Côte d''Ivoire
Des municipales à enjeu national
Les Ivoiriens sont retournés aux urnes ce dimanche 25 mars pour des élections municipales qui marquent la dernière étape du processus de retour la démocratie entamé avec les présidentielles d'octobre 2000. Pour la première fois depuis la fin du régime militaire, tous les grands partis politiques, y compris le RDR d'Alassane Ouattara étaient dans la course. Les bailleurs de fonds y voient un test, après les troubles et les violences de ces derniers mois.
La Côte d'Ivoire est train de tourner une page, après l'une des périodes les plus troublées de son histoire avec les élections municipales de ce dimanche. A priori, l'enjeu paraissait mineur. Compte tenu des troubles qui ont accompagné les présidentielles et les législatives, ce scrutin avait néanmoins valeur de test. D'autant que le Rassemblement des Républicains (RDR), absent des deux précédentes échéances, y a participé. «Pour nous l'enjeu est local, mais aussi national, car c'est la première consultation à laquelle nous participons depuis le référendum constitutionnel de juillet 2000», nous a confié Zemogo Fofana, responsable des relations extérieures du mouvement. A l'évidence, le parti d'Alassane Ouattara y voit l'occasion de mesurer son poids dans le pays, mais aussi une possible «étape vers la normalisation», note Zemogo Fofana, de surcroît après la rencontre entre le président Gbagbo et son principal opposant à Lomé, il y a quelques jours.
A la veille du scrutin, les responsables politiques s'accordaient à dire que la campagne s'est déroulée sans incidents notables. «Tout le monde est prêt. C'est de la routine. Les commissions électorales locales savent exactement ce qu'il faut faire», nous a déclaré Honoré Guié, président de la Commission nationale électorale (CNE). Ce dernier a quand même cru bon de mettre en garde contre toute tentative d'intimidation à l'encontre de personnes originaires d'autres régions que celles du lieu de vote, comme cela avait été signalé lors des législatives.
Un scrutin test pour les bailleurs de fonds
Les autorités ivoiriennes étaient d'autant plus attachées à la bonne organisation de ces municipales qu'elles y voient un moyen de regagner du crédit auprès des bailleurs de fonds. Echaudés par la controverse sur les dernières élections législatives et un piètre bilan en matière de droits de l'homme, l'Union européenne, le Fonds monétaire international, la France et les Etats-Unis ont fait «du bon déroulement de ces élections locales» l'une des principales conditions de la reprise de leur aide.
Cette consultation a suscité un réel intérêt en Côte d'Ivoire. Au total, six cent-onze listes, dont trente-neuf par des femmes, ont été retenues par la CNE et 19 267 candidats, briguent 5 937 postes de conseillers municipaux. «Cet engouement n'est pas seulement dû à la présence de l'ensemble des partis, analyse Honoré Guié. Beaucoup de personnalités dans les différentes régions ne veulent pas laisser passer cette occasion d'avoir un poste.» Aucun parti n'était toutefois présent dans la totalité des 197 circonscriptions municipales du pays. Avec 123 listes, le RDR estime qu'un bon score se situerait entre 70 à 80 municipalités. Et s'il compte faire le plein des voix dans le Nord, où il est essentiellement en compétition avec le PDCI (ancien parti unique), le parti d'Alassane Ouattara lorgne aussi sur plusieurs communes d'Abidjan, la capitale économique, et sur Bouaké la deuxième ville du pays.
Pour sa part, le Front populaire ivoirien (FPI), qui détient la majorité des sièges au parlement, espère consolider son implantation nationale, avec 116 listes. Il était néanmoins largement absent de la partie nord du pays, fief du RDR et du PDCI. Le parti de Félix Houphouët-Boigny, qui affichait le plus grand nombre de listes (159), entendait surtout de limiter la casse. Ce dernier domine la plupart des conseils municipaux sortant, élus du temps de sa toute puissance. Mais il s'attend à perdre un nombre important de sièges, au profit d'autres partis, voire des multiples candidats dissidents ou indépendants qui se sont lancés dans la course et totalisent 33% de l'ensemble des listes retenues. Le PDCI n'est d'ailleurs pas seul à connaître ce phénomène qui touche la plupart des mouvements, à un degré ou à un autre. L'élection n'en était que plus ouverte. Elle a même été l'occasion d'alliances parfois inattendues, au regard des tensions politiques de ces derniers mois, qui se nouent dans une poignée de communes, y compris entre le RDR et le FPI.
Les premiers résultats devaient être connus dans la soirée de dimanche, dans la mesure où ils devaient être proclamés dans les circonscriptions avant d'être transmis à la CNE. Mais ils seront officiellement annoncés le courant de la semaine.
A la veille du scrutin, les responsables politiques s'accordaient à dire que la campagne s'est déroulée sans incidents notables. «Tout le monde est prêt. C'est de la routine. Les commissions électorales locales savent exactement ce qu'il faut faire», nous a déclaré Honoré Guié, président de la Commission nationale électorale (CNE). Ce dernier a quand même cru bon de mettre en garde contre toute tentative d'intimidation à l'encontre de personnes originaires d'autres régions que celles du lieu de vote, comme cela avait été signalé lors des législatives.
Un scrutin test pour les bailleurs de fonds
Les autorités ivoiriennes étaient d'autant plus attachées à la bonne organisation de ces municipales qu'elles y voient un moyen de regagner du crédit auprès des bailleurs de fonds. Echaudés par la controverse sur les dernières élections législatives et un piètre bilan en matière de droits de l'homme, l'Union européenne, le Fonds monétaire international, la France et les Etats-Unis ont fait «du bon déroulement de ces élections locales» l'une des principales conditions de la reprise de leur aide.
Cette consultation a suscité un réel intérêt en Côte d'Ivoire. Au total, six cent-onze listes, dont trente-neuf par des femmes, ont été retenues par la CNE et 19 267 candidats, briguent 5 937 postes de conseillers municipaux. «Cet engouement n'est pas seulement dû à la présence de l'ensemble des partis, analyse Honoré Guié. Beaucoup de personnalités dans les différentes régions ne veulent pas laisser passer cette occasion d'avoir un poste.» Aucun parti n'était toutefois présent dans la totalité des 197 circonscriptions municipales du pays. Avec 123 listes, le RDR estime qu'un bon score se situerait entre 70 à 80 municipalités. Et s'il compte faire le plein des voix dans le Nord, où il est essentiellement en compétition avec le PDCI (ancien parti unique), le parti d'Alassane Ouattara lorgne aussi sur plusieurs communes d'Abidjan, la capitale économique, et sur Bouaké la deuxième ville du pays.
Pour sa part, le Front populaire ivoirien (FPI), qui détient la majorité des sièges au parlement, espère consolider son implantation nationale, avec 116 listes. Il était néanmoins largement absent de la partie nord du pays, fief du RDR et du PDCI. Le parti de Félix Houphouët-Boigny, qui affichait le plus grand nombre de listes (159), entendait surtout de limiter la casse. Ce dernier domine la plupart des conseils municipaux sortant, élus du temps de sa toute puissance. Mais il s'attend à perdre un nombre important de sièges, au profit d'autres partis, voire des multiples candidats dissidents ou indépendants qui se sont lancés dans la course et totalisent 33% de l'ensemble des listes retenues. Le PDCI n'est d'ailleurs pas seul à connaître ce phénomène qui touche la plupart des mouvements, à un degré ou à un autre. L'élection n'en était que plus ouverte. Elle a même été l'occasion d'alliances parfois inattendues, au regard des tensions politiques de ces derniers mois, qui se nouent dans une poignée de communes, y compris entre le RDR et le FPI.
Les premiers résultats devaient être connus dans la soirée de dimanche, dans la mesure où ils devaient être proclamés dans les circonscriptions avant d'être transmis à la CNE. Mais ils seront officiellement annoncés le courant de la semaine.
par Christophe Champin
Article publié le 23/03/2001