Congo démocratique
Chez les Maï-Maï ralliés au FLC
Plusieurs groupes Maï-Maï de la région de Butembo et de Béni ont accepté le 21 mars dernier de quitter le maquis pour rejoindre l'armée du Front de Libération des Congolais. C'est une victoire politique pour le président du FLC, Jean Pierre Bemba, qui a obtenu ce ralliement grâce à l'appui des églises et des chefs coutumiers.
De notre envoyé spécial dans l'Est de la RD Congo
Courbé sur des bicyclettes chargées de bananes et de poireaux, les hommes progressent péniblement sur le chemin caillouteux qui sépare Béni de Butembo. Les femmes suivent à pieds, portant leurs marchandises sur la tête. Le long de la route, certains villages sont déserts: les habitants ont fui les persécutions de l'armée ougandaise.
Plus loin, dans la forêt, des groupes de résistants congolais, les Maï-Maï ont installé de nombreux bivouacs depuis lesquels ils lancent régulièrement des attaques éclair contre les positions de l'armée ougandaise. Nous sommes en plein territoire Nande, à l'Est de la République Démocratique du Congo. Le grenier du pays.
Le Front de Libération des Congolais qui rassemble les trois mouvements armés par l'Ouganda a installé son "ministère des finances" à Béni, une petite ville coquette qui se trouve sur la route de Kasindi, l'un des principaux poste de douane du pays, à la frontière de l'Ouganda. "Les territoires de Béni et de Butembo nous rapportent six fois plus que les territoires de l'Equateur", s'enthousiasme François Mwamba, le "ministre des finances" du Front. Pourtant, l'intégralité de la production du café est exportée en fraude en Ouganda. Quant aux mines de Colombo-Tantalite, elles sont sous le contrôle de bandes Maï-Maï financées par les gros commerçants locaux.
Pour Jean Pierre Bemba, le président du FLC, cette parcellisation des territoires sous son contrôle est inacceptable. "Il faut refaire l'unité du pays. C'est l'optique qu'il ne faut pas oublier. Les Maï-Maï ne sont pas une bande à part, ils font partie des enfants du Congo", explique-t-il. Son puissant hélicoptère, piloté par des russes, dégage un vent de poussière quand il atterrit au sommet d'une des collines de Butembo. Une tente a été installée au milieu d'une pelouse. C'est de là que Jean-Pierre Bemba a décidé de travailler, impérial, à la réconciliation entre les Maï-Maï et les troupes ougandaises.
«Que les Ougandais partent ! »
Butembo est au coeur du phénomène Maï-Maï dans le Nord Kivu. Dominée par les bâtiments imposants de l'évêché, cet immense village dépend entièrement des écoles, des hôpitaux et des réseaux de l'Eglise. Jean Pierre Bemba ne s'y est pas trompé. Lors de son premier séjour à Butembo, en février dernier, il a participé à ses premiers bains de foule en compagnie de l'évêque, Sikuki Melchisede. Un adoubement.
Assis sur des chaises en bois dans une salle de l'évêché de Butembo, une trentaine de représentants Maï-Maï, loqueteux, ont accepté de se rendre à l'invitation de Bemba.
"Notre terre est riche, pourquoi suis-je en babouches ? Ce n'est pas normal, voilà les raisons de mon combat. Si les Ougandais sont venus pour nous écraser, qu'ils partent", explique le chef Maï-Maï, Muhindo Media, dans un français hésitant. Les chefs coutumiers et la population civile applaudissent. Mais les Maï-Maï apparaissent divisés. Les uns disent avoir pris les armes pour protéger la faune et la flore des pillages, d'autres pour lutter contre l'occupation ougandaise, d'autres contre le défunt président Kabila...
"Les Maï-Maï sont désordonnés comme des singes dans la brousse. Si nous étions encadrés, cette force pourrait servir à beaucoup de choses", remarque Mbayirwako, un autre représentant Maï-Maï. Fort de l'appui des chefs coutumiers et des églises, Jean Pierre Bemba n'a pas eu beaucoup de mal à faire l'unanimité. "Votre combat pour l'unité, l'intégrité et la paix rejoint le nôtre. Puis-je dire que je suis Maï-Maï!" leur a-t-il expliqué.
A l'issue de deux jours de débats, le 21 mars dernier, les Maï-Maï de la région de Butembo et de Béni ont accepté de quitter le maquis. Ils doivent se rendrent dans un centre d'entraînement militaire du FLC. L'objectif : créer une division Maï-Maï destinée à sécuriser la région dans la perspective du dialogue intercongolais. En échange, les troupes ougandaises doivent se replier dans les casernes.
Courbé sur des bicyclettes chargées de bananes et de poireaux, les hommes progressent péniblement sur le chemin caillouteux qui sépare Béni de Butembo. Les femmes suivent à pieds, portant leurs marchandises sur la tête. Le long de la route, certains villages sont déserts: les habitants ont fui les persécutions de l'armée ougandaise.
Plus loin, dans la forêt, des groupes de résistants congolais, les Maï-Maï ont installé de nombreux bivouacs depuis lesquels ils lancent régulièrement des attaques éclair contre les positions de l'armée ougandaise. Nous sommes en plein territoire Nande, à l'Est de la République Démocratique du Congo. Le grenier du pays.
Le Front de Libération des Congolais qui rassemble les trois mouvements armés par l'Ouganda a installé son "ministère des finances" à Béni, une petite ville coquette qui se trouve sur la route de Kasindi, l'un des principaux poste de douane du pays, à la frontière de l'Ouganda. "Les territoires de Béni et de Butembo nous rapportent six fois plus que les territoires de l'Equateur", s'enthousiasme François Mwamba, le "ministre des finances" du Front. Pourtant, l'intégralité de la production du café est exportée en fraude en Ouganda. Quant aux mines de Colombo-Tantalite, elles sont sous le contrôle de bandes Maï-Maï financées par les gros commerçants locaux.
Pour Jean Pierre Bemba, le président du FLC, cette parcellisation des territoires sous son contrôle est inacceptable. "Il faut refaire l'unité du pays. C'est l'optique qu'il ne faut pas oublier. Les Maï-Maï ne sont pas une bande à part, ils font partie des enfants du Congo", explique-t-il. Son puissant hélicoptère, piloté par des russes, dégage un vent de poussière quand il atterrit au sommet d'une des collines de Butembo. Une tente a été installée au milieu d'une pelouse. C'est de là que Jean-Pierre Bemba a décidé de travailler, impérial, à la réconciliation entre les Maï-Maï et les troupes ougandaises.
«Que les Ougandais partent ! »
Butembo est au coeur du phénomène Maï-Maï dans le Nord Kivu. Dominée par les bâtiments imposants de l'évêché, cet immense village dépend entièrement des écoles, des hôpitaux et des réseaux de l'Eglise. Jean Pierre Bemba ne s'y est pas trompé. Lors de son premier séjour à Butembo, en février dernier, il a participé à ses premiers bains de foule en compagnie de l'évêque, Sikuki Melchisede. Un adoubement.
Assis sur des chaises en bois dans une salle de l'évêché de Butembo, une trentaine de représentants Maï-Maï, loqueteux, ont accepté de se rendre à l'invitation de Bemba.
"Notre terre est riche, pourquoi suis-je en babouches ? Ce n'est pas normal, voilà les raisons de mon combat. Si les Ougandais sont venus pour nous écraser, qu'ils partent", explique le chef Maï-Maï, Muhindo Media, dans un français hésitant. Les chefs coutumiers et la population civile applaudissent. Mais les Maï-Maï apparaissent divisés. Les uns disent avoir pris les armes pour protéger la faune et la flore des pillages, d'autres pour lutter contre l'occupation ougandaise, d'autres contre le défunt président Kabila...
"Les Maï-Maï sont désordonnés comme des singes dans la brousse. Si nous étions encadrés, cette force pourrait servir à beaucoup de choses", remarque Mbayirwako, un autre représentant Maï-Maï. Fort de l'appui des chefs coutumiers et des églises, Jean Pierre Bemba n'a pas eu beaucoup de mal à faire l'unanimité. "Votre combat pour l'unité, l'intégrité et la paix rejoint le nôtre. Puis-je dire que je suis Maï-Maï!" leur a-t-il expliqué.
A l'issue de deux jours de débats, le 21 mars dernier, les Maï-Maï de la région de Butembo et de Béni ont accepté de quitter le maquis. Ils doivent se rendrent dans un centre d'entraînement militaire du FLC. L'objectif : créer une division Maï-Maï destinée à sécuriser la région dans la perspective du dialogue intercongolais. En échange, les troupes ougandaises doivent se replier dans les casernes.
par Gabriel Kahn
Article publié le 29/03/2001