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Congo démocratique

L'ONU cherche la sortie du conflit

La réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, les 21 et 22 février, va-t-elle déboucher sur un véritable cessez-le-feu au Congo démocratique ? Marquera-t-elle le début du retrait des forces étrangères ? Favorisera-t-elle la réconciliation entre les différents mouvements congolais, du côté de Kinshasa comme du côté de la rébellion ? La réponse à toutes ces questions dépend surtout des membres permanents du Conseil de sécurité, à commencer par les Etats-Unis, qui ont révisé en profondeur leur position vis-à-vis de cette longue guerre africaine, et rétabli des relations normales avec le gouvernement congolais, depuis l'arrivée au pouvoir de Joseph Kabila. Aux dépens de leurs alliés traditionnels : le Rwanda et l'Ouganda, qui en ont vite tiré les conclusions.
Le changement de cap dans la politique américaine, accompagné de celui de Kinshasa, depuis environ un mois, a déjà porté ses fruits du côté de la rébellion et de ses « parrains » qui occupent la moitié du pays depuis l'été 1998, en dépit des accords de Lusaka (août 1999). Le Rwanda et l'Ouganda ont annoncé mardi qu'ils allaient se retirer partiellement du Congo démocratique, dès la semaine prochaine.

Paul Kagamé a annoncé qu'il commencerait à se retirer, dès le 28 février prochain, de Pweto, une ville située dans le sud-est du pays, tout près de la frontière zambienne, et qui a été occupée par le Rwanda et le RCD-Goma en décembre dernier. Ce geste s'accompagne de déclarations plutôt apaisantes de la part de son ministre des Affaires étrangères, André Bumaya, de passage à Paris. «Le contexte du conflit est nouveau et présente des opportunités de solutions qu'il faut absolument saisir, a-t-il dit. Aujourd'hui il y a une chance réelle de reprendre le fil de la solution à partir des accords de Lusaka».

L'armée angolaise de plus en plus présente à Kinshasa

Auparavant, le président rwandais s'était félicité des «résultats positifs» du sommet restreint qui s'est tenu à Lusaka jeudi 15 février, auquel le Rwanda n'avait pourtant pas participé, en raison d'un différend avec la Zambie, accusée de fermer les yeux sur près de 6 000 miliciens hutus (interhamwe) qui s'y sont réfugiés ces derniers mois. Kagamé avait également salué «l'engagement du gouvernement de la RDC à procéder au dialogue inter-congolais» et réitéré son engagement en faveur d'un retrait de toutes les troupes de 200 km, après le déploiement de la MONUC. Kagamé a-t-il reçu des assurances - de l'ONU comme de Kinshasa - concernant les désarmement des interhamwe présents au Congo comme en Zambie ?

On peut le penser. Car, le Rwanda doit faire face à un autre problème : les divergences persistantes au sein de la direction de son allié congolais, le RCD-Goma, qui a pourtant été renouvelée en octobre denier et placée sous l'autorité d'Adolphe Onusumba. Celui-ci a une nouvelle désavoué l'un de ses porte-parole qui avait confirmé officiellement les pourparlers en cours entre le RCD-Goma et Kinshasa. Des «contacts» qui auraient dû rester secrets, mais qui confirment bel et bien que le dégel en cours concerne aussi les différents mouvements congolais : à savoir l'opposition armée comme l'opposition pacifique, qui a elle aussi saluée l'accession au pouvoir et les initiatives diplomatiques de Joseph Kabila.

Le nouveau président congolais a bénéficié d'un accueil exceptionnellement favorable de la part de tous les protagonistes du conflit, en Afrique comme en Europe et aux Etats-Unis. Paradoxalement, c'est à Kinshasa, au sein de son équipe et des différents «clans» qui se sont opposés à Kinshasa, avant et après l'assassinat de Laurent Kabila, qu'il risque de rencontrer le plus de difficultés. C'est probablement pour cela que l'armée angolaise est de plus en plus présente dans l'agglomération kinoise, où elle assure pratiquement seule la sécurité du nouveau régime. Luanda semble croiser les doigts : elle est sans doute consciente que la transition sera encore longue en RDC, même si le Conseil de sécurité décide (enfin) de prendre les choses en main et ne se contente pas de résolutions plus ou moins vagues - comme dans le passé, du temps de l'administration Clinton.



par Elio  Comarin

Article publié le 21/02/2001