Côte d''Ivoire
D'un complot à l'autre
Un an après le coup d'Etat du 24 décembre 1999 qui avait porté au pouvoir la junte dirigée par le général Gueï, la vie politique ivoirienne est à nouveau rythmée par les complots contre le pouvoir en place. Le pays a beau être dirigé par un civil, Laurent Gbagbo, le scénario n'a guère changé, depuis le départ de l'ancien «général-président», à la suite des manifestations de rue du 25 octobre 2000.
En à peine plus de douze mois la Côte d'Ivoire aura connu un putsch réussi et au moins trois tentatives de coup de force, auxquelles il faut ajouter de nombreuses accusations de complots, plus ou moins avérés. Au point que la pratique est en passe de devenir une habitude dans un pays peu coutumier d'une telle violence depuis l'indépendance. Le 18 mai 2000, les ministres membres du RDR d'Alassane Ouattara sont limogés du gouvernement, après des accusations de complot lancées par la junte militaire contre l'ancien premier ministre. Moins de deux mois plus tard, les 4 et 5 juillet, des centaines de soldats se mutinent pour des revendications matérielles, multipliant pillages et exactions contre la population à Abidjan. Le général Gueï y voit un soulèvement téléguidé par des «hommes politiques» qu'il ne nommera pas. Mais beaucoup pensent alors qu'il vise le leader du Rassemblement des républicains, même si la presse évoque aussi le nom du chef de l'Etat déchu Henri Konan Bédié.
Après l'attaque contre la résidence du chef de la junte, dans le centre de la capitale économique ivoirienne, dans la nuit du 17 au 18 septembre, ce sont des personnalités de premier plan, les généraux Palenfo et Coulibaly, numéro deux et trois du pouvoir militaire, qui sont arrêtées, et sont d'ailleurs toujours en détention. Une fois encore le nom d'Alassane Ouattara est sur toutes les lèvres, vu que les deux hommes sont présentés comme lui étant proches. Et lorsque les partisans d'Alassane Ouattara descendront dans la rue, le 26 octobre 2000, au lendemain des manifestations populaires qui ont abouti au départ de Robert Gueï, puis les 4 et 5 décembre, pour protester contre l'invalidation de la candidature de leur leader aux législatives, ils seront à nouveau taxés de nourrir des velléités putschistes.
Nouvelles accusations contre le camp Ouattara
Cette fois encore, la tentative de coup de force contre le régime de Laurent Gbagbo, dans la nuit du 7 au 8 janvier, est attribuée à mots à peine couverts à des partisans d'Alassane Ouattara. Certes le gouvernement n'avait officiellement nommé aucun responsable, en milieu de journée, le 9 décembre. «Je n'ai encore accusé personne. Je dis seulement que des individus ont été appréhendés parce qu'ils ont pris part à cette tentative de coup d'Etat», a souligné sur RFI le ministre de la Défense Moïse Lida Kouassi. Mais au vu des éléments présentés jusqu'ici par les autorités, les regards se portent déjà vers le camp Ouattara. La trentaine de personnes interpellées à la suite des événements de ces derniers jours ont toutes des noms à consonance nordiste, comme l'ancien premier ministre, ou étrangère. Selon l'AFP, le gouvernement aurait, par ailleurs, fourni des éléments selon lesquels certains assaillants sont partis initialement de la rue Lepic, où se trouve le siège du RDR, dans le quartier chic de Cocody.
Des responsables de l'attaque auraient également essayé de libérer des responsables du parti d'Alassane Ouattara détenus à la prison d'Adidjan. Le pouvoir assure par ailleurs que certaines personnes avaient déjà participé à l'attaque de la résidence de Robert Gueï, en septembre dernier, attribuée à des militaires «nordistes» et dont les généraux Lassana Palenfo et Abdoulaye Coulibaly ont alors été présentés comme les instigateurs. Selon une source militaire un des assaillants au moins, un certain Chérif, avait en effet déjà pris part à l'assaut en question. Enfin, plusieurs informations font état de la présence parmi les auteurs du coup de force «d'étrangers», venus leur prêter main forte, alors que le gouvernement assure disposer d'éléments tendant à prouver qu'ils ont bénéficié du soutien de «pays voisins».
Une fois de plus, le RDR a catégoriquement démenti la moindre implication. Son porte-parole, Ali Keïta, souhaite que «des enquêtes impartiales et objectives permettent d'éclairer l'opinion» sur un événement qu'il condamne. En France, Oumou Kouyaté, présidente du Collectif des ivoiriens de France pour la démocratie, une association également très critique à l'égard du gouvernement actuel, affirme toutefois «ne pas être surprise d'événements qui apparaissent comme une suite logique» des tensions politiques qui règnent en Côte d'Ivoire.
«Nous allons laisser la justice suivre son cours», a déclaré pour sa part Laurent Gbagbo dans une intervention télévisée diffusée tard dans la soirée de lundi, depuis son village de Mama, dans le sud-ouest du pays. Or la manière dont les enquêtes vont être menées sur les événements de ces derniers jours aura valeur de test pour un gouvernement affichant son soucis de respecter les usages démocratiques. Car le mystère reste, malgré tout, entier sur les précédentes tentatives de coup de force en Côte d'Ivoire. Les déclarations officielles et les nombreux articles parus dans les journaux ivoiriens ont tendance à désigner Alassane Ouattara ou des personnalités qui lui sont proches. Mais sa responsabilité, comme celle de son parti, n'ont au bout du compte pas été formellement établies. Les suites judiciaires qu'entend donner à cette affaire un pouvoir disposant, contrairement à son prédécesseur, d'une légitimité populaire pourraient donc être déterminantes.
Après l'attaque contre la résidence du chef de la junte, dans le centre de la capitale économique ivoirienne, dans la nuit du 17 au 18 septembre, ce sont des personnalités de premier plan, les généraux Palenfo et Coulibaly, numéro deux et trois du pouvoir militaire, qui sont arrêtées, et sont d'ailleurs toujours en détention. Une fois encore le nom d'Alassane Ouattara est sur toutes les lèvres, vu que les deux hommes sont présentés comme lui étant proches. Et lorsque les partisans d'Alassane Ouattara descendront dans la rue, le 26 octobre 2000, au lendemain des manifestations populaires qui ont abouti au départ de Robert Gueï, puis les 4 et 5 décembre, pour protester contre l'invalidation de la candidature de leur leader aux législatives, ils seront à nouveau taxés de nourrir des velléités putschistes.
Nouvelles accusations contre le camp Ouattara
Cette fois encore, la tentative de coup de force contre le régime de Laurent Gbagbo, dans la nuit du 7 au 8 janvier, est attribuée à mots à peine couverts à des partisans d'Alassane Ouattara. Certes le gouvernement n'avait officiellement nommé aucun responsable, en milieu de journée, le 9 décembre. «Je n'ai encore accusé personne. Je dis seulement que des individus ont été appréhendés parce qu'ils ont pris part à cette tentative de coup d'Etat», a souligné sur RFI le ministre de la Défense Moïse Lida Kouassi. Mais au vu des éléments présentés jusqu'ici par les autorités, les regards se portent déjà vers le camp Ouattara. La trentaine de personnes interpellées à la suite des événements de ces derniers jours ont toutes des noms à consonance nordiste, comme l'ancien premier ministre, ou étrangère. Selon l'AFP, le gouvernement aurait, par ailleurs, fourni des éléments selon lesquels certains assaillants sont partis initialement de la rue Lepic, où se trouve le siège du RDR, dans le quartier chic de Cocody.
Des responsables de l'attaque auraient également essayé de libérer des responsables du parti d'Alassane Ouattara détenus à la prison d'Adidjan. Le pouvoir assure par ailleurs que certaines personnes avaient déjà participé à l'attaque de la résidence de Robert Gueï, en septembre dernier, attribuée à des militaires «nordistes» et dont les généraux Lassana Palenfo et Abdoulaye Coulibaly ont alors été présentés comme les instigateurs. Selon une source militaire un des assaillants au moins, un certain Chérif, avait en effet déjà pris part à l'assaut en question. Enfin, plusieurs informations font état de la présence parmi les auteurs du coup de force «d'étrangers», venus leur prêter main forte, alors que le gouvernement assure disposer d'éléments tendant à prouver qu'ils ont bénéficié du soutien de «pays voisins».
Une fois de plus, le RDR a catégoriquement démenti la moindre implication. Son porte-parole, Ali Keïta, souhaite que «des enquêtes impartiales et objectives permettent d'éclairer l'opinion» sur un événement qu'il condamne. En France, Oumou Kouyaté, présidente du Collectif des ivoiriens de France pour la démocratie, une association également très critique à l'égard du gouvernement actuel, affirme toutefois «ne pas être surprise d'événements qui apparaissent comme une suite logique» des tensions politiques qui règnent en Côte d'Ivoire.
«Nous allons laisser la justice suivre son cours», a déclaré pour sa part Laurent Gbagbo dans une intervention télévisée diffusée tard dans la soirée de lundi, depuis son village de Mama, dans le sud-ouest du pays. Or la manière dont les enquêtes vont être menées sur les événements de ces derniers jours aura valeur de test pour un gouvernement affichant son soucis de respecter les usages démocratiques. Car le mystère reste, malgré tout, entier sur les précédentes tentatives de coup de force en Côte d'Ivoire. Les déclarations officielles et les nombreux articles parus dans les journaux ivoiriens ont tendance à désigner Alassane Ouattara ou des personnalités qui lui sont proches. Mais sa responsabilité, comme celle de son parti, n'ont au bout du compte pas été formellement établies. Les suites judiciaires qu'entend donner à cette affaire un pouvoir disposant, contrairement à son prédécesseur, d'une légitimité populaire pourraient donc être déterminantes.
par Christophe Champin
Article publié le 10/01/2001