Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Congo démocratique

Des Casques bleus chez les «rebelles»

Le premier contingent de la Mission d'observation de l'ONU (MONUC) est arrivé jeudi 29 mars à Kalémié, une ville de l'est du Congo démocratique sous contrôle des rebelles pro-rwandais du RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie). Il s'agit de 110 soldats uruguayens, arrivés directement de Montevideo, qui seront chargés « de la sécurité du siège de l'état-major de secteur des Nations unies » dans cette ville située à environ 500 kilomètres au sud de Goma, le siège du RCD. « Votre arrivée représente un pas en avant significatif dans le processus de paix », leur a dit le général sénégalais Moutanga Diallo, qui dirige la MONUC.
Le nombre total de Casques bleus attendus en RDC est estimé à 2000 et leur mission est de « garder les installations, équipements et matériels » de la MONUC, qui doit pour sa part surveiller et vérifier - mais pas imposer - le désengagement des belligérants. Un désengagement qui a certes commencé mais qui n'était pas encore achevé, ce jeudi à 00h00, au moins sur deux fronts.

Les blocages dans son application sont le fait d'abord des forces gouvernementales, à Kananga (dans le Kasaï occidental), où « elles n'ont pas bougé » selon le général Diallo. Dans le nord-ouest, ce sont les rebelles du FLC (Front de libération du Congo) qui n'ont pas effectué leur retrait. Leur leader, Jean-Pierre Bemba, a « posé deux conditions à son désengagement », toujours selon le général de la MONUC : le déploiement de la MONUC pour protéger les populations civiles et le démarrage effectif du dialogue intercongolais entre Kinshasa et les rebelles. Ce qui n'est pas encore à l'ordre du jour.

Les blocages persistent

Ce blocage confirme que, malgré la satisfaction de l'ONU, le Congo démocratique n'a toujours pas véritablement basculé dans le processus de paix. Les différents « parrains » des forces gouvernementales et des deux fronts rebelles n'ont visiblement pas encore décidé de retirer totalement leurs troupes, et continuent d'exploiter les ressources du pays. Le Rwanda, qui a quitté ces derniers jours la ville de Pweto, est soupçonné - notamment par des leaders des milices Maï-Maï - de vouloir s'implanter durablement dans le Kivu et même de l'annexer. Ce qui semble peu probable, car on voit mal comment l'Ouganda de Museveni, de plus en plus méfiant vis-à-vis de son ancien allié, pourrait le permettre.

L'Ouganda est quant à lui accusé d'alimenter l'instabilité dans l'est du pays, par l'organisation Human Rights Watch. Dans un rapport rendu public ce jeudi à New York (www.hrw.org/french/reports/drc2001), l'organisation écrit que l'intervention militaire ougandaise a eu des « conséquences désastreuses pour la population locale ». « Les soldats ougandais ont exploité de façon flagrante les richesses du Congo à leur profit ou à celui de leurs supérieures, et ont commis d'innombrables atrocités à l'égard de la population congolaise ». 7 000 civils ont péri depuis juin dernier, selon cette organisation, lors de différents affrontements inter-ethniques attisés par l'armée ougandaise. « Le retrait d'une partie de ses troupes ne dispense pas l'Ouganda de la responsabilité qui lui incombe d'enquêter à propos des crimes commis et de punir les soldats qui s'en sont rendus coupables », a déclaré une responsable de l'organisation.

Du côté de Kinshasa, les forces gouvernementales comme celles de l'Angola et du Zimbabwe ont apparemment peu bougé par rapport à la ligne de partage des deux fronts. Sur le plan politique, le gouvernement demeure sous le contrôle des partisans de l'intransigeance, qui sont opposés à toute concession avant le retrait total des « agresseurs » ougandais et rwandais. L'arrivée de quelques centaines de Casques bleus va-t-elle conforter le partage de fait du pays ou obliger les belligérants à « sortir du bois » ?





par Elio  Comarin

Article publié le 29/03/2001