Congo démocratique
Satisfaction à l'ONU, incertitude à Kinshasa
«Le désengagement sur la totalité des fronts est une réalité ; tout le monde montre d'excellentes dispositions pour bouger et bouge». Une semaine après le début de ce premier retrait, la MONUC (la Mission d'observations de l'ONU) n'a pas caché sa satisfaction, mercredi 21 mars, en annonçant que les belligérants ont cantonné leurs forces dans une centaine de positions désignées par les accords signés à Harare et à Lusaka. Ceci devrait permettre l'arrivée, vers la fin mars, du premier contingent de la force de l'ONU, qui a la charge d'assurer la garde des installations et du matériel des observateurs non armés de la MONUC.
Ce premier point marqué par l'ONU est censé ouvrir la voie au dialogue intercongolais, indispensable pour que la RDC retrouve le chemin de la paix et de l'unité. «L'arrivée au pouvoir de Joseph Kabila a été perçu comme une µfenêtre d'opportunité', a déclaré mardi à Libreville Aldo Ajello, envoyé spécial de l'Union européenne pour les Grands Lacs ; mais les problèmes a régler en RDC ne sont quand même pas si simples que cela. Il faut commencer par définir les choses de base : but du dialogue intercongolais et identification d'interlocuteurs valables pour que ce dialogue soit viableà Il faut encore un certain temps pour parvenir à une solution ; je doute beaucoup que ce soit dans quelques semaines ou même quelques mois».
Le «facilitateur» de ce dialogue, l'ex-président botswanais Ketumile Masire, a rencontré dimanche le président Joseph Kabila et compte se rendre prochainement du côté de la rébellion. Mais, d'ores et déjà, une partie importante de la classe politique congolaise n'accepte pas que Joseph Kabila participe à ce dialogue en tant que chef de l'Etat. Au moment même où à Kinshasa, une marche très peu spontanée en faveur de Kabila junior, à l'occasion de son retour d'une tournée en Europe, a été officiellement désavouée par laà présidence de la République.
Joseph Kabila est «prisonnier» du Zimbabwé
En réalité, le climat qui prévaut actuellement dans la capitale congolaise n'est pas à la détente. De plus en plus «prisonnier» des Zimbabwéens - qui assurent sa garde rapprochée - Joseph Kabila a tenté de reprendre en main l'armée comme les services de sécurité, à la suite de la mise en cause de nombreux officiers (en majorité katangais appartenant à l'ethnie lunda) dans l'assassinat de son père le 16 janvier dernier. Il s'agit en réalité des fameux «Tigres», soit des enfants des «gendarmes katangais» qui dans les années 60 avaient soutenu la sécession de Moïse Tshombé, avant d'être «retournés» par le MPLA (Angola) et de se lancer à l'assaut du régime de Mobutu Sese Seko, dix ans plus tard comme plus récemment, aux côtés de Laurent Kabila. La mise à l'écart des Katangais - mais aussi de jeunes «kadogos» originaires du Kivu - a affaibli encore davantage les Forces armées congolaises (FAC). Kabila junior a été contraint de faire appel à d'autres officiers (notamment du Kasaï), voire à des anciens mobutistes. Il prend ainsi le risque de s'entourer d'ennemis de son père. Alors qu'il se confirme qu'il a fait récemment l'objet d'une tentative d'assassinat et que d'autres officiers katangais sont aux arrêt.
Que fera, dans ce contexte, l'Angola, de plus en plus soupçonnée d'avoir trempé dans l'élimination de Kabila père ? Luanda est massivement intervenue du côté de Kinshasa en 1998 dans le but unique de couper les bases arrières aux deux mouvements rebelles qui menacent son unité et ses richesses : l'UNITA de Jonas Savimbi et le FLEC cabindais. La mise à l'écart de ses « ommes» à Kinshasa - à l'instar de l'ancien aide de camp de Kabila père, Eddy Kapend - ne peut que l'inquiéter. «En réalité, l'Angola et le Zimbabwé, qui sont intervenus en RDC pour des raison très différentes, sont désormais tout près d'une véritable rupture», nous a déclaré Honoré Ngbanda, ancien ministre et ancien responsable des services de sécurité de Mobutu. Et Kabila fils, qui a «géré» les intérêts personnels de Robert Mugabe et de ses généraux au Congo démocratique, a aussitôt opté pour le Zimbabwé, après l'attentat contre son père. Osera-t-il laisser la commission d'enquête sur cet attentat faire correctement son travail, et notamment rendre publiques les déclarations de «l'homme des Angolais», Eddy Kapend ? On peut en douter, car il n'en a apparemment pas les moyens.
«Aucune solution n'est viable en RDC sans un cadre institutionnel clair, basé sur les acquis de la conférence nationale qui, en 1996, avait abouti à une constitution que tout le monde avait accepté, nous a précisé Honoré Ngbanda. Il nous faut à la fois un gouvernement de transition, de véritables élections et une commission µjustice et vérité' à la sud-africaine, si l'on veut redonner au pays une chance de retrouver la paix».
Le «facilitateur» de ce dialogue, l'ex-président botswanais Ketumile Masire, a rencontré dimanche le président Joseph Kabila et compte se rendre prochainement du côté de la rébellion. Mais, d'ores et déjà, une partie importante de la classe politique congolaise n'accepte pas que Joseph Kabila participe à ce dialogue en tant que chef de l'Etat. Au moment même où à Kinshasa, une marche très peu spontanée en faveur de Kabila junior, à l'occasion de son retour d'une tournée en Europe, a été officiellement désavouée par laà présidence de la République.
Joseph Kabila est «prisonnier» du Zimbabwé
En réalité, le climat qui prévaut actuellement dans la capitale congolaise n'est pas à la détente. De plus en plus «prisonnier» des Zimbabwéens - qui assurent sa garde rapprochée - Joseph Kabila a tenté de reprendre en main l'armée comme les services de sécurité, à la suite de la mise en cause de nombreux officiers (en majorité katangais appartenant à l'ethnie lunda) dans l'assassinat de son père le 16 janvier dernier. Il s'agit en réalité des fameux «Tigres», soit des enfants des «gendarmes katangais» qui dans les années 60 avaient soutenu la sécession de Moïse Tshombé, avant d'être «retournés» par le MPLA (Angola) et de se lancer à l'assaut du régime de Mobutu Sese Seko, dix ans plus tard comme plus récemment, aux côtés de Laurent Kabila. La mise à l'écart des Katangais - mais aussi de jeunes «kadogos» originaires du Kivu - a affaibli encore davantage les Forces armées congolaises (FAC). Kabila junior a été contraint de faire appel à d'autres officiers (notamment du Kasaï), voire à des anciens mobutistes. Il prend ainsi le risque de s'entourer d'ennemis de son père. Alors qu'il se confirme qu'il a fait récemment l'objet d'une tentative d'assassinat et que d'autres officiers katangais sont aux arrêt.
Que fera, dans ce contexte, l'Angola, de plus en plus soupçonnée d'avoir trempé dans l'élimination de Kabila père ? Luanda est massivement intervenue du côté de Kinshasa en 1998 dans le but unique de couper les bases arrières aux deux mouvements rebelles qui menacent son unité et ses richesses : l'UNITA de Jonas Savimbi et le FLEC cabindais. La mise à l'écart de ses « ommes» à Kinshasa - à l'instar de l'ancien aide de camp de Kabila père, Eddy Kapend - ne peut que l'inquiéter. «En réalité, l'Angola et le Zimbabwé, qui sont intervenus en RDC pour des raison très différentes, sont désormais tout près d'une véritable rupture», nous a déclaré Honoré Ngbanda, ancien ministre et ancien responsable des services de sécurité de Mobutu. Et Kabila fils, qui a «géré» les intérêts personnels de Robert Mugabe et de ses généraux au Congo démocratique, a aussitôt opté pour le Zimbabwé, après l'attentat contre son père. Osera-t-il laisser la commission d'enquête sur cet attentat faire correctement son travail, et notamment rendre publiques les déclarations de «l'homme des Angolais», Eddy Kapend ? On peut en douter, car il n'en a apparemment pas les moyens.
«Aucune solution n'est viable en RDC sans un cadre institutionnel clair, basé sur les acquis de la conférence nationale qui, en 1996, avait abouti à une constitution que tout le monde avait accepté, nous a précisé Honoré Ngbanda. Il nous faut à la fois un gouvernement de transition, de véritables élections et une commission µjustice et vérité' à la sud-africaine, si l'on veut redonner au pays une chance de retrouver la paix».
par Elio Comarin
Article publié le 21/03/2001