Iran
L'impasse des réfugiés afghans
L'Iran est le pays au monde qui compte le plus de réfugiés. Parmi eux, une majorité d'Afghans dont le nombre est estimé à 1,5 millions. Malgré une campagne de rapatriement volontaire, organisée par les autorités iraniennes entre avril et décembre 2000, ce ne sont pas moins de 1 000 Afghans qui continuent à franchir chaque jour la frontière pour trouver refuge en Iran. Désormais, ils n'ont plus le choix : s'ils n'obtiennent pas l'asile, ils seront expulsés.
De notre envoyée spéciale en Iran
Quand elle vivait encore à Kaboul, il y a quatre ans, Nouria était avocate. Mariée à un avocat et mère de quatre enfants, elle n'imaginait pas connaître un jour l'exil puis des conditions de vie précaires dans un pays qui lui était totalement étranger : l'Iran. «J'ai fui Kaboul en 1997, quelques mois après l'arrivée des talibans. Je me suis installée avec ma famille dans le nord du pays, à Mazar i Sharif. Quand les talibans ont attaqué la région, on s'est enfui à nouveau et réfugié au Pakistan. On est arrivé à Téhéran l'année dernière. D'autres Afghans nous avaient dit : là-bas, vous serez mieux accueillis».
Mais très vite, Nouria déchante. Installée dans un minuscule deux-pièces, dans la banlieue sud de la capitale, elle a tout juste de quoi vivre. La nuit, pendant que son mari travaille comme vigile dans un garage, elle assemble des fleurs artificielles. «Je dois souvent me lever pour aller consoler les enfants. Ils font des cauchemars sur la guerre, les bombardements. Mais le pire, c'est de ne pas savoir si on pourra rester ici. La situation est très tendue».
Longtemps libérale, la politique des autorités iraniennes à l'égard des réfugiés s'est durcie dans les années 90. Tout juste sorti de la guerre avec l'Irak, le pays prend de plein fouet la crise économique et le chômage. Les Afghans, embauchés au noir sur les chantiers de Téhéran et qui constituaient une main d'£uvre bon marché au début des années 80, deviennent «indésirables».
Un programme de «rapatriement-réintégration»
Le gouvernement organise les premières reconduites à la frontière. Elles atteignent un pic en 1999 avec plus de 100 000 Afghans rapatriés. Pour éviter que ces «déportations» massives ne deviennent monnaie courante, le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a pris les devants au début de l'année dernière. Il est parvenu à négocier avec le ministère de l'intérieur la mise en place d'un programme de «rapatriement-réintégration». Son objectif : «faciliter le retour des réfugiés qui le souhaitent mais aussi accorder l'asile politique à ceux qui risquent leur vie s'ils retournent en Afghanistan. Sur 250 000 personnes interrogées entre avril et décembre 2000, 130 000 ont accepté de retourner dans leur région d'origine et 80 000 ont obtenu un statut légitime», explique Carrol Faubert, chef de la mission du HCR en Iran.
Reste que ce programme ne résout pas la situation des clandestins. En effet, nombre de réfugiés n'ont pas été se faire enregistrer par peur de l'expulsion. Quant à Mohammad, qui partage avec cinq autres réfugiés une pièce de 20mª, juste au-dessus de chez Nouria, il s'interroge : «je suis parti il y a six mois de mon village, situé près d'Harat. Je n'arrivais plus à faire vivre ma famille. Mais, je suis aussi en Iran parce que j'ai participé à des combats avec les Moudjahidin. Comment vais-je demander asile à un pays qui a obtenu l'accord des talibans pour organiser les rapatriements ?».
L'hiver, la sécheresse qui sévit actuellement en Afghanistan et le régime des talibans, continuent de pousser à l'exil des milliers de villageois. Dès lors, difficile de distinguer raisons politiques et raisons humanitaires. Les autorités iraniennes, elles, ont tranché.
Quand elle vivait encore à Kaboul, il y a quatre ans, Nouria était avocate. Mariée à un avocat et mère de quatre enfants, elle n'imaginait pas connaître un jour l'exil puis des conditions de vie précaires dans un pays qui lui était totalement étranger : l'Iran. «J'ai fui Kaboul en 1997, quelques mois après l'arrivée des talibans. Je me suis installée avec ma famille dans le nord du pays, à Mazar i Sharif. Quand les talibans ont attaqué la région, on s'est enfui à nouveau et réfugié au Pakistan. On est arrivé à Téhéran l'année dernière. D'autres Afghans nous avaient dit : là-bas, vous serez mieux accueillis».
Mais très vite, Nouria déchante. Installée dans un minuscule deux-pièces, dans la banlieue sud de la capitale, elle a tout juste de quoi vivre. La nuit, pendant que son mari travaille comme vigile dans un garage, elle assemble des fleurs artificielles. «Je dois souvent me lever pour aller consoler les enfants. Ils font des cauchemars sur la guerre, les bombardements. Mais le pire, c'est de ne pas savoir si on pourra rester ici. La situation est très tendue».
Longtemps libérale, la politique des autorités iraniennes à l'égard des réfugiés s'est durcie dans les années 90. Tout juste sorti de la guerre avec l'Irak, le pays prend de plein fouet la crise économique et le chômage. Les Afghans, embauchés au noir sur les chantiers de Téhéran et qui constituaient une main d'£uvre bon marché au début des années 80, deviennent «indésirables».
Un programme de «rapatriement-réintégration»
Le gouvernement organise les premières reconduites à la frontière. Elles atteignent un pic en 1999 avec plus de 100 000 Afghans rapatriés. Pour éviter que ces «déportations» massives ne deviennent monnaie courante, le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a pris les devants au début de l'année dernière. Il est parvenu à négocier avec le ministère de l'intérieur la mise en place d'un programme de «rapatriement-réintégration». Son objectif : «faciliter le retour des réfugiés qui le souhaitent mais aussi accorder l'asile politique à ceux qui risquent leur vie s'ils retournent en Afghanistan. Sur 250 000 personnes interrogées entre avril et décembre 2000, 130 000 ont accepté de retourner dans leur région d'origine et 80 000 ont obtenu un statut légitime», explique Carrol Faubert, chef de la mission du HCR en Iran.
Reste que ce programme ne résout pas la situation des clandestins. En effet, nombre de réfugiés n'ont pas été se faire enregistrer par peur de l'expulsion. Quant à Mohammad, qui partage avec cinq autres réfugiés une pièce de 20mª, juste au-dessus de chez Nouria, il s'interroge : «je suis parti il y a six mois de mon village, situé près d'Harat. Je n'arrivais plus à faire vivre ma famille. Mais, je suis aussi en Iran parce que j'ai participé à des combats avec les Moudjahidin. Comment vais-je demander asile à un pays qui a obtenu l'accord des talibans pour organiser les rapatriements ?».
L'hiver, la sécheresse qui sévit actuellement en Afghanistan et le régime des talibans, continuent de pousser à l'exil des milliers de villageois. Dès lors, difficile de distinguer raisons politiques et raisons humanitaires. Les autorités iraniennes, elles, ont tranché.
par Estelle Nouel
Article publié le 19/03/2001