Côte d''Ivoire
La peur au Burkina
C'est l'inquiétude au Burkina depuis la tentative de coup d'Etat dans la nuit du 7 au 8 janvier à Abidjan. La peur s'est installée chez les Burkinabé qui voient revenir en masse leurs compatriotes installés en Côte d'Ivoire.
De notre correspondant au Burkina Faso
Ils sont nombreux à prendre le chemin du retour vers leur pays pour fuir les exactions et chasses à l'homme dont ils sont victimes à la suite des accusations à peines voilées du gouvernement ivoirien contre le Burkina. Ces derniers jours, les cars et les trains en provenance d'Abidjan sont, en effet, bourrés d'immigrés qui rentrent avec famille et bagages. Devant l'afflux de centaines de voyageurs désireux de regagner le pays, la compagnie Sitarail, qui exploite le chemin de fer reliant les deux capitales, a dû affréter en fin de semaine dernière un train spécial de 14 wagons en direction du Burkina. Et depuis lors, le flux continue. Interrogés par la presse nationale, ces burkinabé qui débarquent témoignent des scènes de tracasseries qu' ils subissent presque quotidiennement en Côte d'Ivoire et des difficultés de cohabitation avec les Ivoiriens. «Nous ne nous sentons plus en sécurité dans ce pays, la solution est de rentrer,» répètent-ils.
Les relations entre la Côte d'Ivoire qui ne se sont jamais autant dégradées qu'actuellement, sont devenues depuis quelques jours le sujet principal à la une de la presse burkinabé. Les journaux ne cachent pas leur déception face à l'attitude du nouveau président et de son parti(le Front populaire ivoirien) qui auraient pourtant bénéficié de soutiens du Burkina depuis l'époque de leur clandestinité. «On oublie ou on ignore bien souvent que plus que le RDR [le parti d'Alassane Ouattara], c'est le FPI actuellement au pouvoir qui a le plus bénéficié du soutien des autorités burkinabé, écrivait L'Observateur. On ne parle même pas du fameux passeport délivré à Laurent Gbagbo sur la route de son exil lorsqu' il était traqué par le vieux [Houphouët-Boigny.»
On s'attend et on se prépare au pire
La presse relaie chaque jour la peur des populations et publient les nombreux appels à la raison adressés aux autorités d'Abidjan. Le 15 janvier, le Mouvement burkinabé des droits de l'homme et des peuples(MBDHP) invitait «les autorités politiques ivoiriennes à prendre leurs responsabilité d'Etat hôteàde garantir des conditions de vie décentes et de sécurité aux ressortissants étrangers.» Le 17 janvier, c'était le parti au pouvoir au Burkina, le Congrès pour la démocratie et le progrès(CDP) qui réagissait dans une déclaration. Le CDP a appelé les autorités ivoiriennes et le FPI à «prendre toutes les dispositions pour assurer la sécurité et la quiétude des communautés étrangères notamment burkinabé vivant en Côte d'Ivoire.»
L'association Le Tocsin créé pour établir un pont entre les Burkinabé de l'intérieur et ceux de l'extérieur, exprime ses craintes et exhorte l'OUA et la CEDEAO à «une médiation afin de préserver la vie et les biens des étrangers vivant en Côte d'Ivoire.» De son côté, le ministre burkinabé des affaires étrangères Youssouf Ouédraogo souhaitait que tout soit mis en £uvre pour un retour au calme dans ce pays voisin afin que les étrangers puissent y vivre tranquillement.
Mais, en réalité, Ouagadougou ne se fait guère d'illusion sur une fin immédiate de la xénophobie de l'autre côté de la frontière. Au contraire, on s'attend et on se prépare au pire. «Nous avons des cellules qui travaillent sur cette question. S'il devait y avoir une évolution, nous nous préparons à y faire face», déclare Youssouf Ouédraogo. Plus précis, le secrétaire permanent du Comité national de secours d'urgence et de réhabilitation(Conasur), organisme étatique chargé de gérer les catastrophes, affirme que sa structure envisage «avec ses partenaires, des actions par rapport à la sécurité des personnes et des biens, la couverture sanitaire, l'alimentation, la scolarisation des enfants.»
Des assurances qui ne suffisent cependant pas à effacer les craintes matérielles de milliers d'élèves et étudiants burkinabé qui vivent grâce aux ressources envoyées par leurs familles immigrées.
Ils sont nombreux à prendre le chemin du retour vers leur pays pour fuir les exactions et chasses à l'homme dont ils sont victimes à la suite des accusations à peines voilées du gouvernement ivoirien contre le Burkina. Ces derniers jours, les cars et les trains en provenance d'Abidjan sont, en effet, bourrés d'immigrés qui rentrent avec famille et bagages. Devant l'afflux de centaines de voyageurs désireux de regagner le pays, la compagnie Sitarail, qui exploite le chemin de fer reliant les deux capitales, a dû affréter en fin de semaine dernière un train spécial de 14 wagons en direction du Burkina. Et depuis lors, le flux continue. Interrogés par la presse nationale, ces burkinabé qui débarquent témoignent des scènes de tracasseries qu' ils subissent presque quotidiennement en Côte d'Ivoire et des difficultés de cohabitation avec les Ivoiriens. «Nous ne nous sentons plus en sécurité dans ce pays, la solution est de rentrer,» répètent-ils.
Les relations entre la Côte d'Ivoire qui ne se sont jamais autant dégradées qu'actuellement, sont devenues depuis quelques jours le sujet principal à la une de la presse burkinabé. Les journaux ne cachent pas leur déception face à l'attitude du nouveau président et de son parti(le Front populaire ivoirien) qui auraient pourtant bénéficié de soutiens du Burkina depuis l'époque de leur clandestinité. «On oublie ou on ignore bien souvent que plus que le RDR [le parti d'Alassane Ouattara], c'est le FPI actuellement au pouvoir qui a le plus bénéficié du soutien des autorités burkinabé, écrivait L'Observateur. On ne parle même pas du fameux passeport délivré à Laurent Gbagbo sur la route de son exil lorsqu' il était traqué par le vieux [Houphouët-Boigny.»
On s'attend et on se prépare au pire
La presse relaie chaque jour la peur des populations et publient les nombreux appels à la raison adressés aux autorités d'Abidjan. Le 15 janvier, le Mouvement burkinabé des droits de l'homme et des peuples(MBDHP) invitait «les autorités politiques ivoiriennes à prendre leurs responsabilité d'Etat hôteàde garantir des conditions de vie décentes et de sécurité aux ressortissants étrangers.» Le 17 janvier, c'était le parti au pouvoir au Burkina, le Congrès pour la démocratie et le progrès(CDP) qui réagissait dans une déclaration. Le CDP a appelé les autorités ivoiriennes et le FPI à «prendre toutes les dispositions pour assurer la sécurité et la quiétude des communautés étrangères notamment burkinabé vivant en Côte d'Ivoire.»
L'association Le Tocsin créé pour établir un pont entre les Burkinabé de l'intérieur et ceux de l'extérieur, exprime ses craintes et exhorte l'OUA et la CEDEAO à «une médiation afin de préserver la vie et les biens des étrangers vivant en Côte d'Ivoire.» De son côté, le ministre burkinabé des affaires étrangères Youssouf Ouédraogo souhaitait que tout soit mis en £uvre pour un retour au calme dans ce pays voisin afin que les étrangers puissent y vivre tranquillement.
Mais, en réalité, Ouagadougou ne se fait guère d'illusion sur une fin immédiate de la xénophobie de l'autre côté de la frontière. Au contraire, on s'attend et on se prépare au pire. «Nous avons des cellules qui travaillent sur cette question. S'il devait y avoir une évolution, nous nous préparons à y faire face», déclare Youssouf Ouédraogo. Plus précis, le secrétaire permanent du Comité national de secours d'urgence et de réhabilitation(Conasur), organisme étatique chargé de gérer les catastrophes, affirme que sa structure envisage «avec ses partenaires, des actions par rapport à la sécurité des personnes et des biens, la couverture sanitaire, l'alimentation, la scolarisation des enfants.»
Des assurances qui ne suffisent cependant pas à effacer les craintes matérielles de milliers d'élèves et étudiants burkinabé qui vivent grâce aux ressources envoyées par leurs familles immigrées.
par Alpha Barry
Article publié le 18/01/2001