Proche-Orient
Vengeance contre vengeance
Au lendemain de l'assassinat par des Palestiniens d'un colon extrémiste et de sa femme et du meurtre par l'armée israélienne d'un chef du Fatah, les appels à la vengeance se multiplient des deux côtés.
De notre correspondant dans les Territoires palestiniens
îil pour £il, dent pour dent. Activistes palestiniens d'un côté, colons extrémistes de l'autre menacent de recourir à la loi du talion pour venger l'assassinat d'un leader du Fatah et la mort d'un couple d'Israéliens radicaux dimanche en Cisjordanie. Le risque est pris au sérieux par la sécurité israélienne qui a lancé des appels à la restreinte. «Chaque chauffeur palestinien est un terroriste potentiel», a déclaré Pinhas Wallerstein, un des dirigeants des colons de Cisjordanie, qui menace d'empêcher désormais les véhicules palestiniens de circuler aux heures de pointe.
La colère est grande parmi les habitants juifs des territoires. Aux obsèques de Benyamin Kahane, des slogans «Morts aux Arabes» ont été scandés, et plusieurs travailleurs palestiniens ont été la cible d'attaques de la part de jeunes, gorgés de haine. Les Arabes «doivent réaliser que pour chaque cheveu qui tombera de la tête d'un juif, une de leurs têtes sera tranchée», affirme Tiron Pollack, un ancien activiste du mouvement Kach, le mouvement raciste fondé par le père de Benjamin Kahane. Ehoud Barak lui-même est dans la ligne de mire. Les colons le tiennent «personnellement responsable» de la mort du couple Kahane. La menace d'un attentat contre sa personne est prise en compte par la sécurité intérieure. Depuis le début de l'intifada, ils ne cessent de critiquer la façon dont l'armée «gère» la révolte palestinienne. Ils exigent que le premier ministre «laisse gagner Tsahal», autrement dit que la réponse militaire soit beaucoup plus ferme, malgré les 350 morts tombés depuis le 28 septembre, en grande majorité des Palestiniens.
Le spectre d'un bain de sang refait surface
La ranc£ur des colons s'est creusée lorsqu'ils ont appris que le plan de paix élaboré par Bill Clinton pour mettre un terme au conflit prévoyait l'évacuation de 20% d'entre eux, c'est-à-dire d'environ 40 000 personnes. Sentant le sol brûlé sous leurs pieds, les plus extrémistes sont prêts à tout pour éviter «cette catastrophe». «Si nous ne pouvons pas compter sur l'armée pour assurer notre protection, nous allons nous défendre nous-mêmes», entend-on de plus en plus souvent dans les implantations. Le spectre d'un bain de sang refait surface, sept ans après le massacre commis par Baruch Goldstein, un religieux fanatique qui tua de sang froid 29 Palestiniens en prière à la mosquée Ibrahim d'Hébron.
Seule la crainte de gêner Ariel Sharon, leur favori aux élections du 6 février, peut les dissuader de passer à l'action, ainsi que les risques qu'un acte fou n'accroisse le fossé qui les sépare du reste de l'opinion israélienne. Une majorité d'habitants de l'état hébreu n'est pas prête en effet à «mourir pour Kiriat Arba ou Kfar Tapouah», deux des bastions des radicaux juifs de Judée et Samarie.
«Barak et Israël se sont ouverts les portes de l'enfer», a déclaré de son côté le chef du Fatah en Cisjordanie, Marwan Barghouti, après l'assassinat de Thabet Thabet, responsable du mouvement à Toulkarem. C'est le plus important dignitaire palestinien assassiné par Israël en trois mois de soulèvement. Ajoutant à la surenchère, le Djihad islamique et le Hamas, auteurs de nombreux attentats suicides contre Israël, ont promis de venger sa mort.
Après une pause de deux semaines, la liquidation de l'activiste de Toulkarem, la vingtième selon les Palestiniens, pourrait marquer le retour de cette pratique adoptée par l'état hébreu pour mâter la rébellion. Elle ne fait qu'accroître la défiance des Palestiniens vis-à-vis des efforts diplomatiques en cours pour relancer le dialogue.
îil pour £il, dent pour dent. Activistes palestiniens d'un côté, colons extrémistes de l'autre menacent de recourir à la loi du talion pour venger l'assassinat d'un leader du Fatah et la mort d'un couple d'Israéliens radicaux dimanche en Cisjordanie. Le risque est pris au sérieux par la sécurité israélienne qui a lancé des appels à la restreinte. «Chaque chauffeur palestinien est un terroriste potentiel», a déclaré Pinhas Wallerstein, un des dirigeants des colons de Cisjordanie, qui menace d'empêcher désormais les véhicules palestiniens de circuler aux heures de pointe.
La colère est grande parmi les habitants juifs des territoires. Aux obsèques de Benyamin Kahane, des slogans «Morts aux Arabes» ont été scandés, et plusieurs travailleurs palestiniens ont été la cible d'attaques de la part de jeunes, gorgés de haine. Les Arabes «doivent réaliser que pour chaque cheveu qui tombera de la tête d'un juif, une de leurs têtes sera tranchée», affirme Tiron Pollack, un ancien activiste du mouvement Kach, le mouvement raciste fondé par le père de Benjamin Kahane. Ehoud Barak lui-même est dans la ligne de mire. Les colons le tiennent «personnellement responsable» de la mort du couple Kahane. La menace d'un attentat contre sa personne est prise en compte par la sécurité intérieure. Depuis le début de l'intifada, ils ne cessent de critiquer la façon dont l'armée «gère» la révolte palestinienne. Ils exigent que le premier ministre «laisse gagner Tsahal», autrement dit que la réponse militaire soit beaucoup plus ferme, malgré les 350 morts tombés depuis le 28 septembre, en grande majorité des Palestiniens.
Le spectre d'un bain de sang refait surface
La ranc£ur des colons s'est creusée lorsqu'ils ont appris que le plan de paix élaboré par Bill Clinton pour mettre un terme au conflit prévoyait l'évacuation de 20% d'entre eux, c'est-à-dire d'environ 40 000 personnes. Sentant le sol brûlé sous leurs pieds, les plus extrémistes sont prêts à tout pour éviter «cette catastrophe». «Si nous ne pouvons pas compter sur l'armée pour assurer notre protection, nous allons nous défendre nous-mêmes», entend-on de plus en plus souvent dans les implantations. Le spectre d'un bain de sang refait surface, sept ans après le massacre commis par Baruch Goldstein, un religieux fanatique qui tua de sang froid 29 Palestiniens en prière à la mosquée Ibrahim d'Hébron.
Seule la crainte de gêner Ariel Sharon, leur favori aux élections du 6 février, peut les dissuader de passer à l'action, ainsi que les risques qu'un acte fou n'accroisse le fossé qui les sépare du reste de l'opinion israélienne. Une majorité d'habitants de l'état hébreu n'est pas prête en effet à «mourir pour Kiriat Arba ou Kfar Tapouah», deux des bastions des radicaux juifs de Judée et Samarie.
«Barak et Israël se sont ouverts les portes de l'enfer», a déclaré de son côté le chef du Fatah en Cisjordanie, Marwan Barghouti, après l'assassinat de Thabet Thabet, responsable du mouvement à Toulkarem. C'est le plus important dignitaire palestinien assassiné par Israël en trois mois de soulèvement. Ajoutant à la surenchère, le Djihad islamique et le Hamas, auteurs de nombreux attentats suicides contre Israël, ont promis de venger sa mort.
Après une pause de deux semaines, la liquidation de l'activiste de Toulkarem, la vingtième selon les Palestiniens, pourrait marquer le retour de cette pratique adoptée par l'état hébreu pour mâter la rébellion. Elle ne fait qu'accroître la défiance des Palestiniens vis-à-vis des efforts diplomatiques en cours pour relancer le dialogue.
par Georges Malbrunot
Article publié le 01/01/2001