L''affaire Elf
La défense invoque l'absence de preuves
Face à la sévérité du réquisitoire du procureur, et aux peines de prison ferme réclamées à l'encontre des prévenus, la défense a contre-attaqué en plaidant le «vide» du dossier et «l'absence de preuve». Jugement mis en délibéré le 30 mai 2001.
Les uns après les autres, les avocats de Loïk Le Floch-Prigent, ancien PDG d'Elf, de Roland Dumas, ex-ministre des Affaires étrangères, et de Christine Deviers-Joncour, la maîtresse de ce dernier à l'époque des faits, s'en sont pris, mercredi 21 mars, aux «faiblesses» du dossier et à la «brutalité» du réquisitoire du parquet. Au dernier jour du procès qui doit juger une énorme affaire de corruption au détriment du groupe pétrolier Elf, seuls les défenseurs d'Alfred Sirven, ancien n°2 de la compagnie et homme-clé d'une affaire aux multiples ramifications, n'ont pas plaidé. Ils iront automatiquement en appel, quel que soit le jugement rendu le 30 mai prochain.
L'avocat de Loïk Le Floch-Prigent a d'abord estimé que l'accusation avait, à l'encontre de son client, «justifié le vide par l'outrance», lorsqu'elle lui a reproché d'avoir «parasité» la compagnie pétrolière. «Tout ce qui est excessif est dérisoire, a déclaré l'avocat. Faute d'étayer un dossier par des preuves, on se livre à des approximations». Lundi, le procureur Jean-Pierre Champrenault avait requis contre l'ancien PDG la peine maximale prévue, cinq ans de prison et 2,5 millions de francs d'amende, tout comme son ex-bras droit Alfred Sirven, absent lors du réquisitoire et des plaidoiries, suite à son refus de répondre aux questions du tribunal.
«une impression de traque»
L'avocate de Christine Deviers-Joncour, quant à elle, a tenté de montrer que sa client avait, avant tout, été la victime d'un système, d'un monde où «elle ne pouvait être qu'inexorablement broyée. (à) Qui est-elle ? Elle est un joli visage, un cheval de Troie. Est-ce que si elle avait été l'égérie d'un plombier, elle aurait été embauchée par Sirven ?»
Mais c'est la défense de Roland Dumas qui est apparue la plus incisive. Elle s'est employée à «démolir pierre par pierre» le dossier pour lequel l'ancien ministre est jugé. Réclamant la relaxe pure et simple de son client, Me Jean-René Farthouat a dénoncé «les ragots, les vilenies, et les turpitudes». Il a affirmé que les réquisitions du procureur (deux ans de prison ferme) à l'encontre de l'ex-ministre «ne reposaient pas sur le plus petit commencement de preuve». Au cours d'une plaidoirie de plus de deux heures, il a également stigmatisé «une impression de traque», avant de reprocher à Jean-Pierre Champrenault, quand ce dernier à accusé Roland Dumas d'avoir «renoncé à l'éthique (à) et à l'honnêteté»: «vous avez été très professeur de morale, M. le procureur de la République». Ett de conclure, s'adressant aux juges: «vous n'êtes pas le tribunal de la morale, vous êtes le tribunal de ce dossier».
L'avocat de Loïk Le Floch-Prigent a d'abord estimé que l'accusation avait, à l'encontre de son client, «justifié le vide par l'outrance», lorsqu'elle lui a reproché d'avoir «parasité» la compagnie pétrolière. «Tout ce qui est excessif est dérisoire, a déclaré l'avocat. Faute d'étayer un dossier par des preuves, on se livre à des approximations». Lundi, le procureur Jean-Pierre Champrenault avait requis contre l'ancien PDG la peine maximale prévue, cinq ans de prison et 2,5 millions de francs d'amende, tout comme son ex-bras droit Alfred Sirven, absent lors du réquisitoire et des plaidoiries, suite à son refus de répondre aux questions du tribunal.
«une impression de traque»
L'avocate de Christine Deviers-Joncour, quant à elle, a tenté de montrer que sa client avait, avant tout, été la victime d'un système, d'un monde où «elle ne pouvait être qu'inexorablement broyée. (à) Qui est-elle ? Elle est un joli visage, un cheval de Troie. Est-ce que si elle avait été l'égérie d'un plombier, elle aurait été embauchée par Sirven ?»
Mais c'est la défense de Roland Dumas qui est apparue la plus incisive. Elle s'est employée à «démolir pierre par pierre» le dossier pour lequel l'ancien ministre est jugé. Réclamant la relaxe pure et simple de son client, Me Jean-René Farthouat a dénoncé «les ragots, les vilenies, et les turpitudes». Il a affirmé que les réquisitions du procureur (deux ans de prison ferme) à l'encontre de l'ex-ministre «ne reposaient pas sur le plus petit commencement de preuve». Au cours d'une plaidoirie de plus de deux heures, il a également stigmatisé «une impression de traque», avant de reprocher à Jean-Pierre Champrenault, quand ce dernier à accusé Roland Dumas d'avoir «renoncé à l'éthique (à) et à l'honnêteté»: «vous avez été très professeur de morale, M. le procureur de la République». Ett de conclure, s'adressant aux juges: «vous n'êtes pas le tribunal de la morale, vous êtes le tribunal de ce dossier».
par Philippe Quillerier-Lesieur
Article publié le 22/03/2001