Fièvre aphteuse
La viande européenne fait peur à l'Amérique
Washington a interdit les importations de viande, d'animaux et de certains produits laitiers en provenance de l'Union européenne. Les Etats-Unis sont débarrassés de la fièvre aphteuse depuis plus de 70 ans, elle aurait aujourd'hui des conséquences catastrophiques. Les chaussures des voyageurs à risque sont désinfectées.
De notre correspondant à New York
Les éleveurs américains connaissent bien la fièvre aphteuse. Le «foot-and-mouth disease» (la maladie s'attaque à la gueule et aux pattes du bétail) s'est taillé une sinistre réputation sur le continent au début du siècle. Plusieurs épidémies, amenées par des bateaux européens, ont décimé le cheptel américain. En 1914, la maladie s'est répandue comme une traînée de poudre parmi 3 500 troupeaux dans 22 Etats. Avant que l'épidémie ne soit stoppée, 77 000 bovins, 85 000 porcs et 10 000 moutons ont été abattus. Mieux que la Grande Bretagne et ses 130 000 bêtes sacrifiées pour l'instant.
En 1929, les Etats-Unis se débarrassent enfin de l'épizootie, pas de la peur. Après une frayeur dans les années cinquante, alors que le Mexique est frappé, le Congrès bannit de son territoire toute conservation du virus, même sous forme de vaccin. Les recherches sur la maladie sont cantonnées à l'île de Plum, au large de New York, où sont stockées deux millions de doses de vaccin, en cas de besoin.
Le département de l'agriculture continue à décrire le virus comme «une des plus redoutables des maladies animales». Car selon les experts, les conséquences de l'épizootie seraient pires encore aujourd'hui : les troupeaux sont plus nombreux, sur des espaces plus réduits. Or, les Etats-Unis et le Canada ne vaccinent plus leur cheptel, la maladie ayant disparu du territoire depuis longtemps. En cas de contamination d'un troupeau, il est de toutes les façons trop tard, l'abattage reste la seule solution efficace.
Autant dire que lorsqu'un foyer s'est déclaré en France, la réaction américaine a fusé. Sans consultation de leurs partenaires, les Etats-Unis ont banni les exportations de viande et d'animaux vivants de l'Union européenne, ainsi que certains produits laitiers non pasteurisés. Le Canada et l'Australie ont suivi. Au total, le manque à gagner se chiffrerait à près de 1,5 milliards de dollars par an d'exportation pour l'UE. C'est surtout le porc et ses dérivés qui seront touchés, car les ovins et les bovins sont pour la plupart déjà interdits depuis 1997, pour cause vache folle.
Aliments suspects saisis et détruits
Sur les frontières américaines, 1 800 inspecteurs des services de protection et de quarantaine sont mobilisés. Des chiens renifleurs traquent toute trace de produits alimentaires, et les passagers des vols qui arrivent aux Etats-Unis sont questionnés en détail. Ceux qui mentent sur les produits alimentaires qu'ils transportent s'exposent à une amende de 1 000 dollars, plus de 7 000 francs. Tous les aliments suspects sont saisis, et détruits. Si vous avez été récemment en contact avec une exploitation agricole, vos chaussures seront désinfectées, de même que vos vêtements et vos affaires.
Côté prévention, des spots télévisés informent les voyageurs des dangers de la maladie, pour développer «leur esprit civique». Une ligne de téléphone pour répondre aux questions des voyageurs sur la maladie a même été ouverte. La tâche est titanesque : 250 000 personnes arrivent chaque jour d'Europe, par les ports et les aéroports. Même le courrier est passé à la loupe, surtout s'il vient de Grande-Bretagne. Quant aux touristes américains en Europe, il leur est demandé d'éviter tout ce qui peut ressembler à un zoo ou une ferme durant les cinq jours avant leur retour.
La secrétaire d'Etat à l'agriculture, Ann Veneman, a joué l'apaisement devant les caméras de NBC: «cela n'a rien à voir avec la maladie de la vache folle. La fièvre aphteuse n'a d'effet que sur les animaux. Et nous voulons être sûr que cela n'affectera pas nos animaux». Le véritable enjeu est évidemment économique. Les Etats-Unis perdraient des milliards de dollars, s'ils devaient suspendre leurs exportations. Pour faire passer la pilule de l'embargo, les Etats-Unis ont tendu la main outre-atlantique. Ils ont envoyé une équipe de 20 vétérinaires en Europe, qui seront suivis de 20 autres, pour aider à lutter contre la maladie.
Les éleveurs américains connaissent bien la fièvre aphteuse. Le «foot-and-mouth disease» (la maladie s'attaque à la gueule et aux pattes du bétail) s'est taillé une sinistre réputation sur le continent au début du siècle. Plusieurs épidémies, amenées par des bateaux européens, ont décimé le cheptel américain. En 1914, la maladie s'est répandue comme une traînée de poudre parmi 3 500 troupeaux dans 22 Etats. Avant que l'épidémie ne soit stoppée, 77 000 bovins, 85 000 porcs et 10 000 moutons ont été abattus. Mieux que la Grande Bretagne et ses 130 000 bêtes sacrifiées pour l'instant.
En 1929, les Etats-Unis se débarrassent enfin de l'épizootie, pas de la peur. Après une frayeur dans les années cinquante, alors que le Mexique est frappé, le Congrès bannit de son territoire toute conservation du virus, même sous forme de vaccin. Les recherches sur la maladie sont cantonnées à l'île de Plum, au large de New York, où sont stockées deux millions de doses de vaccin, en cas de besoin.
Le département de l'agriculture continue à décrire le virus comme «une des plus redoutables des maladies animales». Car selon les experts, les conséquences de l'épizootie seraient pires encore aujourd'hui : les troupeaux sont plus nombreux, sur des espaces plus réduits. Or, les Etats-Unis et le Canada ne vaccinent plus leur cheptel, la maladie ayant disparu du territoire depuis longtemps. En cas de contamination d'un troupeau, il est de toutes les façons trop tard, l'abattage reste la seule solution efficace.
Autant dire que lorsqu'un foyer s'est déclaré en France, la réaction américaine a fusé. Sans consultation de leurs partenaires, les Etats-Unis ont banni les exportations de viande et d'animaux vivants de l'Union européenne, ainsi que certains produits laitiers non pasteurisés. Le Canada et l'Australie ont suivi. Au total, le manque à gagner se chiffrerait à près de 1,5 milliards de dollars par an d'exportation pour l'UE. C'est surtout le porc et ses dérivés qui seront touchés, car les ovins et les bovins sont pour la plupart déjà interdits depuis 1997, pour cause vache folle.
Aliments suspects saisis et détruits
Sur les frontières américaines, 1 800 inspecteurs des services de protection et de quarantaine sont mobilisés. Des chiens renifleurs traquent toute trace de produits alimentaires, et les passagers des vols qui arrivent aux Etats-Unis sont questionnés en détail. Ceux qui mentent sur les produits alimentaires qu'ils transportent s'exposent à une amende de 1 000 dollars, plus de 7 000 francs. Tous les aliments suspects sont saisis, et détruits. Si vous avez été récemment en contact avec une exploitation agricole, vos chaussures seront désinfectées, de même que vos vêtements et vos affaires.
Côté prévention, des spots télévisés informent les voyageurs des dangers de la maladie, pour développer «leur esprit civique». Une ligne de téléphone pour répondre aux questions des voyageurs sur la maladie a même été ouverte. La tâche est titanesque : 250 000 personnes arrivent chaque jour d'Europe, par les ports et les aéroports. Même le courrier est passé à la loupe, surtout s'il vient de Grande-Bretagne. Quant aux touristes américains en Europe, il leur est demandé d'éviter tout ce qui peut ressembler à un zoo ou une ferme durant les cinq jours avant leur retour.
La secrétaire d'Etat à l'agriculture, Ann Veneman, a joué l'apaisement devant les caméras de NBC: «cela n'a rien à voir avec la maladie de la vache folle. La fièvre aphteuse n'a d'effet que sur les animaux. Et nous voulons être sûr que cela n'affectera pas nos animaux». Le véritable enjeu est évidemment économique. Les Etats-Unis perdraient des milliards de dollars, s'ils devaient suspendre leurs exportations. Pour faire passer la pilule de l'embargo, les Etats-Unis ont tendu la main outre-atlantique. Ils ont envoyé une équipe de 20 vétérinaires en Europe, qui seront suivis de 20 autres, pour aider à lutter contre la maladie.
par Philippe Bolopion
Article publié le 15/03/2001