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Philippines

La fin de l'ère Estrada

La pression de la rue et de l'opposition auront eu raison de Joseph Estrada, contraint de quitter le pouvoir. Eclaboussé par une affaire de corruption, l'ancien acteur se retire sans gloire. La nouvelle présidente Gloria Arroyo a prêté serment. Estrada sera poursuivi pour pillage économique.
L'épreuve de force entre le président Joseph Estrada et l'opposition s'est achevée samedi par le départ du chef de l'Etat. Totalement lâché, isolé, il a du s'incliner à la moitié de son mandat de six ans. La nouvelle présidente, Gloria Arroyo, qui avait démissionné de son poste de ministre des Affaires sociales lorsque le scandale de corruption éclaboussant Estrada avait éclaté, a écarté toute possibilité d'accorder une amnistie à l'ex-président. Celui-ci sera poursuivi pour pillage économique.

Dès vendredi, la tension était montée d'un cran. Les rues de Manille ont tour à tour bruissé de rumeurs et de slogans hostiles au dirigeant contesté. L'opposition avait fixé un ultimatum à Estrada pour qu'il démissionne. Le président avait demandé un délai de cinq jours pour partir et une amnistie. Le président philippin avait jusqu'à samedi 06h00 locales (vendredi 22h00 GMT) pour quitter le pouvoir. L'ultimatum de la vice-présidente Gloria Arroyo et des dirigeants de l'opposition était tombé comme un couperet, traduisant le climat de tension qui prévalait à Manille depuis plusieurs mois.

Un demi-million de Philippins s'étaient rassemblés autour de la chapelle érigée sur Epifanio los Santos Avenue (EDSA) qui commémore le soulèvement de 1986 ayant fait tomber le dictateur Ferdinand Marcos. Pour la quatrième journée consécutive, les Philippins étaient venus massivement exprimer leur colère.

Corruption

Inlassablement, les manifestants, soutenus par les deux principaux piliers du pouvoir, le chef des forces armées, le général Reyes et le chef de la police Lacson, avaient réclamé haut et fort la démission d'Estrada. Le procès en destitution pour corruption du président philippin devant le Sénat a tourné court mardi à la suite d'un incident de procédure. Ancien acteur de cinéma, Estrada, élu en 1998 à la tête du pays pour un mandat de six ans, est accusé d'avoir touché des millions de dollars en pots de vin dans une affaire de jeux clandestins. Il est également soupçonné d'avoir détourné de l'argent public.

La campagne anti-Estrada qui agitait le pays depuis plusieurs mois avait redoublé de vigueur à la suite de l'interruption sine die du procès. Les onze procureurs ont en effet démissionné en bloc, protestant ainsi contre la décision du sénat de ne pas joindre à la procédure certaines pièces.

Après que la Cour suprême eût déclaré vacante la présidence, la nouvelle présidente a prêté serment samedi comme nouveau chef de l'Etat. Quant à l'ex-président philippin, il a quitté avec sa famille le palais présidentiel de Malacanang à Manille. Il devait se rendre dans sa résidence privée située dans l'un des quartiers résidentiels de la capitale.



par Sylvie  Berruet

Article publié le 20/01/2001