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FMI-Banque mondiale

Les bailleurs de fonds<br>«<i>comprennent</i>» mieux l'Afrique

Ce fut la «rencontre de l'espoir» selon le président sierra-léonais, Tejan Kaba, le «sommet de la rupture» pour le Sénégalais Abdoulaye Wade. Les chefs d'Etat africains venus à la rencontre du président de la Banque mondiale, James Wolfensohn et du directeur général de Fonds monétaire international Hort Kökler se sont déclarés «satisfaits» à la clôture du sommet.
De notre correspondant au Mali

«Ce n'était pas la langue de bois, nous avons parlé carte sur table à huis clos» exulte de son côté le président malien, Alpha Oumar Konaré. «Gouvernance et conflits», «la promotion de l'investissement privé», «intégration régionale et mondialisation», et «financement du développement en Afrique» ont été, entre autres, les thèmes discutés. Un bilan «sans concession» des relations pays en voie de développement-institutions de Bretton Woods a été réalisé.

A l'unisson, les chefs d'Etat du Mali, de la Sierra Leone, du Niger, de Madagascar, du Burkina Faso, du Ghana, du Sénégal, du Cap-Vert et du Gabon ont demandé l'annulation de la dette. «Il faut passer ces dettes par pertes et profits» a carrément demandé très en verve le gabonais Omar Bongo. «Annuler purement et simplement les dettes, ce n'est pas possible. Si nous les annulons, ils nous manquera des ressources pour le financement par exemple du secteur privé en Afrique» a riposté un délégué du FMI.

«Nous allons poursuivre dans un premier temps, les réductions de la dette, pour le renforcement de la lutte contre la pauvreté», a souligné de son côté James Wolfensohn. Et son collègue du FMI de poursuivre :«c'est vrai que par le passé bailleurs de fonds et bénéficiaires n'avaient pas forcément élaboré de bonnes politiques». Les dirigeants africains, ont également dénoncé la détérioration des termes de l'échange, la hausse du prix du pétrole qui «tirent vers le bas» les économies africaines. «En Afrique de l'ouest par exemple, a souligné le président malien, alors qu'on espérait cette année un taux de croissance de 5%, il sera de 3%». «Certes, a-t-il poursuivi, nous devons revoir nos systèmes internes de gestion, mais tant que les financiers internationaux ne changerons pas de politique, nous serons à la remorque des événements».

Le FMI avocat de l'Afrique?

Dans les couloirs de la rencontre, chiffres à l'appui, des délégués africains, ont affirmé que le risque de la marginalisation du continent est grand. Dans le commerce international, la part de l'Afrique ne représente que 1%. Elle n'attire que 1,2% des capitaux étrangers. Sa dette extérieure est passée en moins de vingt ans de 110 milliards de dollars à plus de 350 milliards de FCFA en 2000. Au même moment selon un rapport de la Banque mondiale («Les indicateurs de développement 2001 en Afrique») , l'aide publique au développement du continent en provenance des pays membres de l'Organisation de coopération, et de développement économique (OCDE) a «largement» diminué. Cette aide selon le document est passé de 17 milliards de dollars en 1992, à 10,8 milliards de dollars en 1999. Or, pendant cette période, les pays donateurs traversaient «une relative prospérité».

C'est pourquoi, au sommet de Bamako, bailleurs de fonds et pays africains, ont voulu regarder plus sereinement vers l'avenir. Pour ce faire, l'approche régionale des investissements sera privilégiée. «Concrètement, plusieurs pays africains réunis qui présenteront ensemble des projets, auront plus facilement un financement, qu'un pays qui présente seul un projet», a déclaré à la presse le président sénégalais.

Une meilleure harmonisation des politiques économique, de santé, en matière d'éducation, a été également décidé. Parce que «plus nous serons unis, plus nous serons fort» comme le dit le président Mamadou Tandja du Niger. Autre priorité dégagée à l'issue de la rencontre de Bamako, la mise en place d'un mécanisme plus souple de conditionnalité de l'aide. «Nous allons alléger, les conditions des prêts, et de l'aide en tenant d'avantage des effets sociaux des programmes d'ajustements» affirme M. Alexandre Barrao Chambrier, administrateur au FMI.

Les responsables des institutions de Bretton Woods se sont déclarés «impressionnés» par les points de vue exprimés et ils ont pris l'engagement d'être les «avocats» des pays d'Afrique en Occident. Mais les argentiers internationaux ont tenu à insister sur un environnement «sain», nécessaire pour l'investissement. Notamment la bonne gouvernance, la lutte anti-corruption, le règlement des conflits, etc.

Accueillis par des manifestants scandant «Non au FMI», «La Banque mondiale nous affame» et des intellectuels africains qui réclamaient l'annulation «pure et simple» de la dette, les bailleurs de fonds ont quand même quitté ce mardi le Mali avec «les félicitations» des chefs d'Etat africains. «Nous nous sommes très bien compris. Nous les avons félicité pour cette capacité d'écoute. Et nos savons qu'ils vont mettre en oeuvre les décisions prises à Bamako,» a confié à la presse le président sénégalais.



par Serge  Daniel

Article publié le 21/02/2001