s'attendre à affronter la houle de la grogne sociale.
Cofondateur du Parti démocratique, ce brillant intellectuel, qui a achevé en Allemagne des études de philosophie, a été depuis dix ans de tous les combats de l'opposition serbe, de toutes ses tentatives d'union, mais aussi de tous ses déchirements.
Durant dix années, Zoran Djindjic a fait de la politique comme on joue aux échecs, multipliant les stratégies retorses, y compris au détriment de ses propres partenaires de l'opposition. L'homme entretient des relations difficiles avec l'opinion publique. Alors que la côte de popularité du nouveau président fédéral yougoslave Vojislav Kostunica dépasse tous les sommets, frôlant les 90% d'opinions favorables, Zoran Djindjic doit se contenter d'un modeste score de 40%. Celui que l'on croit toujours assoiffé d'ambition avait pourtant su se mettre au second plan, l'été dernier, en soutenant la candidature présidentielle de Vojislav Kostunica, dont le patriotisme incontesté et la réputation d'intégrité morale passaient mieux auprès de l'opinion.
Zoran Djindjic peut cependant à juste titre se targuer d'avoir été l'artisan de l'ombre de la «révolution» du 5 octobre. En contrepartie, la coalition des 18 partis qui constituent la DOS lui avait promis la direction du gouvernement de Serbie. Le choix n'est pas le plus mauvais, car les compétences du gouvernement de Serbie sont bien plus larges que celles du centre fédéral.
L'affrontement est, à terme, inévitable
«Le sort de Vojislav Kostunica est complètement lié au maintien d'un lien fédéral entre la Serbie et le Montenegro, tandis qu'en prenant le contrôle de la République de Serbie, Zoran Djindjic disposera d'un pouvoir bien plus réel», analyse Bojan Radic, un journaliste belgradois. Certes, Milan Milutinovic, le Président de la République de Serbie, reste un homme de Slobodan Milosevic, mais la victoire absolue de la DOS le prive de tout pouvoir. Avec plus des deux - tiers des mandats au Parlement de Serbie, Zoran Djindjic sera seul maître à bord, à condition toutefois que la coalition n'éclate pas.
Pour beaucoup d'observateurs, l'affrontement est, à terme, inévitable entre Vojislav Kostunica et Zoran Djindjic. En-dehors des purs conflits de pouvoir, la sensibilité politique des deux hommes est bien contrastée. Zoran Djindjic pourrait rapidement incarner une option de centre - gauche, tandis que l'aile conservatrice de la DOS se regrouperait autour de Vojislav Kostunica.
Toutefois, note l'analyste Miljenko Dereta, «Kostunica et Djindjic ont encore besoin l'un de l'autre. Ils feront tout pour maintenir encore un temps le cadre de la DOS». C'est en effet au futur Premier ministre que va revenir la tâche délicate de mettre en oeuvre les réformes attendues par la population. Pour Vuk Obradovic, président de Social - démocratie, l'une des composantes de la DOS, «le premier chantier sera de construire un véritable Etat de droit en Serbie, la restructuration de l'économie sera le second défi». Cet immense chantier pourrait se solder par des milliers de licenciements dans les grandes firmes d'Etat qui constituent toujours la colonne vertébrale de l'économie serbe. Le futur Premier ministre Djindjic sait bien qu'il doit rapidement s'attendre à affronter la houle de la grogne sociale.
par A Belgrade, Jean-Arnault Dérens
Article publié le 26/12/2000