Chili
Pinochet inculpé
Le juge Guzman a décidé d'inculper Augusto Pinochet pour les meurtres commis dans l'affaire de la «caravane de la mort». L'ancien dictateur a été placé en résidence surveillée.
En principe tout inculpé devrait bénéficier de la présomption d'innocence. Qu'est-ce qui fait donc que Pinochet soit gratifié d'une universelle présomption de culpabilité ? Sans doute, le fait d'avoir déjà été jugé par l'histoire, de n'avoir jamais rien renié mais aussi d'avoir tout tenté pour échapper à la justice des hommes.
Le cas Pinochet est devenu emblématique, à la fois précédent et symbole, d'une justice sans frontières qui a tant de mal à se frayer un chemin pour condamner les crimes politiques. Car juger Pinochet est une longue route semée d'embûches comme on l'a constaté depuis la première arrestation de l'ancien dictateur chilien le 16 octobre 1998 à Londres. Aujourd'hui encore, il est loin du tribunal, même si sa dernière inculpation commence à l'en rapprocher dangereusement, à son corps défendant. Depuis deux ans et demi que dure cette grande saga politico-judiciaire, une partie du chemin a été franchie, non sans peine. L'inculpation que vient de prononcer le juge Guzman ne vaut en droit ni jugement ni condamnation. Mais c'est un pas décisif, même s'il n'est pas définitif.
Aucune trace de culpabilité ni de repentir
C'est en effet la deuxième fois que Pinochet est inculpé. Cette fois-ci pourrait cependant être la bonne. La Cour suprême avait invalidé la première décision du juge sous prétexte que l'intéressé n'avait été ni interrogé ni soumis à un examen médical. Ces deux conditions sont désormais remplies. Les médecins ont estimé qu'il était atteint d'une démence légère à modérée. Quant au magistrat, il a jugé, après avoir enfin réussi à l'entendre, que c'est un monsieur certes âgé mais «extraordinairement normal» selon ses propres termes. A cette occasion l'ancien dictateur a confirmé qu'il niait toute responsabilité dans les crimes qui lui sont reprochés et qu'il rejette sur ses anciens subalternes.
La lecture de sa déposition publiée à Santiago est édifiante. On y voit qu'il n'a rien appris mais rien oublié. On n'y trouve aucune trace de culpabilité ni a fortiori de repentir. Elle montre en tout cas que malgré ses 85 ans et ses ennuis de santé, le vieil homme égal à lui-même a bel et bien toute sa tête. En prononçant son inculpation, le juge Guzman estime donc que Pinochet est en mesure d'être jugé. A posteriori, il s'agit d'un désaveu sévère pour les autorités britanniques qui l'avaient renvoyé chez lui pour cause de sénilité. C'est également un démenti à tous les pessimistes, dont nous étions, qui pensaient à l'époque que cette décision valait amnistie de fait, que Pinochet ne serait jamais jugé au Chili.
Aujourd'hui, pour la première fois, sans doute, cette perspective est enfin devenue crédible.
Le cas Pinochet est devenu emblématique, à la fois précédent et symbole, d'une justice sans frontières qui a tant de mal à se frayer un chemin pour condamner les crimes politiques. Car juger Pinochet est une longue route semée d'embûches comme on l'a constaté depuis la première arrestation de l'ancien dictateur chilien le 16 octobre 1998 à Londres. Aujourd'hui encore, il est loin du tribunal, même si sa dernière inculpation commence à l'en rapprocher dangereusement, à son corps défendant. Depuis deux ans et demi que dure cette grande saga politico-judiciaire, une partie du chemin a été franchie, non sans peine. L'inculpation que vient de prononcer le juge Guzman ne vaut en droit ni jugement ni condamnation. Mais c'est un pas décisif, même s'il n'est pas définitif.
Aucune trace de culpabilité ni de repentir
C'est en effet la deuxième fois que Pinochet est inculpé. Cette fois-ci pourrait cependant être la bonne. La Cour suprême avait invalidé la première décision du juge sous prétexte que l'intéressé n'avait été ni interrogé ni soumis à un examen médical. Ces deux conditions sont désormais remplies. Les médecins ont estimé qu'il était atteint d'une démence légère à modérée. Quant au magistrat, il a jugé, après avoir enfin réussi à l'entendre, que c'est un monsieur certes âgé mais «extraordinairement normal» selon ses propres termes. A cette occasion l'ancien dictateur a confirmé qu'il niait toute responsabilité dans les crimes qui lui sont reprochés et qu'il rejette sur ses anciens subalternes.
La lecture de sa déposition publiée à Santiago est édifiante. On y voit qu'il n'a rien appris mais rien oublié. On n'y trouve aucune trace de culpabilité ni a fortiori de repentir. Elle montre en tout cas que malgré ses 85 ans et ses ennuis de santé, le vieil homme égal à lui-même a bel et bien toute sa tête. En prononçant son inculpation, le juge Guzman estime donc que Pinochet est en mesure d'être jugé. A posteriori, il s'agit d'un désaveu sévère pour les autorités britanniques qui l'avaient renvoyé chez lui pour cause de sénilité. C'est également un démenti à tous les pessimistes, dont nous étions, qui pensaient à l'époque que cette décision valait amnistie de fait, que Pinochet ne serait jamais jugé au Chili.
Aujourd'hui, pour la première fois, sans doute, cette perspective est enfin devenue crédible.
par Jacques Rozenblum
Article publié le 30/01/2001